vendredi 31 décembre 2010 par AFP

Des centaines de Libanais reviennent au pays, fuyant la Côte d'Ivoire par crainte de violences, dans un climat de confusion après des positions diplomatiques divergentes du Liban sur la grave
crise politique.
"J'ai quitté le Liban il y a 30 ans à cause de la guerre civile, et me voilà à nouveau en train de fuir une guerre civile", témoigne Youssef Safieddine, 58 ans, originaire de Tyr (sud).
Parmi les quelque 80.000 Libanais installés en Côte d'Ivoire, plus importante terre d'accueil de la communauté libanaise en Afrique, la majorité travaillent comme lui dans le commerce.
Ce gérant d'une entreprise de construction à Abidjan, a quitté, comme nombre d'entrepreneurs libanais, maison et travail par crainte d'être la cible de violences qui ont fait 179 morts depuis la mi-décembre selon le dernier bilan de l'ONU.
Beaucoup disent en effet avoir été menacés après que l'ambassadeur libanais a assisté à l'investiture de Laurent Gbagbo, l'un des deux présidents proclamés, qui refuse de céder devant son rival Alassane Ouattara, reconnu par la communauté internationale comme le vainqueur légitime des élections du 28 novembre.
Ali Ajami était l'un des rares diplomates, avec l'ambassadeur de l'Angola, à être présent.
Un responsable gouvernemental a indiqué à l'AFP que le ministre des Affaires étrangères Ali Chami, agissant de son propre chef sans l'aval du cabinet, avait donné l'ordre à M. Ajami d'assister à la cérémonie.
"Le comportement de M. Chami a mis en danger la sécurité de la communauté libanaise en Côte d'Ivoire", a estimé ce responsable sous le couvert de
l'anonymat. "Il a commis une erreur", a-t-il ajouté.
La présence de M. Ajami à l'investiture apparaît en contradiction avec la
position du Liban à l'ONU. Le Conseil de sécurité de l'ONU, dont le Liban est
un membre non permanent, a en effet annoncé le 8 décembre son soutien à
Alassane Ouattara comme président élu de Côte d'Ivoire.
Mercredi, dans une note adressée à M. Chami, M. Ajami indique qu'il avait
"de premières informations sur des Libanais du nord de la Côte d'Ivoire
(contrôlé par les partisans de Ouattara) ayant reçu des menaces".
"Votre décision de participer (à l'investiture) était sage, surtout que 90%
de notre communauté vit dans les zones contrôlées par Gbagbo", ajoute le texte
dont l'AFP a obtenu copie.
"Les Libanais sont coutumiers de la guerre civile", se résigne quant à lui
Abbas Dakhlallah, revenu à Cana (sud du Liban) il y a un mois. "Nous l'avons
vécue et c'est par peur que des dizaines de familles ont quitté la Côte
d'Ivoire", dit cet entrepreneur de 54 ans.
La compagnie aérienne libanaise Middle East Airlines (MEA) a indiqué être
prête à programmer des vols supplémentaires depuis la Côte d'Ivoire si
nécessaire.
Autre solution choisie par beaucoup de Libanais, majoritairement des femmes
et des enfants: fuir via les pays voisins, dont le Liberia, le Ghana ou le
Burkina Faso.
"Mon époux m'a renvoyée au Liban moi et nos trois enfants quand on a
commencé à voir des hommes armés dans les rues", raconte Iman, revenue il y a
trois jours à Tyr. "Nous l'appelons tous les jours (...) nous sommes toujours
terrifiés à l'idée que quelque chose puisse lui arriver", dit-elle.
Mohammad Freim, homme d'affaires de 32 ans est arrivé jeudi au Liban.
"Nous suivons les développements mais nous, Libanais, sommes habitués à la
violence, donc je retournerai à Abidjan la semaine prochaine, quoiqu'il
arrive", assure-t-il.

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