mardi 7 décembre 2010 par Nord-Sud

La Côte d'Ivoire vit, depuis le week-end dernier, un bicéphalisme à la tête de l'Etat. Avec d'un côté Alassane Ouattara dont la victoire à la présidentielle est reconnue par tous et la communauté internationale et de l'autre, Laurent Gbagbo, président sortant. Les deux hommes ont prêté serment et nommé un Premier ministre chacun.

Une course singulière va désormais s'engager entre les deux camps pour le contrôle total du pays. Certes, au plan militaire, Laurent Gbagbo continue à avoir la main, soutenu par une bonne partie de la hiérarchie militaire. Mais, force est de reconnaître que le président élu semble avoir une légère avance sur son concurrent. En reconduisant Guillaume Soro à la primature, Alassane Ouattara s'assure du soutien total des Forces nouvelles qui détiennent encore la moitié nord du pays.

Le soutien inconditionnel de la communauté internationale donne aussi un avantage non négligeable à la paire Ouattara-Soro qui a désormais la signature au nom de la Côte d'Ivoire. Pour Gbagbo, la bataille diplomatique a été perdue avant d'avoir commencé.

Dans cette logique, c'est l'hôtel du Golf (siège provisoire du nouveau pouvoir) qui désignera désormais les représentants du pays à l'extérieur et au sein des institutions internationales. Un mouvement d'ambassadeurs n'est pas à écarter, avec en priorité l'ambassadeur auprès des Nations Unies. Sur ce point, il faut noter que l'actuel ambassadeur, Alcide Djédjé, a eu des mots très durs à l'encontre du représentant spécial du Secrétaire général de l'Onu, Y-J Choi, menacé d'expulsion. Il n'y a donc pas de doute que l'hôtel du Golf deviendra la voix officielle de la Côte d'Ivoire, particulièrement à l'Onu. Au plan financier, les inquiétudes de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement (Bad) doivent être prises au sérieux. Le Fonds monétaire international (Fmi) avait déjà indiqué, par la voie de son président, le socialiste français Dominique Strauss-Kahn, qu'il ne travaillerait plus avec le palais du Plateau (siège de la présidence). Cet isolement financier de Gbagbo devrait s'accentuer les jours à venir, les interlocuteurs de la Côte d'Ivoire préférant prendre langue avec le gouvernement de Ouattara. Cela pourrait être le cas pour la Bceao et les institutions sous-régionales. Si Gbagbo perd la Bceao, il y va de la survie financière de son régime. Car, il manquera de liquidités pour son fonctionnement quotidien.
Une vraie course diplomatique et financière est donc engagée. Et, pour garder toutes ses chances, chaque camp devrait s'efforcer de ne pas tomber, pour le moment, dans une violence qui le décrédibiliserait.

Kesy B. Jacob

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