mardi 23 novembre 2010 par AFP

ABIDJAN ? Votez "contre les coups d`Etat": le président ivoirien Laurent Gbagbo est parti lundi à la conquête de la commune d`Adjamé, un quartier populaire d`Abidjan qui est l`un des bastions d`Alassane Ouattara, son rival du second tour de la présidentielle dimanche.

Malgré une pluie battante, des dizaines de milliers de ses partisans avaient pris d`assaut le terrain vague jouxtant la cité universitaire de Williamsville.

Face à ses fidèles, Gbagbo a poursuivi l`offensive qu`il mène depuis quelques jours: il accuse désormais ouvertement Ouattara, un ancien Premier ministre (1990-1993) d`être l`auteur du putsch raté de 2002 qui a abouti à la prise de contrôle du nord du pays par une rébellion.

"Ce n`est pas une élection banale pour choisir un chef de l`Etat, c`est pour mettre fin à onze ans de coups d`Etat", commence le président sortant.

"Je suis au second tour face à celui qui a fait tous les coups d`Etat en Côte d`Ivoire" depuis 1999, assène-t-il.

Arpentant la tribune micro en main, Gbagbo pilonne l`alliance entre son rival et l`ex-chef d`Etat Henri Konan Bédié (1993-1999), défait au premier tour le 31 octobre. Les deux alliés s`étaient farouchement combattus pendant de longues années, jusqu`à leur réconciliation en 2005.

"Ce sont des losers (des perdants), ce sont des éternels perdants. Mais ils ne savent pas qu`ils sont dépassés. Le 28 novembre, allons leur expliquer que leur temps est passé et dépassé!", exhorte Gbagbo sous les hourras.

Il charge Bédié: "on dirait qu`il a bu du nassidji", une potion aux vertus hallucinatoires et au nom dioula, l`ethnie de Ouattara.

S`en prenant encore aux deux hommes, il va jusqu`à dire: "c`est l`histoire de la fille violée qui tombe amoureuse de son violeur".

Mais il n`oublie pas de solliciter les militants du Parti démocratique de Côte d`Ivoire (PDCI, ex-parti unique) de Bédié.

"Allez dire à tous ceux qui sont du PDCI de venir! Nous allons construire la maison, (...) nous allons l`achever", conclut le président-candidat.

Dans ce quartier où Ouattara est arrivé largement en tête au premier tour, les jeunes militants du candidat Gbagbo repartent gonflés à bloc.

"Il ne cherche pas ses intérêts personnels mais celui de son pays", affirme Laëtitia, trempée dans un T-shirt à l`effigie de son mentor.

"Grâce à Gbagbo nous pouvons nous prendre en charge et assumer notre indépendance", soutient Sandra.

A la fin du meeting, il y a de l`électricité dans l`air. Aux sympathisants qui s`éloignent aux cris de "Gbagbo président!", des partisans d`Alassane Dramane Ouattara ("ADO") répondent en reprenant le slogan: "ADO solutions! ADO solutions!".

De Christophe KOFFI

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