Le feu s'est intensifié sur les fronts déjà embrasés à Abidjan, alors que d'autres foyers s'allumaient.
Abidjan est à feu et à sang. Chaque jour en rajoute à la déjà longue liste de morts et d'édifices brûlés. La commune pro-Gbagbo de Yopougon, jusque-là endormie, a fait une coulée de larve. La quasi-totalité des commerces ont fermé et les élèves ont été priés de rentrer chez eux.
Yopougon : un chauffeur de taxi brûlé vif
Dans la matinée, les affrontements entre des proches de l'ex-chef d'Etat et des défenseurs de la voix des urnes ont dégénéré. Plusieurs Gbakas ont étés brûlés par des miliciens pro-Gbagbo. Et, un chauffeur de taxi a également été brûlé vif dans la matinée. Une riposte, selon des témoins, à l'incendie d'un bus de la Sotra par des jeunes non identifiés au quartier wassakara sable . Le feu a été mis au monument érigé au rond-point de Yopougon Siporex, appelé La statue de la liberté. La tension à Yopougon, la veille, présageait de l'atmosphère d'hier. Des jeunes ''patriotes'' avaient entamé, jeudi soir, des rassemblements pour, disaient-ils, empêcher que la mission de l'Onu aille en soutien aux rebelles d'Abobo.
Cocody, la psychose
généralisée
Il n'y avait pas de manifestation dans la commune de Cocody qui est habituellement calme. Cependant, des 4X4 double-cabine de soldats pro-Gbagbo ont fait des patrouilles. A l'arrière d'un des véhicules aperçus sur le boulevard Latrille, trois individus, armes au poing, l'air grave. Au quartier Angré-Pétro Ivoire, des coups de feu se sont fait entendre en milieu de journée. Par prudence, la population s'est terrée vidant ainsi les rues. Des hommes en treillis loyaux au président déchu fouillaient au corps quelques passants. Quatre jeunes hommes ont été aperçus, non loin de là, habillés juste en pantalon et torse nu. Des Fds avaient leurs armes braquées sur eux et l'un d'eux qui avait du sang sur le front semblait avoir été battu.
Abobo, situation
plus que tendue
Après les violents combats de la nuit de jeudi à vendredi, des indiscrétions faisaient état de revanche des Fds sur le mystérieux commando à Abobo. Selon des riverains, un vaste détachement de soldats y était déployé dans l'après-midi. Ce sont toutes les forces confondues , a confié un habitant.
Koumassi, le repos
du guerrier
Selon un responsable du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) de Koumassi, il a été décidé, hier, de marquer une pause. Afin de préparer un grand rassemblement, aujourd'hui. Koumassi avait été très mouvement dès le début de la révolution. Obligeant des Fds a faire usage de lance-roquettes pour disperser les manifestants. Trois d'entre eux ont été tués par cette arme lourde.
Treichville, les femmes
remettent ça
Plus de 2000 femmes venues de toute la commune de Treichville ont manifesté pour demander le départ de Laurent Gbagbo. Aux lazzis de Gbagbo dehors ! , elles sont parties de l'avenue 8 rue 12 pour arriver au boulevard Giscard d'Estaing avant d'arriver à la rue 38. Elles étaient toutes de rouge vêtues.
Des prières de jouma
annulées
Des lieux de culte musulmans n'ont pas été épargnés par la tension. Hier, la prière de vendredi a été annulée dans certaines mosquées d'Abidjan pour des raisons de sécurité. Les imams n'ont pas voulu mettre la vie de leurs fidèles en danger. On se souvient qu'au début de la crise post-électorale, des roquettes avaient atterri sur des mosquées.
Les Sms coupés
Il était impossoble, hier, pour les usagers de communiquer par messages. Les services Sms des différentes maisons de téléphonie mobile ont été interrompus. L'Agence des télécommunications de Côte d'Ivoire (Atci) dirigée par Kla Sylvanus, un proche de l'ex-président, est soupçonné d'être à la base de cette interruption.
Bamba K. Inza