vendredi 19 novembre 2010 par Le Patriote

Le molosse ne change jamais sa déhontée façon de s'asseoir. Cette citation du célèbre écrivain ivoirien, feu Ahmadou Kourouma, sied à merveille aux agissements des responsables de la Radiodiffusion Télévision Ivoirienne (RTI). Depuis la fin du premier tour de la Présidentielle du 31 octobre dernier, les médias d'Etat, la télévision première chaîne, en particulier, a renoué avec la propagande de Laurent Gbagbo, candidat du Front populaire Ivoire (FPI). Mais, le plus inquiétant, c'est la diffusion de propos et discours haineux contre le Rassemblement des Houphouétistes pour la Paix et la Démocratie (RHDP) et son candidat, Alassane Ouattara. Tout cela, sans donner la moindre occasion au RHDP de donner la moindre réponse ou explication à de graves accusations et propos haineux à son encontre. Comme on peut le constater, cette Nième caporalisation de la télévision à capitaux publics a repris de plus belle depuis que le Président du Parti Démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI), Aimé Henri Konan Bédié, arrivé en troisième position au premier tour du scrutin du 31 octobre dernier, a appelé à voter pour ADO, le candidat du RHDP en lice pour le second tour. Depuis lors, Brou Amessan et ses collaborateurs, à qui les Ivoiriens reconnaissent leur militantisme au FPI, font un battage médiatique pour saboter l'union et la cohésion retrouvées au sein des Houphouétistes.
Ne pas devenir une "télé mille collines"
Au fil des jours, ce sont des organisations et individus fantoches, se réclamant du PDCI, mais qui en réalité sont des pitres actionnés par le FPI, les dirigeants de la télévision, qui disent s'insurger contre la décision de Bédié demandant de voter pour ADO. "Des enseignants PDCI (?)" aux "militants PDCI du grand Centre (?)", en passant par "la jeunesse Baoulé(?)", tous sont bombardés devant les caméras et tiennent des propos dont la gravité menace dangereusement l'unité nationale. Le plus ahurissant est que notre télévision ne montre jamais les proches de Bédié, de Ouattara et ils sont les plus nombreux selon nos sources, qui appellent à voter pour le candidat du RHDP.
Un autre cas, qui ne manque pas de choquer la conscience, à plus d'un titre, c'est l'appel du Pr Francis Wodié, Président du Parti Ivoirien des Travailleurs (PIT). Dans le cadre du second tour de la présidentielle, Wodié appelle ses militants à donner leurs voix au Dr Alassane Dramane Ouattara. En lieu et place de cette déclaration, au journal télévisé de 20 h de vendredi dernier, la télévision a royalement ignoré l'appel du candidat du PIT pour donner la parole à la dissidence conduite par Angèle Gnonsoa. Le bon sens, l'éthique et la déontologie du journalisme auraient voulu que la parole fût également donnée aux parties prenantes tout simplement par souci d'équilibre de l'information. La moindre des choses dans ce métier. Parce que Mme Gnonsoa se range derrière Laurent Gbagbo, la télé fait une large couverture de son point de presse. Près d'une dizaine de minutes durant, elle embouche la trompette du nouveau programme de société de Laurent Gbagbo basé plus sur la catégorisation des Ivoiriens qu'il appelle à voter le candidat des Ivoiriens qu'il croit être et le candidat de l'étranger qui en réalité tient un discours rassembleur et d'espoir.
Face à toutes ces dérives, les Ivoiriens ont du mal à comprendre le mutisme criant du Conseil National de la Communication Audiovisuelle (CNCA). Et le président de cette institution, Franck Anderson Kouassi que beaucoup de nos compatriotes présentent comme un indécrottable militant du FPI, en sa qualité de premier responsable de cette structure de régulation qu'est le CNCA, devrait interpeller Brou Amessan et ses amis. Car, si la télévision ivoirienne devient source de conflits et qu'elle joue le même rôle que "la radio mille collines " dans le cadre du génocide rwandais, le Tribunal Pénal International ne ratera pas tous ceux qui auront contribué à la diffusion de propos appelant à la xénophobie et à la violence contre d'autres Ivoiriens.
Alors que la campagne n'est même pas encore ouverte, seul Laurent Gbagbo, Blé Goudé et les multiples clubs de soutien à sa candidature ont pignon sur rue sur les écrans de la télévision nationale.
Dans tous les cas, si le pouvoir se trouvait à la télé, Laurent Gbagbo serait élu au premier tour! En dépit des cas de triches et le déversement de pancartes à son effigie à tous les carrefours, il n'aurait pas récolté que 38, 04 % contre plus de 60 % de suffrages ivoiriens qui attendent de lui dire au revoir le 28 novembre prochain.
Jean- Antoine Doudou

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