mardi 7 décembre 2010 par Le Patriote

Le président français François Mitterrand disait : La politique est comme un train qui rentre en gare. Chacun doit embarquer dans un wagon au risque de rester sur le quai . Aujourd'hui, cette citation est plus que d'actualité. La Côte d'Ivoire est à un tournant décisif de son histoire.

L'élection présidentielle a donné son verdict. Le docteur Alassane Dramane Ouattara, le candidat du RHDP, a été élu par 54,10% contre 45,90% pour Laurent Gbagbo le candidat de LMP. Les résultats rendus public par la Commission électorale indépendante le jeudi dernier ne souffrent d'aucune contestation. Il est vrai que le scrutin du 28 novembre dernier a été émaillé de quelques incidents. Mais, les observateurs internationaux sont formels. Ils n'étaient pas de nature à influer les résultats.

L'opération des Nations unies en Côte d'Ivoire qui certifie le processus électoral a validé le vote du dimanche 28 novembre dernier. Yong Jin Choi, le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies, après examen de tous les procès verbaux des bureaux de vote, a déclaré vainqueur le candidat du RHDP. Le patron de l'ONUCI ne s'est appuyé sur une quelconque fiction juridique. Mais sur ce qui est sorti des urnes. Le diplomate coréen sait que la volonté du peuple est la chose la plus sacrée en démocratie. C'est pourquoi, lorsqu'il a senti les manigances du camp présidentiel visant à dévoyer l'expression populaire, il a préféré prendre les devants. Les jours qui ont suivi, ont donné raison à M. Choi. Le Conseil constitutionnel, faisant fi du choix des Ivoiriens, décide de déclarer Laurent Gbagbo président de la République en invalidant le vote de sept départements. Au motif que dans ces départements, le vote n'a pas été libre et démocratique. Curieusement, ce sont dans les régions acquises au candidat du RHDP que les résultats ont été invalidés. Pourtant, dans les zones forestières favorables à Laurent Gbagbo et même dans certaines zones du sud, tout le monde sait que les militants de l'opposition ont été empêchés de voter. Certains ont subi des violences. D'autres ont été tués, parce qu'ils voulaient exercer leur droit de vote. Par cette décision qui pue à mille lieues l'injustice, le conseil constitutionnel a fini par se discréditer. Paul Yao N'Dré a raté une belle occasion d'entrer dans l'Histoire. Le président de la Commission électorale indépendante, Youssouf Bakayoko, en proclamant de façon courageuse, malgré les pressions et menaces du camp Gbagbo a pris son ticket pour le train de l'Histoire. Le Premier ministre Guillaume Soro, chef du gouvernement de Laurent Gbagbo, n'a pas raté le rendez-vous de l'Histoire.

Entre suivre la légitimité et l'illégalité, il a préféré la première option. Aujourd'hui, encore, il n'est pas trop tard. L'Histoire est toujours prête à accueillir à bras ouverts tous ceux qu'ils le veulent. Il leur suffit d'être lucides et courageux. Du côté de l'armée, le général Philipe Mangou et ses camarades peuvent encore se ressaisir en, comme le veut le code de conduite de la Grande muette, suivant la République et non un individu. La légitimité d'un dirigeant s'acquiert dans les urnes. Or Laurent Gbagbo a perdu dans les urnes. Il ne bénéficie par conséquent d'aucune légitimité pour prétendre parler au nom du peuple. A plus fort raison défendre la souveraineté de la Côte d'Ivoire. Car le peuple qui est le seul détenteur de cette souveraineté lui a retiré depuis le 28 novembre dernier son mandat. Ce message est également valable pour tous ceux qui se bercent encore d'illusions. Ils ont aujourd'hui le choix entre entrer dans l'Histoire par la grande porte ou y entrer à reculons. C'est à eux de voir.

Jean-Claude Coulibaly

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023