vendredi 19 novembre 2010 par Le Nouveau Réveil

- CONTEXTE SIMPLIFIE

Notre pays, la Côte d'Ivoire, est passé successivement de la phase d'une guerre éclaire (une durée d'environ 3 mois) à la phase d'une situation d'espoir après la longue période de crise intense (situation de mi-paix et mi-guerre). Au niveau socio-économique, la situation s'est fortement dégradée. Nombreux sont donc les Ivoiriens qui survivent difficilement en luttant contre la pauvreté avec les moyens de bord. Malgré le potentiel multisectoriel énorme de ce pays phare de l'Afrique de l'Ouest, la Côte d'Ivoire ne pourra prétendre à une reprise économique que si la paix sociale est durablement effective. Or cette paix sociale passe inéluctablement par des élections propres, transparentes et crédibles, afin de rassurer les Ivoiriens de tous bords quant au choix de leur président. Ce, à travers des élections avec le moins de contestations possibles. Cette modeste contribution vise à porter à la connaissance des uns et des autres les techniques de fraudes usuelles ou potentielles. Toute chose à même de permettre aux Ivoiriennes et Ivoiriens, avec ou sans convictions politiques, de prendre les mesures préventives utiles.



II- OBJECTIF PRINCIPAL

Contribuer à une élection présidentielle transparente et crédible, en Côte d'Ivoire.



III- RESULTATS ATTENDUS

- De nombreux ivoiriens savent reconnaître et prévenir les méthodes de manipulations et certaines fraudes avant et pendant les élections ;

- Les contestations des résultats sont minimisées et insignifiantes ;

- La crédibilité des élections est effective et la paix sociale préservée ;

- La reprise des activités socio-économiques est garantie.



IV- SUGGESTION D'UNE APPROCHE METHODOLOGIQUE ET RECOMMANDATIONS

4.1. ACTIVITES PRELIMINAIRES

Chaque candidat devra impérativement avoir, au sein de chaque bureau de vote, deux (2) représentants (1 accesseur et un suppléant) lettrés, crédibles, dûment mandatés (mandat écrit et signé du candidat) et ayant des notions pertinentes sur la procédure de vote et les méthodes de contrôle des électeurs ;

Chaque candidat devra éviter, si possible, de choisir ses représentants au sein de la localité (village, quartier,..) où se trouve le bureau de vote. Cela permet de prévenir les éventuels chantages, intimidations et menaces des concernés par certaines personnes influentes (chefferie, cadres, etc..) de ladite localité ;

Chaque fois qu'il aura un centre de vote, avec au moins deux bureaux de vote, chaque candidat devra disposer d'un superviseur (cadre, leader d'opinion,) dûment mandaté, non intimidable et maîtrisant les aspects organisationnels et juridiques de l'élection et du vote ;

Il est recommandé à chaque candidat d'avoir au moins une personne mandatée en charge du contrôle de l'environnement extérieur immédiat du bureau de vote ou du lieu de vote, dans le but de recenser tous les comportements suspects (achats de conscience, etc..) à communiquer à la Commission Electorale Indépendante avec si possible des preuves (photos, films etc.) ;

Les représentants des candidats devront au préalable, avant le jour de l'élection, bien identifier les lieux et les bureaux de vote où ils seront affectés.



4.2. TECHNIQUES USUELLES OU POTENTIELLES DE FRAUDES ET RECOMMANDATIONS

RETENTION, PERMUTATION OU DISPARITION PROVISOIRE DE PIECES (carte d'électeur, carte d'identité, etc.) DE VOTE :

Cela concerne les électeurs qui n'ont pas encore retiré leurs cartes d'électeur et d'identité. Un représentant de candidat, avec des complicités diverses, peut faire disparaître lesdites pièces des électeurs qui lui sont peu favorables, toute la durée de la période électorale afin de les empêcher de voter leur candidat favoris.

DEPLACEMENTS ET / OU PERMUTATIONS INOPINES DE LIEU OU BUREAU DE VOTE :

Cette technique consiste à déplacer, au dernier moment, un lieu de vote (avec des prétextes divers : le 1er lieu n'est pas accessible ou optimal) où à ne pas envoyer l'urne numérotée au bon endroit. Connaissant les comportements socioculturels de certaines populations (elles veulent vite voter et aller vaquer à d'autres occupations, etc..), cette technique permet de décourager certains électeurs, las de rechercher le bon lieu de vote où la bonne urne.

