samedi 20 novembre 2010 par Le Patriote

C'est inédit. Dans les localités de Daloa et Issia, le second tour de la présidentielle prévu pour le 28 novembre prochain a pris des tournures que les populations s'expliquent difficilement. C'est que ces deux personnalités qui étaient censés être à équidistance des chapelles politiques, ont enfilé leur toge de militants du parti au pouvoir. En effet, le préfet de Région, préfet du département de Daloa, Dacoury Lohouré Dabé, a été pris à plusieurs ?'en flagrant délit de campagne'' pour le candidat de la Refondation, Laurent Gbagbo. Selon des informations recueillies sur place, ce dernier ne rate aucune occasion pour demander clairement aux populations de voter pour Gbagbo. Et il n'a pas attendu le second tour de l'élection présidentielle pour se parer aux couleurs de supporter du candidat du clan présidentiel. Déjà, avant même l'ouverture de la campagne du premier tour de l'élection, l'administrateur avait annoncé les couleurs. Il a multiplié les actes, et déclarations et propos qui n'ont rien à envier à ceux d'un directeur de campagne. En effet, à l'occasion de la fête organisée au quartier Lobia pour célébrer la victoire ( ?) de Sery Kossougro à la Mairie de Daloa, le préfet s'était déjà bien fait distinguer. A cette fête, tous ceux qui en doutaient encore ont compris une fois pour toutes que Dacoury Lohouré Dabé avait franchi le rubicond. Invité à rehausser de sa présence la cérémonie, celui-ci aurait, aux dires de plusieurs témoins que nous avons rencontrés et interrogés, fait savoir que c'est Gbagbo qui l'a fait. Et que lui à son tour, il a fait le Maire Kossougro. En l'aidant à briguer le poste non moins convoité de premier magistrat de la cité des Antilopes. A cette occasion, nos sources ont affirmé que le préfet ne s'est pas gêné pour préciser qu'il est en mission pour Gbagbo. Mais l'acte qui a convaincu plus d'un sur le militant à visage découvert de ce préfet, c'est la cérémonie officielle de lancement de l'opération de retrait des nouvelles cartes d'identité et des cartes d'électeurs. Il a clairement encouragé ceux qui le voulaient, de dénoncer ceux qui à leurs yeux ne méritaient pas d'être titulaires des nouvelles cartes d'identité. Selon lui, il y a des personnes qui ne sont pas de nationalité ivoirienne mais qui ont eu lesdites cartes. Ces personnes doivent renoncer à se présenter au retrait des cartes au risque de se voir dénoncé, avait-il dit en substance. Les choses en étaient là lorsqu'il y a eu les attaques contre les planteurs baoulé.

