vendredi 28 janvier 2011 par L'intelligent d'Abidjan

Les sanctions de gel des avoirs, d'interdiction de visas et la menace d'être traduit devant la Cour pénale internationale prises à l'encontre de Laurent Gbagbo, ses proches et certaines institutions administratives et financières qui collaborent avec son régime jugé, d'illégal et d'illégitime, ne l'ont aucunement ?'désarmé'' dans sa volonté de se battre même ?'au prix de son sang''. L'homme est devenu plus menaçant et règne en maître absolu dans la capitale économique de la Côte d'Ivoire. Sur qui compte-t-il pour se mettre seul contre tous ? Malgré l'isolement diplomatique et l'asphyxie économique, le mentor des refondateurs continue d'être plus menaçant. Le maintient du Blocus de l'Hôtel du Golf où se trouve Alassane Ouattara, reconnu président élu par la communauté internationale, la tentative d'attaque dudit hôtel, les provocations intempestives contre le personnel de l'opération des Nations Unies (Onuci), les violences et exactions sur les populations civiles sont autant de violations qui fâchent les médiateurs qui sont intervenus dans le règlement de cette crise postélectorale. Face à cette recrudescence de la violence, on se pose, on nous pose la question : comment l'Onu, la Cedeao, l'UA, l'Uemoa, les Etats-Unis, et l'Union Européenne qui ont demandé le départ de Laurent Gbagbo, peuvent-ils laisser prospérer la situation et regarder mourir les populations civiles malgré la présence des forces impartiales qui dépendent de ces organisations internationales ? Cette lourdeur de la diplomatie ne profite-t-elle pas à Laurent Gbagbo et à son régime qui sont en train de gagner du temps pour tenter de bouleverser les tendances. Aujourd'hui, cela ne fait aucun doute qu'il se présente comme étant la victime de ce processus électoral. Et il espère convaincre ses partenaires que sont la Chine, la Russie, l'Angola, le Rwanda, la Guinée Bissau pour l'aider à sortir de l'impasse. Ou bien, la communauté internationale se donne-t-elle le temps, comme on nous le rapporte, pour dépouiller Laurent Gbagbo de tous ses pouvoirs et de l'affaiblir financièrement et diplomatiquement''. Le combat de la résistance de Laurent Gbagbo et son ?'mépris'' envers la communauté internationale lui permettent de se faire passer pour un prophète du panafricanisme contre la françafrique. Lequel combat, se plait-il à le dire, commence à payer dans la durée pour avoir réussi à associer une partie du peuple, à son idéal. Ces ?'patriotes'' qui se présentent comme défenseur d'une certaine souveraineté seraient déterminés à se constituer en bouclier humain pour sauver les meubles. En quelque sorte, constituer une armée de salut, des chairs à canon. Une force de pression pour Laurent Gbagbo sur la communauté internationale? A en croire certaines indiscrétions, des militaires encore fidèles à Laurent Gbagbo et des jeunes recrutés sur le tas sont décidés à troubler la quiétude des populations au point de faire planer le spectre d'une guerre civile. L'Onu, l'UA, la Cedeao et les autres organisations, sans trop savoir comment s'y prendre sont condamnés à faire tandem pour ?'résoudre'' de façon définitive et complète cet imbroglio électoral. Peut-on dire, à ce stade de la crise, que la communauté internationale, est cette fois bien partie, après le sommet de l'UEMOA à Bamako et en attendant celui de l'UA à Addis-Abeba, pour réussir son pari et à faire partir Laurent Gbagbo, sans coup férir ? Non, hélas, car cette mesure nous réserve des surprises. Que le départ soit par la ?'voie pacifique'' ou par ?'la force légitime'', peu importe. Il est fort à craindre de très grands risques. Car, dit-on, toute médaille à son revers. Au-delà de la guerre des finances, celle de la diplomatie fait rage.

