Mercredi 22 Décembre 2010 par AFP

La France a recommandé mercredi à ses
ressortissants de quitter provisoirement la Côte d'Ivoire après le discours de
Laurent Gbagbo qui mardi soir s'est réaffirmé président malgré la
reconnaissance d'Alassane Ouattara par la communauté internationale.
Parallèlement aux pressions purement politiques sur le président sortant,
le président de la Banque Mondiale (BM), l'américain Robert Zoellick a annoncé
depuis Paris que son institution gelait les financements de la Côte d'Ivoire,
à l'issue d'un entretien avec le président français Nicolas Sarkozy.
Ancienne puissance coloniale, la France a recommandé à "tous les Français
qui le peuvent de quitter provisoirement la Côte d'Ivoire", invoquant une
"mesure de précaution" et de "prudence", même si "les ressortissants
étrangers" ne sont "pas menacés jusqu'à présent", selon le porte-parole du
gouvernement François Baroin.
Ce dernier s'est exprimé après une réunion sur la situation ivoirienne
autour du président Sarkozy, du Premier ministre François Fillon et des
ministres Michèle Alliot-Marie (Affaires étrangères), Alain Juppé (Défense)
ainsi que le chef d'état-major des armées, l'amiral Edouard Guillaud.
Le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Bernard
Valero, a estimé le nombre de Français en Côte d'Ivoire "à 14.000, dont la
moitié ont la double nationalité".
L'Allemagne a également recommandé aux quelque 80 ressortissants toujours
sur place de quitter le pays ouest-africain, estimant qu'une "détérioration de
la sécurité, ainsi que de nouveaux affrontements et des explosions de violence
sont prévisibles"..
Ces recommandations de Paris et Berlin surviennent au lendemain d'un
discours à la nation de Laurent Gbagbo qui n'a laissé planer aucun doute: "je
suis le président de la République".
Il a toutefois proposé un "comité d'évaluation" en vue d'un "réglement
pacifique" de la crise, qui devrait "analyser objectivement les faits et le
processus électoral". Ce comité serait dirigé par un Africain et comprendrait
des représentants de la communauté internationale, y compris l'UE et les
Etats-Unis qui lui ont imposé des sanctions ciblées ainsi qu'à son entourage.
L'UE a de son côté entériné les sanctions contre M. Gbagbo et 18 membres de
son entourage et envisage d'élargir prochainement la liste.
Le camp Ouattara a rejeté les propositions de Gbagbo, l'accusant de "ruser
avec le monde" et de le "défier".
L'impasse restait donc totale, mais les habitants de la capitale économique
Abidjan semblaient vouloir l'ignorer à l'approche de Noël et n'avaient pas
répondu mercredi à l'appel à la "désobéissance" au gouvernement Gbagbo lancé
la veille par le camp Ouattara.
Après bientôt un mois d'une crise qui a fait ces derniers jours au moins 50
morts selon l'ONU, des embouteillages monstres asphyxiaient Abidjan. Les rues
grouillaient de monde, et de jeunes marchands ambulants vendaient des bonnets
de Père Noël.
En signe de détente avant les fêtes, l'armée loyale à Gbagbo avait levé
mardi soir le couvre-feu en vigueur depuis la veille de la présidentielle
controversée du 28 novembre.
Si Gbagbo a bien "tendu la main" à son rival, il le considère toujours
comme son opposant, rien de plus. Il l'a exhorté, lui et son Premier ministre
Guillaume Soro, chef de l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) qui tient le
nord depuis 2002, à quitter le Golf Hôtel d'Abidjan qui leur sert de quartier
général et à "regagner leurs domiciles".
L'hôtel, protégé par les ex-rebelles et les Casques bleus de la mission de
l'ONU en Côte d'Ivoire (Onuci), est soumis à un blocus des forces fidèles à
Gbagbo depuis plusieurs jours. Les barrages n'étaient pas levés mercredi.
Pour le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, "cette entrave au
ravitaillement de la mission et du Golf Hôtel va placer nos Casques Bleus dans
une situation critique dans les jours à venir".
Laurent Gbagbo a redit que, par la "voie diplomatique", il comptait obtenir
le départ de l'Onuci et des soldats français de l'opération Licorne, qu'il
accuse d'avoir pris partie pour Ouattara et de soutenir militairement les FN.

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