vendredi 24 dcembre 2010 par Le Patriote

Il est sorti d'un long silence. Kofi Annan, ancien secrétaire national l'ONU, est intervenu sur les antennes de RFI pour inviter Laurent Gbagbo a quitter sagement le pouvoir qu'il tente de confisquer

Q : Vous êtes resté silencieux ces derniers mois. Pourquoi avez-vous décidé de réagir aujourd'hui sur la question de la Côte d'Ivoire ?
Koffi Annan : La situation est très, très préoccupante. J'ai déjà sorti une déclaration sur cette affaire. J'ai eu l'occasion de traiter la question ivoirienne en tant que secrétaire général de l'ONU. Je continue à suivre la situation. Les résultats de l'élection sont clairs, je supplie M. Laurent Gbagbo d'accepter les résultats, de laisser le pouvoir à M Ouattara.

Q : Effectivement, vous appelez M. Laurent Gbagbo à quitter le pouvoir comme l'ont fait l'Union africaine et la CEDEAO entre autre. Dans un entretien sur la télévision ivoirienne, Laurent Gbagbo a dit qu'il se considère toujours comme le vainqueur de l'élection présidentielle. Comment sortir de l'impasse?
KA : Je crois qu'il doit accepter que tous les observateurs, la commission électorale et la communauté internationale a reconnu la victoire de M Ouattara. Laurent Gbagbo a subi une telle pression que je ne crois pas qu'il puisse tenir. Il doit faire attention à ne pas déclencher la violence en Côte d'Ivoire. Je crois que cette fois-ci, on a une bonne occasion de régler le problème de la Côte d'Ivoire en unifiant le pays. Je sais qu'aujourd'hui, il ne comprend pas, mais j'espère que demain, il va réfléchir et décidera de quitter le pouvoir tranquillement.

Q : manifestement, les pressions politiques ne suffisent pas, les questions économiques non plus, de quels autres types de moyens la communauté internationale dispose-t-elle pour imposer Alassane Ouattara comme, Président de la République ?
KA : D'abord, il est en train d'être isolé. Il y a des sanctions économiques et financières, qu'il va commencer à sentir.

Q : Cela va prendre du temps, n'est-ce pas ?
KA : Cela prendra un peu de temps. J'espère que les gens qui sont avec lui, suivent ce qui se passe. Ils vont se rendre compte qu'ils ont fait le mauvais choix. J'espère qu'ils vont commencer à se retirer.

Q : Vous le rappeliez tout à l'heure, en 2004, vous étiez le numéro un lorsque les casques bleus de l'ONU ont commencé à se déployer en Côte d'Ivoire. Ce week-end, la force des Nations Unies a été priée de quitter le pays par Laurent Gbagbo. Les responsables de l'ONU ont dit qu'ils continueront toujours leur mission. Est-ce que l'ONU en a les moyens véritablement aujourd'hui ?
KA : ils vont faire le maximum avec les moyens qu'ils ont. La situation est grave. Ils ne peuvent pas abandonner leurs missions, parce que la situation est aussi grave en Côte d'Ivoire. Ils sont en mission, ils vont faire le maximum. J'espère que si c'est nécessaire, des renforts seront envoyés.

Q : c'est-à-dire que 10000 hommes pour assurer cette mission, en Côte d'Ivoire, c'est insuffisant, selon vous?
KA : 10000 personnes, c'est bien, mais ce chiffre sera insuffisant, si Laurent Gbagbo décide de déclencher une violence massive, ce chiffre sera insuffisant.

Q : combien d'hommes faudra-t-il en supplément quand on sait que des tentatives de couper le ravitaillement ont été enregistrées et que Ban Ki Moon, en a déjà averti l'Assemblée générale de Nations Unies ?
KA : c'est le chef de la mission de la paix qui doit avancer un chiffre. C'est à lui de déterminer, si nécessaire, le nombre d'éléments à envoyer en renfort.

Q : Koffi Annan, cette élection ivoirienne à tardé, il en était question déjà lorsque vous étiez en poste à l'ONU, est-ce qu'à un moment vous avez cru qu'elle pouvait mettre fin à cette crise ?
KA : cette fois-ci, je croyais qu'on allait réussir. C'est pourquoi je trouve tellement décevant le comportement de Gbagbo. On lui a donné 10 ans pour régler cette affaire. Il a eu deux mandats. Il y a eu une élection démocratique et il s'accroche pour un troisième mandat. Cela n'est pas raisonnable. Je crois cependant qu'il encore temps pour lui de permettre la pacification du pays.

Q : en 2008, vous avez joué les médiateurs dans la crise post électorale au Kenya, vous aviez d'ailleurs arraché un accord sur le partage du pouvoir. Est-ce qu'aujourd'hui, vous accepteriez de jouer les médiateurs dans cette crise ivoirienne ?
KA : Je crois qu'ils ont déjà des médiateurs qui sont en train de travailler. Je soutiens leurs efforts. S'il ya quelque chose que je peux faire pour les aider, je suis prêt à le faire.

Q : sinon qui peut résoudre la crise, l'Union africaine, la CEDEAO, l'Union européenne, l'ONU ?
KA : je crois que tous sont en train de travailler ensemble. Je crois qu'il faut trouver un moyen pour régler le problème. Je crois que c'est faisable.

Retranscrit par Tierry Latt

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