vendredi 24 dcembre 2010 par AFP

Les pays d`Afrique de l`Ouest ont menacé vendredi de déloger par la force Laurent Gbagbo, qui se maintient à la présidence de la Côte d`Ivoire malgré les appels incessants de la communauté internationale à céder le pouvoir à Alassane Ouattara.

Brisant un silence de plusieurs semaines, depuis le grand hôtel d`Abidjan où il est retranché avec son gouvernement, Ouattara a presque au même moment exhorté l`armée à se placer sous ses ordres pour mettre fin aux "atrocités" commises contre la population.

Au terme d`un sommet de ses chefs d`Etat à Abuja (Nigeria), la Communauté économique des Etats d`Afrique de l`Ouest (Cédéao) a exigé une nouvelle fois, dans un communiqué, le retrait de Gbagbo et annoncé l`envoi prochain d`émissaires dans le pays.

"En cas de rejet de cette demande non négociable, la Communauté n`aura d`autre choix que de prendre toutes les mesures nécessaires, y compris l`usage de la force légitime, pour réaliser les aspirations du peuple ivoirien", a très clairement prévenu l`organisation.

C`est la première fois depuis le début de la crise née de la présidentielle du 28 novembre que Gbagbo, qui a ignoré jusque-là ultimatums et sanctions, est directement sous la menace d`une opération militaire destinée à renverser son régime.

Devant "le niveau excessivement élevé de pertes en vies humaines" depuis début décembre, la Cédéao a "averti les responsables de ces actes qu`ils feront l`objet de poursuites devant les tribunaux internationaux pour ces violations des droit humains, dans les délais les plus rapides".

Le Conseil des droits de l`Homme de l`ONU a adopté jeudi une résolution dénonçant les "atrocités" commises après le scrutin qui ont fait, selon l`ONU, 173 morts du 16 au 21 décembre.

Depuis son hôtel soumis depuis plus d`une semaine à un blocus des forces pro-Gbagbo, Ouattara, entouré de son gouvernement, a devant une dizaine de journalistes appelé l`armée, restée fidèle à son adversaire, à lui obéir et à protéger la population.

"De graves violations des droits de l`Homme sont constatées partout", a-t-il alerté lors d`un discours solennel pour Noël, sa première intervention publique depuis début décembre.

"En tant que chef suprême des armées, je demande aux Forces de défense et de sécurité (FDS, loyales à son rival) d`assurer leur mission républicaine de protection des populations contre les miliciens et mercenaires étrangers qui font couler le sang des Ivoiriens", a lancé Ouattara, drapeau ivoirien à son côté.

Il a promis que la justice serait saisie "pour faire la lumière sur ces actes odieux" et qu`une "commission d`enquête nationale" serait constituée, tout en souhaitant la venue d`une mission de la Cour pénale internationale (CPI) "dans les tous prochains jours".

Par la suite, le gouvernement Gbagbo a jugé "illégale" une décision de l`Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa) d`accorder à Ouattara le contrôle des comptes ivoiriens à la Banque centrale des Etats de l`Afrique de l`Ouest (BCEAO).

Le camp Ouattara avait engrangé mercredi un premier succès avec la reconnaissance par l`ONU de Youssouf Bamba, l`ambassadeur qu`il avait désigné auprès de l`organisation.

Mais la communauté internationale s`impatiente. Le Nigeria, qui préside actuellement la Cédéao, avait exclu avant le sommet d`Abuja tout "compromis".

"Quelque chose qui ressemble à un gouvernement d`union nationale comme ce qui existe au Kenya ou au Zimbabwe ne sera pas sur la table" des négociations, avait averti le ministre nigérian des Affaires étrangères, Odein Ajumogobia.

L`ex-puissance coloniale française a de nouveau mis la pression. Gbagbo peut encore prétendre à une "sortie tout à fait honorable", "mais plus le temps passe et plus il y a de dérapages et de violences et plus cette perspective s`éloigne", a insisté la chef de la diplomatie Michèle Alliot-Marie.

La secrétaire d`Etat américaine Hillary Clinton a réitéré l`appel au sortant à renoncer "immédiatement" au pouvoir.

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