mercredi 22 décembre 2010 par Le Nouveau Réveil

Du 16 au 18 décembre dernier, 7 journaux privés, proches de l'opposition ou supposés tels, ont été interdits de parution en Côte d'Ivoire. Pendant 72h, aucune autorité du gouvernement de Gbagbo n'a voulu assumer cet acte et la responsabilité de cet acte de voyousie est retombée sur la Garde républicaine qui n'est pas moins condamnable pour autant. Le Cnp, l'organe de régulation de la presse écrite, dans un communiqué responsable, avait dénoncé l'illégalité de cette décision d'interdiction prise par des gens qui n'ont pourtant que le respect de la légalité à la bouche depuis le début de la crise.

Depuis le lundi 20 décembre, les 7 journaux en question sont de nouveau dans les kiosques, à la grande joie de millions de lecteurs ainsi privés d'informations crédibles, en dehors de celles de la télévision de grande propagande qu'est la Rti 1ère chaîne. On croyait l'incident clos, même si Ouattara Gnonzié, le ministre de la Communication du gouvernement non reconnu de Gbagbo, avait proféré des menaces à peine voilées sur la radio anglaise Bbc, le lundi matin. Eh bien non ! Laurent Gbagbo et son camp continuent à croire que tant que les Ivoiriens pourront s'informer en lisant les journaux proches du Rhdp, le travail de propagande la Rti sera voué à l'échec, par ce qu'un Ivoirien qui a lu "Le Nouveau Réveil" ou "Le Patriote", etc. ne perdra pas son temps pour regarder le journal télévisé de Brou Amessan (véritable catalogue de mensonges) ou écouter le monologue émétique de Dedy Séry, qui depuis 10 ans, répète la même chose et qui n'a pas hésité il y a peu, à affirmer, en faisant preuve d'une éclatante mauvaise foi, que c'est la France qui a tué Mme Sarata Ottro Zirignon, l'ex-directrice de cabinet adjointe de Gbagbo, décédée en France. Ainsi, selon une source très introduite, Ouattara Gnonzié et le procureur de la République, Tchimou Raymond, auraient eu, à ce sujet, une séance de travail dans la journée du lundi 20 décembre. Sur le bloc-notes du ministre, ce thème : comment contourner la loi sur la presse pour interdire de parution, les 7 journaux en question ? Toujours selon notre source, les deux hommes auraient passé au peigne fin les différents articles de cette loi dans le but de trouver quelques exceptions, mais il n'y en avait pas. En définitive, le ministre aurait demandé au procureur de trouver un prétexte, de l'habiller juridiquement afin de lui permettre de prendre un arrêté d'interdiction de ces journaux qui empêchent Gbagbo de contrôler l'esprit des Ivoiriens, grâce à la Rti. Il faut donc s'attendre dans les jours qui viennent, à un nouveau coup d'éclat de Ouattara Gnonzié qui ne se sentira vraiment dans son costume de ministre de la Communication que quand il aura réussi à satisfaire Gbagbo par la suspension des journaux en question. C'est peut-être le lieu de rappeler à M. Ouattara Gnonzié que le droit pour les citoyens à une information plurielle est garanti par la Constitution. C'est pour cette raison qu'il existe une loi sur la presse qui limite en quelque sorte les atteintes des petits dictateurs contre l'exercice du métier de journalisme. En Côte d'Ivoire, l'article 72 de la loi sur la presse est très clair. " Les exemplaires d'un journal ou d'un écrit périodique peuvent faire l'objet d'une saisie par voie judiciaire, dans les cas suivants :

1-Offense ou outrage au président de la République,
2-Outrage au Premier ministre et aux présidents des Institutions.
3-Offense aux chefs d'Etat et de Gouvernements étrangers.
4-Incitation au vol et au pillage
5-Incitation à la xénophobie, à la haine tribale, religieuse
6-Apologie des crimes de guerre
7-Incitation des militaires à la rébellion
8-Attentats et atteintes à l'intégrité du territoire.
9-outrage aux bonnes m?urs.

En clair, c'est lorsqu'un journal a commis l'une de ces fautes ci-dessus énumérées qu'il peut faire l'objet, non pas d'une interdiction de parution, mais d'une saisie portant sur les exemplaires d'une édition précise. Et ce n'est pas le ministre de la Communication qui prend cette décision. C'est une décision prise par voie judiciaire après une saisine. M. Ouattara Gnonzié gagnerait donc à tenir compte du contexte actuel qui est celui du pays et à tempérer ses ardeurs. Car une décision illégale prise contre les journaux de l'opposition pourrait entraîner des représailles en chaîne contre d'autres journaux à travers le pays. En raison justement de la crise actuelle. M. Gnonzié ne devrait pas l'oublier et faire comme si nous étions dans une situation normale.

Daniel Sovy


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