mardi 29 mars 2011 par Le Patriote

Le conflit postélectoral en Côte d'Ivoire entraîne chaque jour un exode massif de populations civiles, et toutes les sources concordent pour indiquer que plus de 500 000 personnes ont déjà été poussées à quitter leur domicile d'Abidjan, la capitale économique ivoirienne, et que plusieurs dizaines de milliers d'autres tentent chaque jour de s'enfuir.
Dans le périmètre même de la ville d'Abidjan, les déplacés de toutes origines fuyant les zones de guerre et les quartiers ciblés par les massacres des forces favorables à l'ex-président Gbagbo se comptent par centaines de milliers.
La situation sécuritaire, sanitaire et humanitaire se dégrade dangereusement au quotidien, et les biens de première nécessité ainsi que les médicaments se raréfient, faute d'approvisionnement régulier des marchés et des commerces.
Initialement limité aux populations fuyant les combats de l'ouest du pays, les réfugiés ivoiriens affluent à présent de la grande métropole ivoirienne qui compte environ cinq millions d'habitants.
A Abidjan, depuis plusieurs semaines, les populations civiles ne présentant pourtant aucun danger autre qu'être suspectées d'avoir élu le Président Ouattara, sont attaquées de façon indiscriminée, atroce et aveugle, à l'arme lourde, à la roquette et avec des chars de combat. De nombreux biens et domiciles privés, y compris ceux appartements aux immigrés de la sous-région d'Afrique de l'Ouest installés en Côte d'ivoire, ont été pillés, saccagés voire brûlés.
L'ampleur des violences et des violations de toute nature fait l'objet de nombreuses dénonciations nationales et internationales.
Valérie Amos, sous-secrétaire générale de l'ONU pour les affaires humanitaires, a exprimé, le jeudi 24 mars 2011, une grave inquiétude à propos de la situation humanitaire qui se détériore rapidement en Côte d'Ivoire :
Plus de 460 personnes ont été tuées depuis début décembre, beaucoup plus ont été blessées, y compris des femmes et des enfants. Quelques 500.000 personnes ont été déplacées à l'intérieur du pays et plus de 90.000 ont fui le pays . L'escalade de la violence et l'utilisation d'armes lourdes, particulièrement dans des zones urbaines, fait monter le bilan (des morts et des blessés) dans la population civile , a-t-elle précisé. Et d'ajouter : Je suis aussi inquiète du harcèlement d'immigrés d'autres parties de l'Afrique de l'Ouest, dont des milliers fuient le pays . J'appelle ceux impliqués dans la violence à respecter les civils , a-t-elle conclu.
De son côté, le camp du président élu dénombre au moins le double des chiffres annoncés par l'ONUCI.
Conséquence de toutes ces violences : la ville d'Abidjan se vide chaque jour de sa population. Tous les pays limitrophes sont touchés par ces vagues d'émigrants, et principalement le Libéria qui peine à panser les plaies de sa longue guerre civile, puis la Guinée Conakry qui sort de son côté de cinquante années de dictature militaire, le Mali et le Burkina Faso qui comptent plusieurs millions de ressortissants installés en Côte d'Ivoire, le Ghana et même le Togo, le Bénin, la Mauritanie et le Niger qui sont des pays plus éloignés.
Au-delà de la ville d'Abidjan, de sa région et de l'Ouest du pays, cette situation entraîne progressivement une grave crise humanitaire sous-régionale et menace sérieusement l'équilibre et la stabilité de l'ensemble de la CEDEAO.
Les prémisses de la guerre civile sont en place avec les appels répétés au pogrom, le recrutement massif de patriotes , de miliciens et de mercenaires, la distribution d'armes de guerre à une partie de la population civile, l'érection de barrages sur tous les axes routiers de la capitale par des personnes non habilitées, la sélection xénophobe, ethnique et religieuse des populations qualifiées de rebelles , de bandits et de terroristes qu'il faut neutraliser selon l'appel lancé le 17 mars 2011 à la télévision publique par Laurent Gbagbo, le président sortant, battu lors de l'élection présidentielle du 28 novembre 2010, mais qui refuse depuis de céder son fauteuil au président élu, M. Alassane Ouattara.
Manifestement, la situation en Côte d'Ivoire est devenue une véritable menace pour la paix et la sécurité de la sous-région, et un guêpier pour les populations prises dans des affrontements dont tout laisse penser qu'ils vont se poursuivre, voire s'intensifier.
Dans ces conditions, la présence en Côte d'Ivoire des forces de l'ONUCI composées de plus de douze mille hommes disposant d'équipements militaires appropriés, mais limitées dans leurs moyens politiques par la définition de leur mandat les empêchant d'exécuter efficacement le volet de leur mission de protection des populations civiles, est un véritable scandale international.