OUVERTURE TARDIVE ET / OU FERMETURE PRECOCE DES BUREAUX DE VOTE :

Compte tenu de l'accès difficile de certains lieux de vote, des urnes peuvent y être transportées avec un engin à deux roues (vélo, mobylette, etc...) ou sur la tête d'un individu. La technique consiste, lorsque la zone ne vous est pas favorable à corrompre le ou les convoyeurs afin que l'urne n'arrive pas à temps au lieu de vote ou que les opérations de vote s'arrêtent de manière précoce, avec la complicité du Président du bureau, sous prétexte qu'il faut assez de temps pour ramener les résultats au bureau CIE de centralisation. Ainsi, les électeurs n'ayant pas pu vite voter (urne en retard), ne voteront finalement plus à leur retour (urne déjà partie). Sachez que, compte tenu du niveau de pauvreté des populations, surtout rurales, la corruption peut s'effectuer aisément avec une somme de 1000 FCFA (1,5 euro) à 10.000 FCFA (15,2 euros) : 3

CORRUPTION DE TOUT LE BUREAU DE VOTE, Y COMPRIS LES REPRESENTANTS DES CANDIDATS :

L'utilisation de cette technique est généralement possible dans les zones où les populations sont désoeuvrées, particulièrement dans certains villages et campements. Ainsi, avec très peu d'argent (des sommes varient de 1.000 FCFA à 20.000 F CFA pour chaque membre du bureau de vote et des repas très copieux et arrosés), un candidat peut arriver à corrompre tout un bureau de vote. On assistera alors à une fraude quasi officielle et à un bourrage de l'urne. Ainsi les morts, les déplacés et les absents pourront aisément voter et le candidat se rapprochera des 100 % des taux de participation et de suffrages exprimés. Cette technique peut avoir d'autres variantes : par exemple, si le Président et les membres du bureau de vote sont connus dans la localité comme militants de tel parti politique, il suffira alors de corrompre les représentants du ou des candidat(s) adverse(s) et ces derniers fermeront les yeux sur toutes les anomalies constatées :

- Procès Verbal non-conforme aux bulletins dépouillés,

- vote de mercenaires transportés ou non, surtout pour combler les personnes absentes et dont les noms sont sur la liste électorale,

- suffrages exprimés se rapprochant des 100 % malgré les noms des personnes décédées et absentes (mutations, voyages, etc.) sur la liste du bureau de vote,

- quasi inexistence de bulletins nuls,

- Etc.

INSUFFISANCE VOLONTAIRE DE BULLETINS DE VOTE :

Ici, la technique consiste volontairement à demander moins de bulletins de vote et à privilégier le vote des électeurs du candidat que l'on veut favoriser.

LE BULLETIN DE VOTE DEJA REMPLI ET DISPONIBLE CHEZ UN CORRUPTEUR, HORS DU BUREAU DE VOTE (valable partout) :

Ici, le bulletin est déjà rempli d'avance pour le compte d'un candidat. Le corrupteur, qui est à l'extérieur du bureau de vote, propose avec une promesse financière le bulletin à l'électeur consentant qui le prend et le cache sur lui. L'électeur part dans le bureau de vote où il a droit à un bulletin de vote non rempli. Dans l'isoloir, l'électeur échange les bulletins de vote. Il viendra alors voter avec le bulletin déjà rempli par le corrupteur. A sa sortie du bureau de vote, l'électeur remet au corrupteur le bulletin non rempli et récupère la somme promise. Et le manège continue avec d'autres personnes. Ainsi avec un seul bulletin de vote pré rempli, l'on peut capter de nombreux électeurs pour le candidat concerné.

L'ACHAT DE CONSCIENCE PAR LA PHOTO PRISE AVEC UN CELLULAIRE :

Cette technique ressemble à la précédente. Sauf qu'ici, on n'a pas besoin d'un bulletin déjà rempli. Le corrupteur se contente d'une photo du bulletin de vote rempli, prise par l'électeur dans l'isoloir avec un téléphone portable. Le corrupteur vérifie bien que l'électeur a voté son candidat et il lui remet l'argent promis. 4

L'ABUS DE POUVOIR D'UNE HAUTE AUTORITE (ADMINISTRATIVE, POLITIQUE, ETC.) DE LA ZONE CONCERNEE :

Une autorité (Préfet, Sous-préfet, Elus,), ayant déjà un parti pris, s'impose en exigeant des méthodes de vote non-conformes au code électoral. Ainsi, si des responsables locaux des candidats et des bureaux de vote sont influençables, cette autorité oriente les opérations de vote en faveur du candidat qu'il soutient. On peut ainsi avoir des cas :

- d'empêchements et d'obstructions de vote des électeurs du candidat adverse,

- d'intimidations et de menaces diverses (représailles, etc.),

- etc.

LA CORRUPTION DE RESPONSABLES ET DE PSEUDO MILITANTS ACTIFS DE L'ADVERSAIRE :

Cette stratégie, élaborée et mise en oeuvre par l'Etat Major du candidat adverse, consiste à chercher à intoxiquer les partisans du candidat que l'on veut affaiblir. Les manipulateurs, à coup d'argent et de promesses diverses, font intervenir à leur profit des militants ou pseudo militants du candidat à affaiblir, à travers des appels et déclarations diverses. Ce, par voie de presse, par des tracts ou tout autre moyen de communication. Cette liste de techniques de fraude n'est pas exhaustive. Néanmoins, l'analyse de ces types de fraude, déjà connues ou pas, peut permettre aux différentes parties de prendre des mesures préventives pour la crédibilité des opérations de vote. Ce qui contribuera au maintien de la paix sociale, préalable à tout développement, après la proclamation des résultats finaux.

LOLO Diby Cléophas

Ingénieur industriel / Economiste rural Ancien Président de bureaux de vote Ancien superviseur

et Coordonnateur lors des élections Chevalier

dans l'ordre du mérite ivoirien

Email : lolodiby@yahoo.fr



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