lundi 28 fevrier 2011 par AFP

La tension est montée lundi entre les partisans du président ivoirien sortant Laurent Gbagbo et l`ONU, avec deux sérieux incidents rapportés par les Nations unies, tandis que les deux camps s`affrontaient autour d`une présumée affaire de livraison d`armes.

Deux employés de la force de l`ONU en Côte d`Ivoire, l`Onuci, ont été enlevés lundi à Abidjan par des jeunes partisans de M. Gbagbo avant d`être relâchés quelques heures plus tard, a indiqué le porte-parole de l`Onuci, Hamadoun Touré.

Le même jour, des experts du Comité des sanctions de l`ONU et un officier des forces de maintien de la paix ont essuyé des tirs provenant des forces de M. Gbagbo à l`aéroport de Yamoussoukro (centre), selon un responsable onusien.

Cette équipe s`était rendue à l`aéroport pour vérifier une information faisant état de la livraison d`hélicoptères en provenance du Bélarus "mais ont été dans l`incapacité" de le faire, a dit le porte-parole de l`ONU Martin Nesirky.

Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a demandé une réunion urgente du Conseil de sécurité, tandis que le comité des sanctions sur la Côte
d`Ivoire doit se réunir lundi.

M. Ban et le président des Etats-Unis Barack Obama sont "inquiets" de "l`escalade de la violence" en Côte d`Ivoire, selon l`ambassadrice américaine
à l`ONU, Susan Rice.

Le Bélarus a démenti toute violation de l`embargo sur les armes décrété en 2004 et dénoncé une "possible campagne destructrice" à son encontre.

Le gouvernement Gbagbo a fustigé un "complot" et un "mensonge pour justifier une attaque" de l`ONU.

Il accuse l`Onuci, dont il réclame le départ, d`être complice des "rebelles" des Forces nouvelles (FN), alliés à Alassane Ouattara, reconnu chef de l`Etat par la communauté internationale après le scrutin de novembre.

Selon le gouvernement Gbagbo, ce sont des éléments FN infiltrés que ses forces armées affrontent depuis plusieurs jours à Abidjan en des combats meurtriers à Abobo (nord), fief de son rival.

Le climat demeurait pesant dans la capitale économique notamment à Yopougon (ouest), bastion de M. Gbagbo désormais constellé de barrages de "jeunes
patriotes", ses ardents partisans, parfois armés de machettes et de gourdins.

Leur chef Charles Blé Goudé a appelé la semaine dernière les jeunes à "s`organiser en comités" pour empêcher "par tous les moyens" l`Onuci de circuler.

A Abobo et dans le quartier voisin d`Anyama, où un couvre-feu nocturne a été reconduit jusqu`à jeudi matin, la situation humanitaire devenait inquiétante, sur fond d`exode de la population.

Quelque 3.000 personnes se sont déjà réfugiées dans deux missions catholiques, "dans une promiscuité indescriptible", a déclaré l`abbé Augustin Obrou, porte-parole de l`archevêché d`Abidjan.

Pour ceux qui sont restés chez eux, le quotidien est de plus en plus pénible, entre coupures d`eau et d`électricité et "problème de nourriture", selon un habitant.

Malgré tout, alors que le calme est revenu depuis dimanche matin, dans le secteur "PK-18", au coeur de la zone des combats, la vie avait commencé à reprendre son cours lundi, a rapporté une jeune mère restée avec sa famille,
qui dit avoir vu dans le secteur des insurgés en armes et munis de gris-gris.

Dans la nuit de samedi à dimanche, le "commando invisible", comme le surnomme la presse ivoirienne, s`en est pris à un symbole du régime Gbagbo, la télévision publique RTI dont le centre émetteur a été endommagé lors de combats, ce qui a coupé le signal hertzien dans la zone d`Abidjan.

La RTI est toutefois parvenue lundi à émettre de nouveau, mais avec une image de très mauvaise qualité.

La nouvelle médiation africaine prend quant à elle du retard. Un panel de chefs d`Etat devait annoncer au plus tard ce lundi des solutions "contraignantes", mais il a prévu de ne se réunir que vendredi.

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023