samedi 26 mars 2011 par L'Inter

Inédite (deux présidents de la République pour un même pays), la crise post-électorale ivoirienne n'a pas encore fini de révéler toutes ses facettes au monde entier. Cette crise est en train de passer pour le conflit le plus difficile à régler, eu égard à l'échec des efforts entrepris jusque-là pour la dénouer. Quatre mois après la proclamation des résultats du scrutin du 28 novembre 2010, qui a débouché sur cette conjoncture aiguë, le monde entier s'est mobilisé sans pouvoir trouver la formule idéale pour arrêter les affrontements, tueries et autres exactions aujourd'hui responsable d'un exode massif des populations, déjà durement éprouvées, déjà, par des mesures absurdes prises à l'encontre de l'Etat de Côte d'Ivoire. Au commencement était la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Comme c'est le cas dans le fonctionnement des organisations internationales, il appartenait à l'organe sous-régional de monter au créneau pour tenter de désamorcer la bombe ivoirienne. Réunis à plusieurs reprises, les chefs d'Etat de la CEDEAO ont joué leur carte. Alignés derrière la position de l'ONU, qui reconnaît comme président élu Alassane Ouattara, le président en exercice de l'organe ouest-africain, Jonathan Goodluck, et ses pairs vont même envisager l'option de la force dite ''légitime'' pour déloger du pouvoir Laurent Gbagbo. Avant de déchanter de leur propre solution, qui n'aura paru comme un simple chantage auquel n'a pas cédé le locataire du Palais d'Abidjan. Dans la foulée, des émissaires sont successivement commis pour faire plier celui qui a été déclaré vainqueur des élections et investi par le Conseil constitutionnel ivoirien. Les voyages de l'ex-président sud-africain Thabo M'beki, du Premier ministre kenyan... ne donneront aucune suite. Idem pour les injonctions répétées de l'ONU et de grandes puissances mondiales telles la France et les Etats-Unis, très actifs sur le front diplomatique pour ''chasser'' du pouvoir celui qu'il considèrent comme un mauvais perdant dans le jeu démocratique en Côte d'Ivoire. Les résolutions se multiplient au Conseil de sécurité. Les restrictions pleuvent de partout sur la Côte d'Ivoire. Réaffirmation de l'embargo sur les armes, embargo de l'Union européenne sur les ports ivoiriens, embargo sur l'achat des matières premières du pays, fermeture de la BCEAO (banque centrale) aux Ivoiriens, etc. Toutes ces restrictions, qui sèment le désarroi dans le peuple de Côte d'Ivoire ne donneront toujours rien. Jusqu'à présent. Finalement, le dossier va échoir à l'Union Africaine (UA), dont le sommet du 31 janvier 2011 met un point d'honneur sur le règlement de cette crise bouleversante en Côte d'Ivoire. Séance tenante, un panel de chefs d'Etat est désigné pour trouver, sur un délai d'un mois, une thérapie ''contraignante'' à imposer aux deux camps protagonistes de la crise. Au terme de ce délai, et même au delà, le Mauritanien Mohamed Abdel Aziz, le Burkinabé Blaise Compaoré, le Tchadien Idriss Déby Itno, le Tanzanien Jakaya Kikwete et le Sud-Africain Jacob Zuma vont arriver difficilement à emboucher la même trompette autour d'une solution. L'on retiendra de leur mission, le communiqué alambiqué produit par le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'UA, le 10 mars dernier, reconnaissant Alassane Ouattara comme président et demandant au même Conseil constitutionnel qui a déjà reconnu et investi Laurent Gbagbo comme président de la République, de lui donner la même onction pour gouverner. Une décision difficile à mettre en ?uvre, que le CPS a décidé de confier à un Haut représentant attendu en vain jusqu'à ce jour. Alors qu'il était prévu qu'il débute sa mission avant le jeudi passé. Entrevoyant un échec de la médiation de l'instance panafricaine, la CEDEAO a entrepris de reprendre en main le dossier. Retour à la case départ. Tous les regards vont rester tournés vers Abuja, jusqu'à ce que là encore, l'on entende les dirigeants ouest-africains s'en remettre à nouveau à l'ONU. Celle-là même qui s'illustre déjà en instigateur, mais également partie prenante à toutes les initiatives au-delà des assises et des décisions du Conseil de sécurité, qui n'ont elles-mêmes rien donné jusque-là. En définitive, CEDEAO, UA, ONU, toutes se sont fourvoyées dans la crise ivoirienne dont la complexité n'est plus à démontrer, comparativement à des conflits plus récents tels ceux qui ont secoué les pays arabes du Maghreb, en particulier le cas de la Libye, où les puissances mondiales semblent plus à l'aise pour intervenir. La résolution de ces crises n'a-t-elle pas détourné les regards du bourbier ivoirien? Voilà qui devrait interpeller les acteurs politiques ivoiriens à travailler pour un dialogue interne, la seule alternative restante pour arrêter la saignée, sauver encore des vies et mettre fin à la misère du peuple que tous prétendent vouloir servir.

Félix D.BONY


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