La guerre froide
contre la diplomatie
A voir de près ce qui se passe, on se serait cru revenir un demi-siècle en arrière. Très exactement dans les années d'avant l'indépendance. Les attaques contre la France, les Etats-Unis et certains chefs d'Etat sont devenus un lot quotidien. On crie à la souveraineté ?'bafouée'', à la soumission aux puissances étrangères, et on accuse de tous les péchés l'ex-colonie, la France d'être à la base de nos propres contradictions électorales et immaturité politique. Certes, la Côte d'Ivoire, se retrouve avec deux présidents, mais d'où vient qu'on accuse les autres ? Sachant que ce sont deux institutions de ce même pays la Cei et le Conseil constitutionnel qui ont proclamé des résultats contradictoires. Et pourtant, à la faveur de cette élection présidentielle, de sortie de crise. Cette même communauté internationale a été mise à rude contribution. Que de fonds décaissés pour tenir tous les engagements. Que des résolutions ont été prises à l'Onu pour garantir un succès à ce processus électoral. Toutes les parties ivoiriennes étaient d'accord pour une élection hautement sécurisée puisque spéciale''. D'où vient alors brusquement cette hostilité vis-à-vis de tous ces partenaires qui se sont activement impliqués et qui se sont employés à offrir à la Côte d'Ivoire des élections libres, démocratiques, transparentes et ouvertes à tous ? Et de surcroit l'une des plus chères au monde. C'est tout naturellement, selon l'avis d'un spécialiste des questions politiques ivoiriennes, que les observateurs et partenaires internationaux de ce processus, donnent leurs avis et disent leur part de vérité. Cela ne devrait pas donner lieu à une chasse aux sorcières et aux exactions les plus abominables. Qui a intérêt à jeter de l'huile sur le feu pour que tout s'embrase en cas de départ forcée de Laurent Gbagbo ? Toujours égal à lui-même l'actuel locataire du palais n'est jamais en panne d'outrances et reste insaisissable : Je préfère mourir que de céder le pouvoir, car personne ne peut m'enlever là où je suis installé, aurait-il confié. Vaines menaces ou bien Laurent Gbagbo ira jusqu'au bout de sa logique ? La communauté internationale n'entend pas lâcher. Alassane Ouattara non. Retranché au Golf, il contrôle le pays et dompte le monde avec un ordinateur, un blackbarrey, et un Ipad. Avec ses Ntics, Ouattara engage le changement d'ambassadeurs précédemment nommés par Laurent Gbagbo et pourvoit à leur remplacement. Ainsi les ambassadeurs de l'Onu, de la France, du Canada, etc sont rappelés à la maison. Le gouvernement Aké M'Gbo qui refuse de se laisser ?'vaincre'' actionne l'effet de la politique de la réciprocité. Mais ceci sans effet. Car, l'autorité d'Alassane Ouattara est toujours réaffirmée. De son côté, Laurent Gbagbo n'est pas prêt à abandonner. Jamais, il n'avait été aussi loin dans son bras de fer avec la communauté internationale. Mais, il sait qu'il joue cette fois-ci gros. A l'époque, il avait été question de repartir les portes-feuilles ministériels tout en garantissant son maintien à la tête de l'Etat. Ce qui a fait naturellement le succès des accords de Marcoussis, Accra, Pretoria et même Ouaga et qui a vu la nomination de Guillaume Soro en qualité de Premier ministre. Tout ceci est bien loin derrière nous. Pour l'ONU, il est aujourd'hui, question que Laurent Gbagbo cède le fauteuil présidentiel à Alassane Ouattara. Cette ?'pilule'' est difficile à avaler. Coupés du monde qui n'a cesse ?'d'exprimer son total et ferme soutien au gouvernement d'Alassane Ouattara'', Laurent Gbagbo promet maintenir l'ordre ancien. D'autant plus qu'il semble avoir perdu la main dans la diplomatie et dans les finances, il s'engage résolument dans une guerre totale contre tous ceux qui l'accusent ?'d'avoir usurpé le pouvoir qu'il exerce contrairement à la volonté du peuple''.

La guerre pour le contrôle des finances publiques fait rage
Laurent Gbagbo qui a perdu des plumes dans la bataille de la diplomatie ne compte pas laisser glisser entre ses mains les finances publiques. Ne dit-on pas que l'argent est le nerf de la guerre ? La famille politique de la refondation en a fait sienne et n'entend pas se plier aux décisions de l'UEMOA entérinées par la conférence des chefs d'Etat et de gouvernement de cette même organisation. Ainsi, la machine infernale de l'asphyxie financière est en marche. Ce qui conforte même les plus pessimistes à l'idée que l'heure de l'affaiblissement'' et du pourrissement'' du pouvoir de Laurent Gbagbo a sonné. ?'Que peut un régime sans les ressources financières'', s'interroge un politologue. Difficile de résister longtemps quand on sait que la mesure d'interdiction d'effectuer des opérations sur les comptes de l'Etat logés dans les banques commerciales et à la Bceao est suicidaire et pourrait être un handicap sérieux pour Laurent Gbagbo de faire fonctionner l'Etat. Que restera-t-il de son pouvoir s'il ne peut, ni lui et ses représentants, encaisser des devises ? Surtout que les grandes sociétés de la place ne payent les impôts et autres taxes de l'Etat que par chèques ou virement bancaire. Comment Laurent Gbagbo et son gouvernement s'y prendront-ils pour échapper à ce blocus financier ? Sortir de l'Uemoa pour battre monnaie ? Les experts en finances de LMP qui se sont succédés sur le plateau de la Première chaîne pour élucider à leur façon cette question qui préoccupe avaient émis assez de réserve quant à ce projet. Et il a raison, cet autre politologue qui affirme que ce qui fait le pouvoir, c'est la diplomatie, les finances et la défense nationale (armée)''. Et de trancher tout net : ?'perdre, ne serait-ce, un seul de ces trois piliers, c'est perdre le pouvoir''. Ce qui explique une poussée de fièvre du gouvernement Aké M'Gbo qui hausse le ton et multiplie les communiqués et décrets en réquisitionnant le personnel de la Bceao aux fins de prendre possession de cette institution bancaire nationale. Ce qui est inédit, selon les experts monétaires, c'est cette décision de nationalisation de la Bceao, institution financière appartenant à l'espace Uemoa. Décision considérée par les autres pays membres comme une provocation de trop. Comment cela peut être possible sans l'avis des autres membres de l'union. Sur quoi pourrait déboucher le mépris des textes qui fondent l'organisation et la gestion de la Bceao. En tout état de cause, ce qui vient de se passer risquerait d'aggraver la situation déjà très fragile, mieux, précipiter les choses.
Patrice Pohé



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