mercredi 2 mars 2011 par AFP

L`ONU a dû reconnaître mercredi qu`elle avait
accusé par erreur le Bélarus d`avoir livré des hélicoptères au régime du
président ivoirien sortant Laurent Gbagbo, en plein bras de fer avec le
pouvoir en place à Abidjan.
L`information de la mission de l`ONU en Côte d`Ivoire, l`Onuci, faisant
état de l`arrivée dimanche à l`aéroport de Yamoussoukro (centre) d`avions
transportant trois hélicoptères en provenance du Bélarus, "était une erreur",
a déclaré à New York Alain Le Roy, chef des opérations de maintien de la paix.
L`ONU a dû présenter ses "excuses" au Bélarus, qui avait dès lundi rejeté
les accusations. Le camp Gbagbo avait crié au "complot".
Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon avait demandé lundi une
réunion urgente du Conseil de sécurité après ces informations sur une
violation de l`embargo sur les armes décrété en 2004.
Le Conseil se retrouve jeudi et devrait évoquer le délai d`un mois accordé
au panel désigné par l`Union africaine pour dénouer la crise ivoirienne, qui
oppose Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, reconnu président élu par la
communauté internationale - ONU en tête - après le scrutin de novembre.
Le panel, qui a rendez-vous vendredi à Nouakchott, devait au départ arrêter
fin février des solutions "contraignantes".
Recevant le président sud-africain Jacob Zuma, membre du panel, le chef de
l`Etat français Nicolas Sarkozy, en première ligne durant des semaines pour
obtenir le départ de M. Gbagbo, a apporté son soutien à la médiation de l`UA.
"Tout doit être fait pour éviter de nouveaux morts et de nouvelles
violences", a-t-il dit.
Sur le terrain, un calme précaire régnait à Abidjan.
Dans la matinée, des "jeunes patriotes" pro-Gbagbo ont tenu un barrage
filtrant face au camp de la force française Licorne, dans une ambiance parfois
tendue.
Le quartier pro-Ouattara d`Abobo (nord) avait des airs de ville morte en
certains secteurs, après avoir été la semaine dernière le théâtre de combats
entre insurgés armés et Forces de défense et de sécurité (FDS), loyales à M.
Gbagbo.
On pouvait voir des échoppes pillées, certaines incendiées et de nombreux
commerces fermés. Nombre de voies secondaires étaient bloquées par des
barricades montées par des jeunes pro-Ouattara.
Les tirs ont cessé depuis dimanche mais la tension restait perceptible.
"Nous vivons avec la peur au ventre", a confié à l`AFP un habitant, resté
dans sa maison alors que des milliers de familles ont fui.
"Actuellement, les corps sont un peu partout. Les chiens sont en train d`en
manger, les gens sont en train de brûler d`autres. D`autres ne sont même pas
enterrés", a-t-il dit.
Le camp Ouattara a de nouveau appelé les FDS à se ranger derrière leur
champion, "le choix du peuple", et accusé M. Gbagbo de conduire à "la
destruction du pays".
L`affrontement entre les deux rivaux se livrait aussi sur le plan
économique.
La filiale ivoirienne de la banque française BNP Paribas, la Bicici,
"nationalisée" par Laurent Gbagbo, a rouvert ses portes au public mercredi à
Abidjan.
Le gouvernement Gbagbo avait nationalisé mi-février la Bicici ainsi que la
SGBCI, filiale de la banque française Société Générale, alors que toutes les
banques commerciales suspendaient leurs activités par suite de la crise
post-électorale.
Alors que selon des sources bancaires l`essentiel du système informatique
est géré depuis le siège français de BNP Paribas, il était pour l`heure
impossible de vérifier si les comptes des clients de la Bicici avaient été
"reconstitués", comme le gouvernement Gbagbo l`a assuré.
Dans les banques déjà publiques, prises d`assaut faute de concurrence, les
fonctionnaires avaient pu commencer lundi à recevoir leur salaire. L`enjeu est
essentiel alors que le camp Ouattara et ses alliés extérieurs tentent de faire
tomber le régime Gbagbo en lui coupant les vivres.

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