vendredi 28 janvier 2011 par Le Nouveau Réveil

Le gouvernement du Premier ministre Guillaume Soro est sérieusement préoccupé par les derniers évènements survenus à la Bceao à Abidjan, consécutivement au décret( ?) de réquisition du personnel et des locaux de l'agence principale du Plateau par M. Gbagbo. Pour le ministre Patrick Achi, porte-parole du gouvernement, assurant par ailleurs l'intérim du ministre de l'Economie et des finances qui a conjointement animé une conférence de presse, hier avec M. Amadou Gon Coulibaly, Sg de la présidence de la République, ce forfait de Laurent Gbagbo n'est ni plus ni moins qu'un acte de braquage, de grand banditisme, un vol dont les conséquences incalculables seront très vite ressenties aussi bien par les banques commerciales, les opérateurs économiques que les citoyens.
"L'acte que vient de poser Gbagbo risque de dérégler tout le système économique et financier. Il aura à coup sûr et très rapidement une incidence très négative sur les ménages. Couper le cordon ombilical avec la banque centrale est dangereuse parce que les banques commerciales ne peuvent pas fonctionner sans la Bceao. La Bceao est la banque des banques, c'est elle qui abrite les opérations de compensation, c'est elle qui alimente les banques en liquidité parce que disposant de moyens et de capacités plus appropriés que celles-ci. La banque centrale joue un rôle de régulation du marché financier et monétaire. Au regard de tout ceci, l'on ne peut imaginer une activité financière fluide sans la Bceao", a prévenu le ministre Patrick Achi avant d'insister : "si les jours à venir, la situation ne s'améliore pas, nous courons vers un assèchement total du système financier. On ne pourra ni payer, ni encaisser un chèque, plus de transaction économique ou financière avec les partenaires extérieurs". A la question de savoir si le trésor public, comme on l'entend ces derniers jours, peut constituer une alternative à la Bceao, le ministre Achi s'est voulu plutôt réservé. "Le système mis en place par la Bceao est complexe et structuré. Et puis, je vois mal comment les dirigeants des banques peuvent prendre le risque d'ouvrir des comptes dans les livres du Trésor public, collaborer avec un système de fortune, illicite, des braqueurs et ça va être extrêmement difficile pour les établissements bancaires" relève le conférencier avant d'ajouter : "je ne sais pas qui conseille Gbagbo mais il est en train de toucher au point névralgique, il va provoquer la faillite de l'économie nationale, il va même toucher à la poche des Ivoiriens".
Revenant sur l'acte de réquisition lui-même, le ministre Patrick Achi a relevé son caractère illégal en ces termes " Cette mesure est illégale parce que non seulement elle relève d'une autorité qui n'a pas qualité pour agir (Gbagbo ayant perdu les élections) mais en plus, elle contrevient aux dispositions de l'Uemoa qui confèrent l'immunité et l'inviolabilité des locaux des agences de la banque centrale. C'est ce qui explique la réaction vigoureuse du Gouverneur par intérim depuis Dakar". En tout état de cause, Patrick Achi a tenu à rassurer que son gouvernement suit avec diligence la question pour un règlement rapide. Dans un bref rappel historique, l'intérimaire du ministre Charles Diby Koffi a expliqué les circonstances exactes de la démission du Gouverneur Philippe Dacoury-Tabley. Pour l'essentiel, l'on retiendra que ce dernier a été sanctionné pour ses propres erreurs. Car dès les résultats du second tour de la présidentielle, il a été personnellement saisi par écrit par le président Ouattara afin que seule la signature du président élu soit reconnue par la Bceao. Suite à la réunion du conseil des ministres du 23 décembre 2010, un courrier similaire lui a été adressé. Mieux, plusieurs émissaires du gouvernement sont allés voir Dacoury pour lui demander de faire appliquer les décisions de l'Uemoa. Le Gouverneur de la Bceao aurait même joint par téléphone le président Ouattara pour le rassurer de sa volonté de coopérer. Mais Dacoury n'a jamais tenu parole. Pis, entre le 23 décembre et le 21 janvier dernier, il a autorisé le décaissement de plus de 157 milliards de francs des caisses de la Bceao au profit de M. Gbagbo. C'est donc logiquement qu'il a été contraint à la démission.
Akwaba Saint Clair



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