jeudi 3 mars 2011 par Le Temps

La Fondation ivoirienne pour les Droits de l'Homme et de la vie politique (Fidhop) dénonce, à travers cette déclaration, la décision de l'Ue de décréter un embargo sur les produits pharmaceutiques pour décimer les Ivoiriens, à la demande de la France.

Les faits

Dans une interview accordée au journal Fraternité Matin le 23 février 2011, Madame le ministre de la Santé et de la Lutte contre le Vih/Sida Mme Christine Adjobi, a affirmé qu'elle a été saisie par la Direction de la pharmacie et des médicaments (Dpm), qui elle-même a été saisie par les pharmaciens du privé de ce que, toutes les commandes de médicaments qui ont été payées avec l'Europe, ne pourront plus être acheminées vers la Côte d'Ivoire car, les ports d'Abidjan et de San Pedro sont sous embargo donc, aucun navire ne doit se rendre en Côte d'Ivoire à partir du 21 février 2011. Et donc, les produits pharmaceutiques qui devraient venir le 10 février, ont été détournés en direction du port de Dakar. La Côte d'Ivoire n'aura donc plus de médicaments dans deux mois si la situation perdure.

Qualification juridique de cette situation

Dans la crise post-électorale que vit la Côte d'Ivoire depuis le 28 novembre 2010, le camp du candidat Allassane Dramane Ouattara, soutenu par la communauté internationale notamment l'Union européenne (Ue), vient de prendre la mesure suicidaire d'un embargo sur les produits pharmaceutiques, ce qui est une violation grave des Droits de l'Homme et peut se qualifier de crime contre l'humanité.

En effet, selon l'article 22 de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme :

Toute personne, en tant que membre de la société, a droit à la sécurité sociale, elle est fondée à obtenir la satisfaction des droits économiques, sociaux et culturels indispensables à sa dignité et au libre développement de sa personnalité, grâce à l'effort national et à la coopération internationale, compte tenu de l'organisation et des ressources de chaque pays.

Or en l'espèce, la France qui se considère comme le pays des Droits de l'Homme, par excellence, ainsi que l'Union européenne, par cette mesure privent toute la population ivoirienne sans distinction de race, de clan, ni de religion de médicaments pour se soigner; ce qui est une violation gravissime du droit à la santé qui fait partie des droits sociaux et culturels que protège la Déclaration universelle des Droits de l'Homme.

Aussi, l'article 16 de la Charte africaine des Droits de l'Homme et des peuples, affirme-t-elle ceci : Toute personne à le droit de jouir du meilleur état de santé physique mental, qu'elle soit capable d'atteindre. Les Etats partis à la présente charte s'engagent à prendre les mesures nécessaires en vue de protéger la santé de leur population et de leur assurer l'assistance médicale en cas de maladie.

Par conséquent, la communauté internationale qui prétend protéger la population, est celle-là même qui est en train de la tuer à petit feu en mettant un embargo sur les produits pharmaceutiques en Côte d'Ivoire. Cet embargo est un crime contre l'humanité que condamne la Fidhop avec la dernière énergie.

Recommandations

Au regard des conséquences énormes et néfastes que pourrait entrainer la pénurie de médicaments sur la santé de la population ivoirienne, la Fidhop recommande ceci

1- La levée immédiate de l'embargo émis par l'Union européenne sur les produits pharmaceutiques en Côte d'Ivoire

2- Que l'Union européenne respecte le droit à la santé, tel que prescrit par les instruments internationaux pertinents;

3- Que l'Etat mette tout en ?uvre pour fournir les pharmacies en médicaments afin que la population puisse se soigner;

4- Que la communauté internationale en général fasse preuve de discernement et d'humanisme dans la recherche de solutions pacifiques à la crise ivoirienne.

Fait à Abidjan, le 2 mars 2011

Le président de la Fidhop
Dr Boga Sako Gervais
Enseignant-chercheur à l'Université
Expert en Droit de l'Homme
Président-Fondateur à la Fidhop

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