jeudi 30 décembre 2010 par AFP

OTTAWA, 29 déc 2010 (AFP) - Le Canada a indiqué mercredi qu'il ne
reconnaissait plus l'ambassadeur ivoirien nommé par Laurent Gbagbo et qu'il
n'accepterait que son successeur désigné par le président élu Alassane
Ouattara.
Le mandat de Louis L.B. Bony comme ambassadeur de ce pays au Canada est
"terminé", a déclaré dans un courriel à l'AFP la porte-parole du ministère des
Affaires étrangères, Melissa Lantsman.
"Le Canada respecte le droit du président Alassane Ouattara de choisir les
représentants diplomatiques de la Côte d'Ivoire à l'étranger", a-t-elle
expliqué, rappelant qu'Ottawa avait "publiquement reconnu M. Ouattara comme
président élu légitime" du pays.
A l'ambassade de la Côte d'Ivoire à Ottawa, on se refusait à toute
déclaration, indiquant que l'ambassadeur et son premier conseiller se
trouvaient à l'étranger et qu'ils devaient regagner le Canada la semaine
prochaine. L'interlocuteur de l'AFP n'a pas mentionné une éventuelle fin de
mission du diplomate.
Louis L.B. Bony avait présenté ses lettres de créance à Ottawa le 17 juin
2008.
Les pays de l'Union européenne ont décidé de ne reconnaître que "les
ambassadeurs nommés par le président Alassane Ouattara" de Côte d'Ivoire et
non ceux désignés par son rival, le président sortant Laurent Gbagbo. De leur
côté, les Etats-Unis ont indiqué qu'ils accueilleraient favorablement un
ambassadeur nommé par M. Ouattara.
La communauté rapidement grandissante de résidents canadiens d'origine
ivoirienne, qui compte environ 4.000 personnes, dont plus de la moitié dans la
région de Montréal, est divisée entre les partisans du président sortant et
ceux de son rival, victorieux aux yeux de la communauté internationale.
"Les avis sont partagés", a dit à l'AFP Mamadou Cissé, président de
l'Amicale des Ivoiriens du Canada.
Il a rappelé qu'une marche pacifique de partisans de M. Gbagbo s'était
déroulée dimanche dernier à Montréal, avec des haltes devant les consulats
américain et français, et qu'un groupe de partisans de M. Ouattara avait été
reçu à l'ambassade du Nigeria à Ottawa. La diplomatie nigériane joue un rôle
de premier plan dans les efforts pour mettre fin à la crise à Abidjan.
Selon l'un des organisateurs de la marche, Jean Hilaire Yapi, chef du
Collectif des Ivoiriens, les partisans de M. Gbagbo seraient majoritaires au
sein de la communauté ivoirienne au Canada, même si "beaucoup à Montréal ont
voté Ouattara".
Il cite l'importante participation à la marche de dimanche - estimée à
quelque 400 personnes par des journalistes sur place - et considère que le
fond du conflit porte sur la "défense de la souveraineté" ivoirienne,
qu'incarne M. Gbagbo, et "l'ingérence des puissances étrangères" dans les
affaires de son pays.
"De quel droit l'UE ou l'ONU interviennent en Côte d'Ivoire, alors qu'elles
n'ont pas empêché Ali Bongo ou Faure Gnassingbé de prendre le pouvoir en
succédant à leurs pères dans des conditions contestables ?", demande-t-il à
propos des fils d'Omar Bongo, qui a dirigé le Gabon pendant plus de 41 ans, et
et du général Gnassingbé Eyadema qui régna sans partage sur le Togo de 1967 à
sa mort, en 2005.

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