mercredi 22 dcembre 2010 par Nord-Sud

Le chef de l`Etat sortant tente de s`imposer comme il l`avait réussi en 2000. Cette fois, il semble s`être engagé dans un cul-de-sac.
Après avoir ravi le fauteuil présidentiel à Robert Guéi en octobre 2000, Laurent Gbagbo se retrouve, 10 ans après, comme par miracle, dans un autre engrenage sanglant. La victoire d`Alassane Ouattara, le 28 novembre dernier, l`a obligé à mettre à contribution un Conseil constitutionnel aux ordres, pour espérer garder le poste. Face à la contestation populaire, il oppose une répression sanglante dont la cruauté est l`apanage des partis minoritaires qui veulent confisquer le pouvoir. Les morts s`entassent dans la rue et dans les morgues, les escadrons de la mort sévissent dans plusieurs quartiers, la presse libre est bâillonnée, etc. Le pays est pris en otage. Cette chape de plomb avait permis à Laurent Gbagbo de s`installer en 2000. Mais, malgré les quelques ressemblances ici et là, la situation en 2010 est différente de celle d`il y a dix ans. Contrairement à ce qu`il tente de faire croire, Laurent Gbagbo n`a plus son destin entre ses mains. Jamais, régime africain n`aura concentré autant de désapprobations internationales contre lui. Aucune voix discordante. Dès le départ, la Chine et la Russie, deux membres du Conseil de sécurité de l`Onu qui offrent généralement refuge aux régimes en rupture avec l`Occident, lui ont fermé leurs portes. En 2000, mis à part quelques demandes de reprise du scrutin, la communauté internationale avait fini par refermer les yeux sur ce qui s`était passé. Il est vrai que les amis socialistes étaient aux affaires en France. Cette fois, avec les sanctions internationales qui pleuvent de partout, Laurent Gbagbo boira le calice de l`isolement jusqu`à la lie. La stratégie de l`encerclement, comme cela est très souvent le cas, débouchera sur une action plus musclée à terme. L`on se rappelle qu`après le coup d`Etat de Johnny Paul Koroma le 25 mai 1997, en Sierra Leone, la Cedeao a donné mandat à sa force d`interposition, l`Ecomog, pour réinstaller le président élu, Ahmad Tejan Kabbah. Ce qui est fait le 10 mars 1998, après que la junte et son allié, le Ruf, ont été chassés le 12 février. Pour ce qui est de la Côte d`Ivoire, Gbagbo ne laisse pas d`autre choix à la communauté internationale dont la volonté de le voir céder sa place à Alassane Ouattara n`est plus à démontrer. Pis, il ne peut plus proposer de solution sous-régionale, après le pied de nez à Blaise Compaoré, le facilitateur du dialogue direct inter-ivoirien. L`axe Ouagadougou-Abuja constitue désormais le socle des actions de la Cedeao. Une catastrophe pour M. Gbagbo qui n`a jusque-là reçu aucun message de soutien de ses voisins. Il reste au président proclamé par le Conseil constitutionnel de jouer la carte interne. Il est vrai qu`il s`était lancé très tôt dans une stratégie de légitimation en recevant au palais des populations, puis, en formant rapidement un gouvernement, censé remettre le pays au travail. Mais, la stratégie du fait accompli a foiré. D`autres populations sont annoncées au palais pour servir le même couplet. Le gouvernement Aké N`Gbo s`est installé presque dans la clandestinité et a tout de suite été pris dans la nasse de l`isolement financier. Il en est réduit à gérer la situation de crise, d`autant que ni son chef, ni son ministre des affaires étrangères ne peut voyager pour aller défendre le cas de Gbagbo auprès des partenaires. Le siège de l`hôtel du Golf reste l`une des dernières cartes du chef de l`Etat sortant. Couplé au harcèlement contre les forces impartiales, il pourrait lui offrir la seule solution viable qui lui reste : des négociations pour le partage du pouvoir. Jusqu`à quand tiendra-t-il alors que la pression continue de monter à grande échelle? Bien entendu, l`option militaire pourrait séduire ses soutiens les plus extrémistes. Une vraie boîte de Pandore. Car, cela placerait les forces impartiales et les Forces armées des Forces nouvelles dans une position de légitime défense. Il est difficile de croire alors qu`avec des troupes divisées et peu motivées, Laurent Gbagbo l`emportera. En définitive, le président sortant est sur une voie vers nulle part. Même le temps qu`il semble gagner pourrait très vite se retourner contre lui. Triste sortie !
Kesy B. Jacob


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