lundi 28 mars 2011 par L'Inter

Alassane Ouattara désigné vainqueur du scrutin du 28 novembre 2010 par la Commission électorale indépendante (CEI) en Côte d'Ivoire et ses partisans viennent de commettre une grave erreur d'appréciation dans la recherche de solution à la crise résultant de ces élections. A peine connu le nom du Haut représentant prévu par l'Union Africaine pour trouver une voie de mise en ?uvre d'une série de décisions prise par le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine (UA), ils se sont braqués contre la personnalité désignée. Dans un communiqué rendu public, samedi, le président reconnu par la communauté internationale a récusé formellement le choix de l'UA porté sur la personne de M. José Brito, ancien ministre des Affaires étrangères cap-verdien. M. Ouattara exprime sa surprise pour ce choix et regrette qu'il n'en ait pas été préalablement ''consulté'' ou ''approché''. Il émet des doutes sur l'impartialité de l'ex-chef de la diplomatie cap-verdien dont il dénonce des relations personnelles et des accointances politiques avec son rival Laurent Gbagbo qui occupe le Palais d'Abidjan. De plus, cette décision n'est pas conforme à la volonté exprimée de nommer un ancien chef d'Etat dans cette fonction. En conséquence, la présidence de la République de Côte d'Ivoire récuse M. José Brito en qualité de haut représentant de l'UA pour la Côte d'Ivoire. Pourquoi une telle réaction si prompte du camp Ouattara? Deux réponses possibles à cette question. Primo, il peut s'agir d'une stratégie de pression pour le président proclamé par la CEI et ses partisans sur le haut fonctionnaire cap-verdien pour prévenir ce nouveau médiateur sur leur détermination à ne céder à aucune complaisance dans sa conduite du dossier entre ses mains. Si c'est le cas, une telle attitude pourrait aussi s'interpréter autrement et donner l'impression que le camp Ouattara ne se fait pas confiance, au point de rechercher la petite bête dans les personnalités commises pour trouver une issue à la crise ivoirienne. N'avait-il pas récusé le Sud-africain, Jacob Zuma? Et pourtant, tout le monde connait la position de M. Zuma aujourd'hui. A moins que cette position n'ait été obtenue au forceps dans le jeu des relations internationales. Dans un second volet, M. Ouattara et ses hommes prennent leur menace au sérieux et rejettent catégoriquement la médiation de M. Brito. Dans ce cas, ce serait une grave erreur de leur part en jugeant l'homme déjà avant de l'avoir appréhendé dans ses actes. Le ministre José Brito peut être ami à Laurent Gbagbo et conduire pleinement sa mission sans compromission. Ce ne sont pas les exemples qui devraient manquer au champion du Rassemblement des Houphouétistes et à ses proches. Le cas le plus patent n'est-il pas la réaction de l'ancien ministre de la culture français, grand ami du locataire actuel du palais d'Abidjan? Jack Lang fait partie des premières personnalités à avoir demandé, depuis le début de cette crise post-électorale, à Laurent Gbagbo de quitter le palais pour céder son fauteuil à Alassane Ouattara dont il reconnaît la victoire. Rien ne présage, dès-lors que M. Brito vient à Abidjan en partenaire pour le camp présidentiel. Ce, d'autant plus qu'il est mandaté pour une mission apparemment bien ficelée qu'est la tenue de "négociations entre les parties ivoiriennes afin d'élaborer un schéma de mise en ?uvre des propositions'' de crise adoptées par le Conseil de paix et de sécurité de l'UA lors de sa réunion du 10 mars dernier à Addis-Abeba. Cette réunion avait réaffirmé l'élection de M. Ouattara et demandé au Conseil Constitutionnel ivoirien, qui avait proclamé vainqueur et investi M. Gbagbo, d'investir le président qu'elle a reconnu pour lui donner les rênes du pouvoir. La feuille de route telle que présentée, ne devrait inquiéter outre mesure le camp Ouattara quelle que soit l'origine ou la qualité de la personnalité désignée pour conduire la mission. Qu'est-ce qui agite, donc, tant les pensionnaires du Golf Hôtel d'Abidjan? N'ont-il plus foi en leur combat? Ce sont les questions que suscite cette sortie spontanée des dirigeants du RHDP chez qui la sérénité ne semble pas de mise. Alors que le contraire aurait été le plus compréhensible. En tout cas, c'est une grave erreur politique voire diplomatique pour le camp Ouattara de vouloir récuser le haut représentant désigné par l'UA avant que ce dernier n'ait commencé sa mission. Il faut voir à l'?uvre la personnalité choisie et apprécier ses actes, qui méritent qu'on y prête plus attention qu'à sa personne. Le monde entier n'a-t-il pas les yeux rivés sur la question ivoirienne? Voilà qui ne justifie pas la sortie de M. Ouattara. Sauf si cette sortie cache autre chose que le grand public ne sait pas encore. Toujours est-il que José Brito récusé, rien ne garantit que le choix d'une autre personnalité ne fera pas l'objet d'un autre blocage. Du camp Gbagbo, notamment!

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