L'unité de l'armée malgache, le CAPSAT, qui a rejoint les manifestations samedi à la Place du 13 mai, indique ce dimanche qu'elle a pris le contrôle du commandement militaire, les forces terrestres, aériennes et navales, du pays.
Dans un communiqué sur sa page Facebook, cette unité ajoute avoir nommé un nouveau chef d'Etat-major, le général Demosthene Pikulas.
Samedi tard dans la soirée, la présidence malgache, dans une réaction, a dénoncé une "tentative de prise de pouvoir illégale et anticonstitutionnelle" en cours dans le pays.
« Le président de la République, garant de la sécurité nationale, condamne avec la plus grande fermeté cette tentative de déstabilisation et appelle toutes les forces vives de la nation à s'unir pour défendre l'ordre constitutionnel et la souveraineté nationale », indique le communiqué.
Mais le communiqué a souligné que le président Andry Rajoelina et le nouveau Premier ministre contrôlaient la situation.
Le CAPSAT est la même unité qui, en 2009, était intervenue dans le coup d'Etat qui a porté l'actuel président au pouvoir.
Ce matin, des informations indiquent une fusillade au camp du CAPSAT lorsque des responsables de la gendarmerie y étaient pour des discussions.
Pour l'heure, aucun détail sur cette fusillade.
Les manifestations de rue lancées par des jeunes malgaches le 25 septembre dernier, ont connu une nouvelle tournure ce samedi. Les manifestants ont atteint la Place du 13 mai pour la première fois depuis le début des mouvements de protestation.
Plusieurs jeunes manifestants arrivés sur cette place ont dansé, chanté et scandé des slogans contre le gouvernement, brandissant le drapeau malgache.
Pendant deux semaines, les manifestants ont tenté de rejoindre cette place hautement symbolique et chargée politiquement, située au c?ur de la ville Antananarivo. Mais la forte présence des forces de sécurité les a dissuadé jusqu'à ce samedi matin où ils y sont arrivés.
Ils ont également acclamé un groupe de militaires, corps d'armée des personnels et des services administratifs et techniques (CAPSAT), qui les a rejoint.
Ce groupe de militaires a joué un rôle important dans le coup d'Etat de 2009 dans le pays. Il a appelé ce samedi les forces de sécurité à mettre fin aux violences contre les manifestants.
De nombreux observateurs craignent une répétition des événements de 2009, lorsque des manifestations dans le pays avaient dégénéré en mutinerie et avaient emporté le président à l'époque et porté au pouvoir l'actuel président Andry Rajoelina.
La persistance des manifestations a amené le président Andry Rajoelina a demandé un an pour régler le problème et accéder aux revendications de la jeunesse malgache. Il a invité la jeunesse à des discussions.
« Je ne veux pas d'éloges. Je veux entendre la vérité. Ce sont ceux qui n'ont cessé de me dire que tout allait bien qui sont responsables de notre situation actuelle », a-t-il déclaré en début de semaine.
Mais le mouvement à l'origine des manifestations, la Gen Z Mada, a rejeté l'invitation aux discussions et a appelé le président à démissionner.
Selon le mouvement, il n'est pas question de discuter avec un gouvernement qui réprime les jeunes manifestants, alors qu'ils revendiquent des droits humains fondamentaux.
« Nous refusons l'invitation du président à dialoguer. Nous ne dialoguerons pas avec un régime qui réprime, agresse et humilie ses jeunes dans les rues », ont-ils écrit sur leur page Facebook.
Ce samedi matin, ils ont déclenché une grande manifestation, la plus importante depuis plusieurs jours, dans la capitale Antananarivo. Selon l'AFP, les forces de l'ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes et de grenades assourdissants contre les manifestants.
L'AFP a également mentionné que des véhicules chargés de militaires ont rejoint les manifestants rassemblés dans la zone du lac Anosy dans le sud de la capitale. Ces soldats ont été remerciés par ces jeunes manifestants par des acclamations.
Dans une vidéo de l'AFP, on peut voir des soldats appeler les autres forces à arrêter de tirer sur les manifestants. « Unissons nos forces, militaires, gendarmes et policiers, et refusons d'être payés pour tirer sur nos amis, nos frères et nos s?urs ».
Selon les Nations Unies, au moins 22 personnes sont tuées dans ces manifestations depuis leur début le 25 septembre, et plus d'une centaine de blessés. Des chiffres que les autorités malgaches contestent.
Volker Türk, le Haut-commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, a appelé vendredi les autorités malgaches à « cesser le recours à une force inutile ».