lundi 20 décembre 2010 par Rue89

Depuis quelques jours, la couverture des médias est unanime : Alassane Dramane Ouattara a gagné l'élection présidentielle en Cote d'Ivoire et Laurent Gbagbo tente de se maintenir au pouvoir contre le résultat des urnes.

Cette lecture des évènements nie la complexité et la spécificité de ce scrutin, le réduisant à une énième forfaiture d'un président-dictateur africain et renforçant l'image d'une Afrique composée de Républiques bananières décidément bien mal parties.

En prenant position de manière si nette et si partiale, l'ONU, l'Europe et la France en particulier, trop contente de donner des leçons à un Président qui s'était opposé à elle, ne font qu'attiser les ranc?urs et les haines, et n'aide pas à une solution pacifique.

Ouattara connaissait les règles
Mettons les choses au clair tout de suite : tout le monde a conscience qu'Alassane Ouattara aurait dû gagner ces élections. Mais est-ce à l'ancienne puissance colonisatrice de proclamer les résultats ?

On reproche souvent aux dirigeants africains de ne pas respecter le droit, les constitutions et aujourd'hui on exige de la Côte d'Ivoire de proclamer son Président en dehors de tout cadre légal ? Une élection est une procédure juridique, pas une acclamation populaire.

Car la légalité est incontestablement du côté de Gbagbo. Ouattara connaissait les règles et les avait acceptées. Les médias français ne cessent de répéter que le Conseil constitutionnel est pro-Gbagbo, et ses décisions seraient en conséquent non-valides. CQFD.

Pourtant, le caractère partisan du Conseil constitutionnel français, que personne ne nie, n'autorise pas les médias français et encore moins les médias étrangers à rejeter ses décisions.

Le Conseil constitutionnel ivoirien est une institution souveraine. Passer outre représente un vrai danger pour la démocratie. Comme le disait Barack Obama a Accra, l'Afrique n'a pas besoin d'hommes forts, mais d'institutions solides.

Les membres du Conseil constitutionnel ne sont pas tous des chefs de tribu clientélistes mais bien des magistrats compétents qui jugent en droit, avec la marge d'interprétation que leur autorise leur prérogative, exactement comme cela se passe en France.

Une CEI intègre, un Conseil constitutionnel partisan
Une vision binaire oppose une CEI -Commission électorale indépendante- intègre et un Conseil constitutionnel partisan. Mais quel média français, en dehors de RFI, a relayé que la CEI, est au deux tiers composée de partisans de Ouattarra ? Qui a informé que Youssouf Bakayoko, président de cette même CEI, est pro-Ouattara autant que Paul Yao N'Dré, le président du Conseil constitutionnel, est pro-Gbagbo ?
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