vendredi 31 décembre 2010 par Nord-Sud

Les Ivoiriens vont entrer dans l'année 2011 avec un pouvoir confisqué par Laurent Gbagbo. En plus du message de nouvel an du président élu, ils se verront imposer un message par le président sortant. Un drame rendu possible par la trahison de Pedro Pires. Alors qu'il a reçu mandat de venir délivrer à son ami un ultimatum pour le transfert pacifique du pouvoir, le chef de l'Etat capverdien s'est autoproclamé médiateur.
La mission de la Cedeao a été plombée par cet invité de la dernière minute. C'est lui qui s'est engagé à s'opposer à l'option militaire pour donner du temps à Gbagbo. Les deux hommes avaient eu un tête-à-tête avant la réunion avec la délégation des trois chefs d'Etat. Il faut bien noter que le président capverdien est un obligé de Gbagbo, selon les sources introduites auprès de l'organisation sous-régionale. L'ancien chef de l'Etat ivoirien est devenu le principal soutien de Praia qui totalise plus de 5 ans d'arriérés de cotisation au sein de l'organisation. La Côte d'Ivoire, 3ème contributeur après le Nigeria et le Ghana, lui offre sa protection contre les mesures de rétorsion. Il y a mieux. Lors de la Conférence des chefs d'Etat de 2008, le Cap-Vert cherchait le siège de l'Institut africain de l'Afrique de l'Ouest (IAO). Mais, le pays est trop pauvre pour remplir les conditions de l'organisation (Infrastructures, matériel, etc). Gbagbo vole au secours de son valet à la demande du ministre des Affaires étrangères et de la coopération, José Britto, qui a fait une partie de ses études à Abidjan. La Côte d'Ivoire aide finalement le petit pays à obtenir 500.000 dollars de la Cedeao pour la réalisation de l'IAO. Abidjan met aussi la main à la poche pour le projet, après un lobbying d'André Corsino Talentino, secrétaire permanent de l'institut.
La collusion entre Gbagbo et Pires ne s'arrête pas là. Pour le siège de l'Institut de recherches sur l'énergie, en tant que coordonnateur Energie/transport de l'Afrique de l'Ouest, Gbagbo a défendu le dossier capverdien contre celui du Ghana. Il a même demandé que ce pays préside le comité sur l'énergie de la Cedeao. Par ailleurs, Abidjan a souvent payé les salaires des fonctionnaires capverdiens, via une contribution au Fonds de développement de la Cedeao. La convergence des intérêts est telle qu'après les réunions de l'organisation sous-régionale, l'avion présidentiel ivoirien fait régulièrement le détour par Praia pour déposer la délégation capverdienne, avant de revenir sur Abidjan. Bien entendu, autant de largesses méritent contrepartie. Selon des sources bien introduites, la délégation capverdienne s'aligne toujours sur la position ivoirienne pendant les débats. Tous ces éléments indiquent que Pedro Pires n'avait pas sa place dans la délégation de la Cedeao. Trivialement, l'on pourrait dire qu'il ''mange'' avec Gbagbo. Et, comme tel, il n'est venu à Abidjan que pour prêter main forte à son bienfaiteur de tous les jours. Sans doute aussi pour rendre service à la très pétrolifère Angola dont l'axe avec Abidjan reste solide. Le chef de l'Etat capverdien qui s'active en coulisses pour devenir le prochain président de la Cedeao est sans doute le principal obstacle à une action efficace de l'organisation. D'autant que traditionnellement, dans ses décisions, l'organisation privilégie le consensus plutôt que le vote.
Mais, il convient de noter que la réunion des chefs d'état-major de l'organisation sous-régionale à Abuja sonne comme un avertissement clair à Gbagbo : la Cedeao ne se laissera pas distraire de son objectif final.
K.B.J.


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