Préfets et sous-préfets
militants?
Selon des sources bien renseignées, le dimanche 6 novembre dernier, un véhicule de type 4X4 qui appartiendrait au préfet, s'est immobilisé au quartier Baoulé de Daloa. Avec à son bord, des éléments de la Police. Ceux-ci ont pris manu militari le chef de la communauté Baoulé de la ville pour une destination inconnue mais dont certains n'hésitent pas à soutenir qu'il s'agit de la résidence du préfet. Enlevé aux environs de 20 heures, c'est finalement au petit matin, plus précisément vers 2 heures du matin selon nos sources que le chef a été libéré. Mais auparavant, il lui a été fait injonction, par le préfet, nous a-t-on fait savoir de faire un démenti formel sur les attaques subies par les membres de sa communauté. Naturellement, chose que le chef a fait en direct, sous la contrainte sur les antennes de la Radio locale, dénommé Radio Tchrato, le lundi. L'après midi, quelle ne fut pas la surprise du chef de savoir qu'il a la visite de tous les chefs de la communauté Bété, avec à leur tête, le chef central de Daloa, Nahounou Sémian Gabriel. Le messager dont ils sont ^porteurs est très simple. Demander au chef des Baoulé de Daloa de convaincre ?'ses sujets'' de voter pour le candidat Gbagbo. Pourquoi le ferait-il? Voici les arguments développés par ses pairs. Selon en effet une source qui a participé à cette réunion, les chefs Bété ont dit que le candidat du RHDP Alassane Dramane Ouattara serait un étranger. Et qu'une fois élu, tous les quartiers de Daloa vont disparaitre et il ne restera que des ?'Dioulabougou''. Même le quartier Bété Gbeuleville disparaitrait aussi. Sue ce, ils ont pris congé de leur hôte en promettant de revenir pour faire avec lui, le tour des villages de la région pour qu'il appelle les Baoulé à voter Laurent Gbagbo. Aussitôt après leur départ, le préfet rentre à nouveau en scène. Nos informateurs affirment que le mardi 9 novembre, il s'est rendu lui-même chez le chef des Baoulé à qui il aurait remis la somme de 500 mille francs ; et des bouteilles de liqueur. En retour, il aurait demandé au premier responsable de la communauté Baoulé de l'accompagner dans les campements où vivent ses autres frères pour sceller la paix. Mais le préfet n'est pas seul dans la débauche d'énergie pour le candidat du FPI. Il serait aidé dans sa tâche par le préfet de la ville voisine d'Issia. Assouanga Goli, puisque c'est de lui qu'il s'agit lui, fait jouer la fibre ethnique. D'ethnie Baoulé, ce dernier fait le tour des campements où vivent ?'ses frères'' pour les exhorter de porter leur choix sur le candidat Gbagbo. C'est d'ailleurs au lors de l'une des ces nombreuses tournées dans un campement qu'il a été filmé par un des villageois. Sur l'élément filmé que nous avons pu visionner, le préfet s'exprime en Baoulé. Et selon la traduction qui nous a été faite, il s'adressait aux populations à qui il demandait clairement de voter pour Gbagbo. Cet élément filmé a atterri entre les mains du Délégué départemental du PDCI Nahounou Bobouho. Ahuri et scandalisé par l'attitude plus que partisane du préfet, il a émis une vive protestation a promis de le traiter désormais comme un adversaire politique. Et lorsqu'on demande à Assouanga Goli les raisons de ses agissements, sa réponse se passe de commentaires. Selon lui, il fait campagne pour Gbagbo dans l'intérêt des Baoulé eux-mêmes. Pour que nos parents vivent et continuent de travailler dans la forêt, ils doivent élire Gbagbo, répond-il à qui veut l'entendre. Par ailleurs, comme s'ils s'étaient passés le message, ils sont suivis dans leur engagement et militantisme par le sous-préfet central de Daloa, Ouassoulou Gnékpa. Un quatuor qui devrait en principe resté à équidistance des formations politiques mais qui a décidé de sauter pieds et mains liés dans l'arène politique pour soutenir un candidat. Le préfet et lesous-préfet central de Daloa, le préfet d'Issia et le chef central de Daloa ont donc pris fait et cause pour le candidat Gbagbo au grand dame des populations

La campagne vire
au tribalisme
Pendant ce temps, le venin du tribalisme continue de monter. Pas plus tard qu'hier lundi, le ministre de la Défense, Michel Amani N'Guessan est venu chercher tout ce que la ville d'Issa compte de chefs de la communauté Baoulé. Direction? Gabia, le village natal du ministre de l'Intérieur, Désiré Tagro Assegnini. Au cours de cette rencontre qui s'est déroulée dans la luxueuse résidence du ministre Tagro, que de vilaines choses et de mensonges dites à l'endroit du candidat du RHDP. Le duo Amani-Tagro a parlé. Le premier s'est exprimé en langue. Il a attiré l'attention des chefs Baoulé sur une éventuelle élection de Ouattara, qui, selon lui, sera synonyme de malheurs pour les Ivoiriens. Conclusion, il faut voter Gbagbo pour la survie des Baoulé dans les régions de l'ouest du pays. Le second a repris et développé les vieux et démodés clichés qu'affectionnent les sorbonnards et autres adeptes des Parlements, ces tribunes de mensonges. Tagro s'est efforcé à faire croire à ces têtes couronnées que voter ADO, c'est faire le mauvais choix. Selon une source qui a assisté activement à cette foire aux injures et à la calomnie, celui qui porte les couleurs des Houphouétistes pour le second tour de la présidentielle a été traité de tous les noms: Vous ne pouvez pas imaginer ce qui a été dit là bas aujourd'hui (NDLR avant-hier). Par éducation, je ne peux pas vous le répéter dans les mêmes termes a-t-il dit. Mais la finalité de tout cela, c'est qu'ils nous ont demandés de voter Gbagbo. Ils nous aussi demandé d'aller en mission auprès de nos parents pour leur dire cela. Naturellement, ils nous remis de l'argent.
Yves-M. ABIET (Envoyé spécial)

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