C'est pourquoi, à la suite de la résolution spéciale adoptée par la CEDEAO le 24 mars 2011 à l'issue de sa réunion extraordinaire tenue à Abuja (Nigéria), le mandat, les missions et les objectifs de l'ONUCI doivent être actualisés et réadaptés à la situation du terrain, en vue d'améliorer son efficacité dans la protection des populations civiles et de leurs biens. L'ONUCI doit :
1) Neutraliser au sol et dans ses bases, l'armement militaire de Laurent Gbagbo qui sert à attaquer et à tuer les civils innocents ;
2) Neutraliser les caches d'armes et les camps militaires d'où partent les armements et les forces de répression ;
3) Anticiper toutes les initiatives de réarmement de Laurent Gbagbo ;
4) Poursuivre et renforcer les patrouilles dans toutes les zones sensibles pour être le plus proche possible du théâtre des opérations ;
5) Poster des unités statiques décentralisées dans les quartiers à forte concentration de populations cibles ;
6) Faire usage de la force chaque fois que nécessaire, en défense ou en protection des civils et de leurs biens ;
7) Contribuer à faire lever le blocus de l'hôtel du Golf où le Président élu et les membres de son gouvernement sont assiégés depuis le 28 novembre 2010 ;
8) Encadrer et protéger toutes les manifestations pacifiques de rue.
En plus de ces questions spécifiques à l'ONUCI, la Cour Pénale internationale doit être invitée à envoyer de façon diligente en Côte d'Ivoire, une mission exploratoire pour évaluer toutes les allégations de violations des droits humains susceptibles d'entrer dans son champ de compétence.
Si ces mesures sont décidées et mises en application, gageons qu'elles mettront fin très rapidement à l'exode des populations et permettront, dans des délais relativement courts, leur retour dans leurs habitations d'origine. Les risques sécuritaires et humanitaires liés à la crise politique pourront ainsi s'estomper rapidement pour laisser place à la reprise d'une vie normale et paisible.
Mais s'il faut espérer une décision de l'ONU, il faut aussi craindre qu'elle ne suffise pas, à elle seule, pour combler toutes les attentes des populations. La crise postélectorale ivoirienne dure depuis bientôt quatre mois. A la fin de l'année 2010, qui aurait pensé que le Président Ouattara ne serait pas encore au Palais Présidentiel fin mars 2011, et que la situation des civils serait mise en grand péril par l'ex-président Gbagbo ?
Aujourd'hui, l'action de la communauté internationale en Libye rend encore plus incompréhensible pour les non-initiés , sa passivité en Côte d'ivoire où elle se contente de déclarations de bonnes intentions et de mesures conservatoires .
Pour en rajouter à la prudence, sinon à la méfiance, qu'il faut avoir à l'égard des organisations internationales dans cette crise ivoirienne, en Afrique même, les décisions de l'UA ressemblent à s'y méprendre à la mise en place d'un processus dilatoire. Haut-Représentant dialogue inter-ivoirien Conseil Constitutionnel! On s'installe dans la durée. Au finish, on a reconnu M. Ouattara comme Président mais on édicte des modalités difficiles voire impossibles à mettre en ?uvre, lorsqu'on ne s'abstient pas purement et simplement d'agir !
Et, pour corroborer ce sentiment, M. Ouattara vient de récuser M. José Brito (présenté par plusieurs sources comme Ivoiro-Cap-Verdien et ancien militant du FPI), nommé le 26 mars 2011 en qualité de Haut-Représentant de l'UA pour la Côte d'Ivoire par M. Jean Ping, président de la Commission de l'Union Africaine, nomination que, de son côté, l'ex-Président Gbagbo a évidemment aussitôt acceptée. C'est déjà, à nouveau, l'impasse. Pour combien de temps ? Quelques jours, quelques semaines ou quelques mois ? Et qu'en sera-t-il pour le dialogue inter-ivoirien ou encore pour le Conseil Constitutionnel ?
Et si les Ivoiriens décidaient à présent de récuser l'UA elle-même afin de finir par leurs propres moyens ce qu'ils ont commencé successivement avec les élections du 28 novembre 2010, les Forces Républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI), le Commando Invisible et en organisant ici et maintenant la résistance populaire à l'oppression, ville par ville, quartier par quartier, rue par rue et maison par maison ?
Sinon, ils risquent fort de devoir attendre encore longtemps et continuer à fuir leurs habitations et leur pays, avant de finir par vivre en exil ! Pour ceux qui ne pourront pas fuir, il ne leur restera qu'à se soumettre à l'oppression.
C'est pourquoi, chers Ivoiriens, organisez-vous pour ne plus être tués les uns après les autres dans vos maisons ! Organisez-vous par zones et par affinités pour résister et chasser Gbagbo ainsi que tous ceux qui le représentent dans votre environnement !
Gbagbo, ses miliciens, ses patriotes et les militaires qui les soutiennent encore ont peur. Peur de votre majorité, peur de votre solidarité et peur de votre résistance. Ne les voyez-vous pas tenter de se mettre, eux-mêmes et leurs familles, à l'abri ? Ils savent que leur cause n'est pas juste et que leur usurpation du pouvoir est limitée dans le temps.
Alors, résistez en attendant que les FRCI gagnent la bataille militaire et libèrent le pays comme Paul KAGAME et l'Armée Patriotique Rwandaise (APR) l'ont fait en 1994 au Rwanda !
Vous gagnerez ainsi définitivement votre paix, votre sécurité, votre indépendance et votre liberté vis-à-vis de tous.
Ronchard LAGOUTTE
Québec - CANADA


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