mercredi 23 mars 2011 par L'Inter

La crise post-électorale en Côte d`Ivoire qui a débuté depuis la mi-décembre 2010, a ceci de particulier qu`elle donne lieu à des dérives graves : incendies ou saccages de lieux de culte, violences ou tueries des leaders religieux émaillent. Des agissements d`un autre âge qui font se perdre en conjectures ; étant entendu que toutes les confessions religieuses entretiennent des rapports de bonne intelligence et de cohabitation fraternelle. Qui a donc intérêt à allumer la mèche d`un conflit religieux dans un pays où plus de 38 % des ivoiriens adhèrent à l`islam, 22 % au catholicisme, 5,5 % au protestantisme et 17 % pour les autres religions ? La question mérite d`être posée, surtout que sur le sujet, la Constitution d`août 2000, en son article 30 insiste sur le caractère laïc de la terre d`Eburnie : ``La République de Côte d`Ivoire est une et indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure à tous l`égalité devant la loi, sans distinction d`origine, de race, d`ethnie, de sexe et de religion. Elle respecte toutes les croyances``. Malheureusement, cette prescription ne semble pas influencer les comportements des esprits rétrogrades qui tentent, à des occasions qu`ils trouvent opportunes, de mêler la religion à la politique. Les exemples de leurs méfaits sont légion. Le vendredi 17 décembre 2010, à l`heure de la prière hebdomadaire, des hommes armés en uniforme ont mené une attaque à la grenade à la grande mosquée de Grand-Bassam. Au bilan, des blessés, d`importants dégâts matériels. Le même jour, la mosquée d`Andokoï 3 et la mosquée de Bougouniquin dans la commune d`Abobo ont été également agressées. Et la liste est très longue. Les 25 février 2011, 26 février 2011, 09 mars 2011, 15 mars de la même année... les mosquées des quartiers Yopougon Lem, Sideci marché (Yopougon), Fitya (Abobo), de Port-Bouët II (Yopougon) ont fait l`objet d`attaques, le Coran brûlé et des pertes en vies humaines ont été relevées. L`imam de la grande mosquée de Port-Bouët II, Bamoussa Bamba Diakité, a été tué. Ce même sort a été réservé à l`imam Issiaka Sacko de Bloléquin et son fils, tout comme l`imam Cissé Sessouma de Williasmville et sa mère âgée de plus de 100 ans qui ont, tous, été froidement assassinés. Des actes déviationnistes graves qui n`ont pas manqué d`interpeller la société civile qui a condamné cette race de populations qui espèrent cyniquement transformer des luttes politiciennes en une guerre religieuse. ``Les attaques des lieux de culte peuvent donc s`analyser comme des crimes de guerre passibles de poursuites devant les instances internationales, notamment la Cour pénale internationale (Cpi)``, a réagi Dr N`Gouan Patrick, président de la Convention de la société civile (Csci), qui note que ce genre d`actes violent la Constitution ivoirienne qui garantit la liberté religieuse ainsi que le droit international humanitaire qui protège les lieux de culte, même en période de conflit. Les actes de vandalisme et viols des lieux de culte présentés à tort ou à raison comme des lieux de cache d`armes ne caractérisent pas essentiellement les mosquées. Au niveau des églises, l`on enregistre également des dérives. Dans la première semaine du mois en cours, le curé de la paroisse Sainte Thérèse d`Avila de la prison civile de Yopougon a été sévèrement passé à tabac avec son vicaire. Son tort, il lui est reproché de protéger ``un assaillant`` qui a trouvé refuge dans sa paroisse. Bref, à chaque dérive grave, plusieurs organisations chrétiennes ou musulmanes sont montées en première ligne pour donner de la voix ; à savoir inviter les communauté musulmane et chrétienne à ne pas tomber dans le piège qui veut transformer un conflit politique en un conflit entre religions. Sur les faits, l`on peut affirmer que les confessions religieuses ont bien entendu le message de leurs guides en se démarquant de la guerre religieuse. Mais, pour combien de temps ? La question reste, pour l`instant, entière.

G. DE GNAMIEN


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