vendredi 31 décembre 2010 par L'Inter

Encore une année qui passe. Ce vendredi 31 décembre 2010, la Côte d'Ivoire tourne définitivement la page de l'an 2010. Douze (12) mois écoulés qui ont suscité beaucoup d'espoir dans ce pays marqué par plus d'une décennie de crise politico-militaire dont elle cherche encore des voies de sortie. A défaut d'avoir eu des élections le 29 novembre 2009, les Ivoiriens ont eu foi en cette année. 2010 a, en effet, débuté avec de réelles certitudes quant aux acquis pour des élections crédibles et apaisées, attendues pour mettre fin à la crise et relancer le développement du pays en lambeaux. Délestages, hausse du coût de la vie, dégradation des infrastructures, paupérisation des masses, etc. Quand tous ces maux des temps nouveaux sont expliqués par l'orientation des budgets dans la recherche de solution à la crise et les recettes réduites par la partition du territoire, les populations ne pouvaient avoir d'yeux que pour un seul horizon. Celui de la sortie rapide de la crise. Notamment par des élections comme tous les acteurs d'ici et d'ailleurs ont fini par le faire admettre à l'ensemble de l'opinion.2009 n'a pas permis de voir la réalisation de ce v?u, mais, cette année s'est terminée avec une nette lisibilité sur l'horizon 2010. Les opérations des audiences foraines et de reconstitution de l'Etat civil ayant enregistré un succès débouchant dans le nouvel an sur l'identification et l'enrôlement pour la confection de la liste électorale. Dernière étape d'un long processus technico-politique, qui aura coûté des années à la Côte d'Ivoire par le report successif des dates des élections censées se tenir depuis octobre 2005. Début 2010, les espoirs des Ivoiriens, nourris par les acquis de 2009, se transforment peu à peu en certitudes. La bonne ambiance qui entoure le démarrage des opérations couplées d'identification et d'enrôlement sur les listes électorales rassure les populations et l'ensemble des observateurs de la situation en Côte d'Ivoire. La survenance de quelques divergences profondes allant jusqu'à des blocages, comme la dissolution et le réaménagement du gouvernement, ainsi que la reconstitution de la Commission électorale indépendante (CEI) avec l'éviction de son président Robert Beugré Mambé, remplacé illico par Youssouf Bakayoko, n'enlèveront rien à la foi en des élections certaines avant la fin de l'année. Début août 2010, la fixation de la date du premier tour du scrutin présidentiel au 31 octobre vient confirmer et raviver davantage ces espoirs. Enfin la Côte d'Ivoire va renouer avec la paix ! Après 17 ans d'incertitudes et d'instabilités liées à la lutte pour le fauteuil présidentiel, dans la succession à feu le président Félix Houphouët-Boigny décédé le 07 décembre 1993. La liste électorale terminée, les documents électoraux (nouvelles cartes nationales d'identité depuis 10 ans et cartes d'électeur) distribués, le déroulement paisible des campagnes par les 14 candidats à la Magistrature suprême de l'Etat augure de lendemains heureux pour les Ivoiriens. Le 31 octobre, la Côte d'Ivoire, en laquelle beaucoup ne semblaient pas croire, livre au monde entier un bel exemple de démocratie. Sur l'ensemble du territoire ivoirien, le premier tour du scrutin se déroule sans accroc, dans une atmosphère de convivialité, qui achève de convaincre quand aux exceptions que sait livrer ce pays à la planète. Au moment où on s'y attendait le moins, les belligérants de la crise ne se sont-ils pas assis pour se décider à résoudre par eux-mêmes leurs différends? Ce beau coup est réédité dans le bon déroulement du scrutin salué par tous les observateurs nationaux et internationaux, qui ont envahi le terrain. Le 2ème tour prévu pour le 28 novembre s'annonce avec quelques échauffourées entre les partisans des deux candidats à l'arrivée, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara. Mais, le chef de l'Etat sortant et son rival de l'opposition vont redonner à espérer aux Ivoiriens par le bon ton et leur engagement à respecter les résultats des urnes, au cours de leur face-à-face télévisé du 25 novembre. Soit à 3 jours du scrutin. Gbagbo et Ouattara étaient-ils de bonne foi? La suite, on la connait. Ce bras de fer qui dure depuis un mois pour le fauteuil présidentiel, à l'issue d'une double proclamation des résultats du scrutin qui vient de donner de façon inédite au monde, le spectacle honteux de deux présidents de la République, de deux gouvernements pour un seul pays. Un bicéphalisme qui a pour effet d'affamer davantage les Ivoiriens, d'aggraver davantage leur quotidien dans les mouvements de protestations et les affrontements répétés dont les morts et les blessés ne se comptent plus. A l'orée de 2011, c'est une Côte d'Ivoire sans âme, plus méconnaissable que jamais, s'interrogeant sur ses lendemains que ses politiques livrent au monde entier. Situation inédite, qui ruine tous les espoirs des habitants de ce pays parti de l'espoir à la désillusion. Ceux-ci ayant cru, jusque-là, en un rebondissement au sortir de 2010, eu égard à l'abondance des ressources de ce pays, mais aussi aux promesses des institutions internationales, à l'instar du point d'achèvement de l'initiative des pays pauvres très endettés (PPTE). Ce projet qui devrait permettre aux nouvelles autorités élues ? si tout se passait très bien ? d'économiser annuellement 500 milliards de F CFA, à partir du mois d'avril prochain. Une manne qui pourrait servir à la reconstruction de ce pays en décadence. Toute tentative de rapprochement des protagonistes actuels s'avouant vaine, les Ivoiriens ont les regards vers l'aube de cette année nouvelle. De quoi sera-t-elle faite? Seuls les survivants en témoigneront.

Félix D.BONY


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