Mercredi 22 Décembre 2010 par Le Patriote

C'est un écrivain irlandais qui le disait : le sacrifice de nous-mêmes nous permet de sacrifier les autres sans honte . Ceux qui observent bien les derniers développements de l'actualité politique en Côte d'Ivoire l'auront aisément décrypté dans le comportement actuel de Laurent Gbagbo. Tous les actes que l'ex-chef d'Etat ivoirien pose depuis son revers électoral face à Alassane Ouattara, ressemblent bien à des actes d'auto-flagellation, d'auto-immolation. On a le sentiment que l'homme avance tout droit, sans se retourner, vers un grand brasier dans lequel il compte se jeter. Il veut se sacrifier comme un mouton (de sacrifice) que le président autoproclamé ne s'y prendrait pas autrement.

Voici donc un homme qui a perdu une élection (présidentielle) dans les conditions irréfutables que l'on sait. Alors que le monde entier attend du démocrate qu'il se réclame, l'attitude digne du vaincu congratulant le vainqueur, Gbagbo se rebelle. Il ne veut pas céder le fauteuil à son adversaire. Mieux, il court rapidement au Palais, s'y installe, forme un gouvernement et se comporte exactement comme le Président de la république qu'il n'est plus. Mais pis, les 54% de ses compatriotes qui l'ont rejeté dans les urnes, deviennent dès lors des cibles à abattre. Il donne l'ordre à des hommes en armes qui lui sont restés fidèles ainsi qu'à des sacripants recrutés dans certains pays, de s'en prendre à eux. Et chaque jour (et nuit, surtout) que Dieu fait, des Ivoiriens sont terrorisés, certains carrément massacrés. Pour rester le seul maître-tueur d'un pays qu'il a pris en otage, le président déchu réduit au silence tous les médias ? notamment étrangers ? autres que la Rti aux ordres. Il tente de fermer les journaux qui refusent de tordre le cou à la réalité institutionnelle du moment. Dans une sorte de folie furieuse, le vaincu de la présidentielle agit exactement comme un dictateur, un tyran, qui martyrise son peuple, lui enlève tout goût à la vie, lui obstrue tout espoir au bien-être auquel il est en droit de s'attendre. Il devient féroce et frappe dans tous les sens, en plein dans le mile de son peuple, qui pleure toutes les larmes de son corps.

L'opinion internationale ne comprend pas une telle attitude, quasi démentielle, chez un homme qu'elle croyait encore en possession de ses aptitudes à réfléchir, de façon positive, sur le devenir de ses concitoyens.

La voilà donc qui réagit et, de façon unanime, condamne le mauvais perdant et s'insurge contre le supplice qu'il fait subir à ses compatriotes. L'Onu, la CDEAO, L'UA, l'UE, le France, Les Etats-Unis, le monde entier pour ainsi dire le cloue au pilori, dans une sorte de menace planétaire qui résume à ceci :

vous avez perdu les élections, allez-vous en, dans l'honneur et la dignité du démocrate que vous êtes censé être. Si vous vous entêtez, vous aurez le monde entier contre vous . Pour lui donner un avant-goût de cette menace, des sanctions pleuvent sur celui qu'on surnomme désormais le Machiavel des Lagunes. Lui, le grand Gbagbo est désormais interdit de voyager et ses avoirs seront gelés.

Aucun pays au monde ne veut de lui. Ses femmes, ses amis, ses soutiens, ses affidés, 19 au total sont frappés par la mesure. Il est bien clair que toutes ces mesures seront corsées à mesure que l'homme s'évertuera à les rejeter. La solution militaire pourrait ainsi être le dernier recours pour un Gbagbo qu'un ego surdimensionné est sans doute en passe de perdre. Bien des choses portent en effet à croire que l'ancien président partira de ce pouvoir dans l'humiliation, s'il ne prend pas maintenant la décision idoine pour éviter un tel scénario.

Or c'est précisément à ce niveau que Laurent Gbagbo étonne tout le monde. Il voit bien qu'il va tout droit dans le mur, mais continue de foncer. Il voit clairement que tout se prépare autour de lui pour le dégager de ce pouvoir, mais fait semblant de ne rien voir, rien entendre.

Sur quoi (ou qui) compte-t-il donc ? Comment croit-il pouvoir résister à un rejet quasi universel de son maintien au pouvoir?

Eh bien, pour ceux qui suivent l'actualité, la réponse est claire : Laurent Gbagbo compte sur les jeunes patriotes, cette masse juvénile, instrumentalisée, dogmatisée, hypnotisée et utilisée par son régime en période de difficulté. Il veut la lancer, par l'entremise d'un Blé Goudé qui s'est déjà mis à la tâche dans ce sens avec la mobilisation depuis quelques jours des troupes chauffées à blanc dans les différents quartiers d'Abidjan. Il veut jeter ses jeunes dans les rues à l'assaut des Casques bleus de l'Onuci. Il veut, surtout que les Casques bleus, débordés, soient poussés à la faute et ripostent, créant ainsi une situation de confusion qui pourrait déboucher sur des tueries massives. Le cynisme d'une telle entreprise aura l'avantage, croit fermement Gbagbo, de retourner l'opinion en sa faveur.

Faire tuer des milliers d'Ivoiriens, des jeunes, avenir de la nation, pour sauvegarder un pouvoir perdu, il faut que Gbagbo se croit investi d'un destin divin pour se convaincre que les Ivoiriens sont prêts à un tel sacrifice, pour sa gloire personnelle, à lui Gbagbo. Comment croire à une telle hérésie pour un homme qui vient d' offrir dix ans années de cauchemar à ses compatriotes, dont la majorité est issue de cette tranche d'âge ? Une décennie qui a inauguré l'ère des charniers, des Escadrons de la mort, des tueries massives lors des manifestations de rues, des scandales financiers, des détournements de milliards, des spoliations éhontées des masses laborieuses au profit d'une coterie, des usines fictives, des déchets toxiques, etc.

Laurent Gbagbo, à la vérité, n'a jamais gouverné que contre son peuple. Un tel personnage mérite-t-il aujourd'hui, alors qu'il n'a pas été élu par la majorité des Ivoiriens, que les jeunes qui s'apprêtent à investir les rues, donnent leur vie ?

EDGAR KOUASSI

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