mardi 7 décembre 2010 par L'Inter

Tous les ingrédients sont désormais réunis pour un retour à la case départ dans la résolution de la crise ivoirienne. Positions tranchées, discours musclés, reprise des activités des mouvements de soutien, médiation, déclarations de la communauté internationale, les signes parlent d`eux-mêmes, et le schéma d`un retour, huit ans en arrière, se dessine à petits pas. Tout semble en effet dire que l`accord politique de Ouagadougou, qui avait pourtant suscité tous les espoirs pour un retour à la paix en Côte d' Ivoire, n`aura été que le fruit d`une vaine discussion et une perte de temps. Les efforts déployés, les sacrifices consentis et leurs acquis, sont en train de fondre comme du beurre au soleil dans le bras de fer que se livrent M. Gbagbo et M. Ouattara, depuis l`annonce des résultats du second tour de l`élection présidentielle. Les deux leaders se réclament en effet vainqueur du scrutin, et affichent de part et d`autre une détermination sans pareille, à demeurer dans cette posture. Aucune des deux personnalités n`entend lâcher du lest. A preuve, les Ivoiriens ont eu droit à deux résultats avec deux présidents, l`un retranché à l`hôtel Golf de Cocody Riviera, et l`autre assis au palais du Plateau. Il y a eu aussi deux prestations de serment, la nomination de Premier ministre de chaque côté et donc de deux gouvernements, et il ne faudrait pas s`étonner d`avoir bientôt deux armées qui se regardent en chiens de faïence. Exactement comme au début de la crise. Autre fait remarquable, qui rappelle la période de 2002, c`est le repli sur soi dans les deux camps. En tout cas, au niveau militaire, l`embryon de l`armée nouvelle réunifiée de la Côte d`Ivoire, la force mixte chargée de la sécurisation des élections, à savoir le Centre de Commandement Intégré (CCI), n`existe plus que de nom. Les Forces de défense et de sécurité qui avaient été déployées dans les zones centre, nord et ouest, ont été rappelés par leur hiérarchie, le lendemain des élections. Idem pour les Forces armées des Forces nouvelles (Fafn), dont les hommes, déployés dans les zones sud, ont également été priés de regagner leur base. D`autres sources militaires indiquent que les forces ex-belligérantes ont commencé à reprendre les positions qu`elles avaient sur les lignes de front, avant l`avènement de l`accord politique de Ouagadougou. Les discours ont changé, les positions aussi. Le Premier ministre Guillaume Soro, chef de l`ex-rébellion, a repris sa lutte là où il l`avait suspendue. Il veut désormais le départ de Laurent Gbagbo du pouvoir, après l`avoir fait accepter de ses camarades de lutte au nord. Le président Gbagbo, accompagné de l`ex-chef rebelle, avait parcouru la quasi-totalité des régions du nord. Il n`est pas sûr qu`aujourd`hui, le père de la refondation bénéficie du même accueil dans le Soroland que ce fut le cas pendant les visites d`Etat. Le Premier ministre Guillaume Soro qui en retour avait pu compter sur l`estime, sinon une trêve dans son conflit avec le pouvoir Gbagbo, sait désormais que son ralliement à Alassane Ouattara, remet tout en cause. Cette situation ne manquera pas d`exacerber les positions au niveau des militants des deux camps, et de réveiller les vieux démons. Les discours haineux, les manifestations de protestations qui ont longtemps entretenu cette guerre, pourraient reprendre, faisant ainsi voler en éclats, si ce n`est déjà fait, les amitiés créées ou recollées à la faveur de l`accord de Ouagadougou et du partage du pouvoir. Des couleuvres ont été avalées, au nom de la paix, mais elles ne semblent pas mortes. Et depuis le vendredi 03 décembre dernier, date de la proclamation, par le Conseil constitutionnel, des résultats définitifs du second tour de l`élection présidentielle ivoirienne, donnant le candidat Laurent Gbagbo vainqueur, la Côte d`Ivoire semble sur le chemin du retour à la case départ.

Hamadou ZIAO

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