mercredi 23 mars 2011 par Autre presse

Les vieux démons comme la xénophobie sont de retour. Du moins, c'est qu'on peut dire après avoir traversé les barrages d'autodéfense dressés par les "jeunes patriotes" LMP à Yopougon.
Après l'appel de Charles Blé Goudé, leaders de la galaxie patriotique soutenant l'ex-président Laurent Gbagbo, les barrages d'autodéfense se sont renforcés sur les voies principales de la commune de Yopougon (ouest d'Abidjan), comme le leur a demandé le président du COJEP.

Ces "corridors" dressés par les jeunes civils soutenus par des policiers sont des barrages qui font renaitre le vieux démon comme la xénophobie, cause principale de la crise ivoirienne qui débuté depuis le 19 septembre 2002.

En effet, les ressortissants du nord de la Côte d'Ivoire et les étrangers sont interdits de passage à ces barrages d'autodéfense. Ces jeunes civils contrôlent les pièces d'Identité nationale. A la question de savoir pourquoi ces contrôles d'identités, un "élément" du corridor placé au tournant de l'école primaire GANDHI entre les sous quartiers Toits-Rouges et Camp militaire, nous répond: "Nous cherchons les Burkinabè et les rebelles. On connait leurs noms". Et M. Koné Bakary, habitant le quartier Koweit, fera les frais de son nom. "Avant hier, j'allais accompagner ma famille à la Riviera. Arrivé au barrage de Gandhi, on m'a demandé mes pièces. Ce que j'ai présenté. a la vue de mon nom, le jeune homme me demande de payer 2000FCFA. Quand j'ai demandé pourquoi, il m'a dit que ce nom-là n'avait plus le droit de passer à ce barrage. C'est après négociations que j'ai payé la somme de 500FCFA pour passer avec ma famille", nous confie M. Koné.

Avant lui, Issiaka Kané, un homme bien connu de ces jeunes du quartier Jo'Bourg, a failli payer de sa vie. Des témoignages concordants racontent qu'Issiaka Kané allait payer sa facture de Canal+Horizon. "Arrivé à ce même barrage de Gandhi, les jeunes ont arrêté son véhicule personnel. La voiture a été totalement fouillée avant de le traiter de rebelle. Ils ont décidé de le brûler vif. Mais en le palpant, les jeunes découvrent qu'il avait sur lui la somme de 180.000FCFA dans sa poche. Ils les lui arrachent et le laissent partir", nous raconte un de ses frère qui était avec lui. Cette somme étant destinée à régler sa facture de Canal+Horizon, Issiaka se rend au commissariat du 19e arrondissement de TOITS-ROUGES, pour porter plainte. Un officier lui est confié pour retourner sur les lieux de son agression. Là, stupéfaction! L'officier reconnait ses collègues et supérieur assis dans un bar à environ 50m de là supervisant toutes les activités du corridor géré par des jeunes civils. Sans raison, un de ces officiers, un certain Tapé, donne l'ordre à l'agent commis pour satisfaire à la plainte de M. Kané, de retourner à sa base. Ce que l'agent fait sans rien dire et l'infortuné Kané rentre à la maison sans avoir payé sa facture et sans la somme destinée à son règlement.

Comme quoi, à Yopougon, porter un nom du nord ou être étranger vous enlèvent le droit de circuler dans la commune.

ANGE NICAELLE LYRANE

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