mardi 29 mars 2011 par Le Temps

28 novembre 2010-29 mars 2011. Quatre mois après l'élection présidentielle, Alassane Dramane Ouattara, candidat de la France n'est toujours pas parvenu à s'offrir le fauteuil présidentiel en Côte d'Ivoire.

A l'issue de la 265e Assemblée du Conseil de paix et de sécurité tenue à Addis-Abeba le 10 mars 2011, l'Union africaine déclarait Alassane Ouattara président élu selon la certification du Représentant du Secrétaire général des Nations unies et demandait par la même occasion au Conseil constitutionnel de Côte d'Ivoire de l'investir en cette qualité et titre. Il faut tout de même indiquer que la nécessité du supposé président élu , Alassane Dramane Ouattara, de se faire investir par le Conseil constitutionnel rend la tâche difficile voire caduque, illusoire et même désespérée sauf cataclysme. Pour la simple raison - c'est de notoriété publique-, que la décision de cette Institution suprême n'est susceptible d'aucun recours. Or, il se trouve que cette supposée victoire si elle doit être validée comme telle, passe nécessairement par le sceau du Conseil constitutionnel de Côte d'Ivoire. A noter également, que le blocage s'est vite étalé au grand jour et le président élu par le Conseil constitutionnel de Côte d'Ivoire, Laurent Gbagbo continue de diriger le pays avec toute la caution légale des Institutions républicaines. Le choix d'un haut Représentant comme l'indique le point 8 du communiqué de cette 265e réunion du Cps, a porté sur le ministre capverdien des Affaires étrangères José Brito. Le retard de deux semaines accusé par ce choix reste anecdotique à côté de la suspicion qui pèse sur l'émissaire de l'Union africaine. Sitôt nommé, celui-ci est récusé par le camp Ouattara qui l'accuse d'être un pro-Gbagbo . Une autre obstruction sur la route du dénouement possible version Union africaine de la crise ivoirienne. C'est à ce niveau que joue le facteur temps.
En effet, le temps mis pour dénouer la crise née de la dernière élection présidentielle, du 28 novembre 2010, - mais qui n'est, en réalité, qu'une crise vieille de neuf (9) ans si l'on tient compte de l'ambition présidentielle de M. Ouattara à partir du déclenchement de la rébellion en septembre 2002-, pourrait contrarier les plans de la coalition rebelle soutenue par la France et pourrait s'avérer favorable au président déclaré vainqueur selon la légalité constitutionnelle et donc légitime aux yeux des populations ivoiriennes très respectueuses de leurs lois. D'autant que les mesures contraignantes, le gel des avoirs du président réélu et de ses proches collaborateurs, les sanctions ciblées, les embargos sur les deux ports ivoiriens Abidjan et San Perdo, la fermeture de cinq grandes banques commerciales occidentales, l'embargo sur les armes, sur l'exportation du cacao et café, deux mamelles nourricières de l'économie de ce pays et celui sur les produits pharmaceutiques, afin d'affaiblir le président Laurent Gbagbo, n'ont eu que l'effet d'une tempête dans un verre d'eau. Très vite contournées par le gouvernement du Premier ministre Marie Gilbert Aké NGbo, ces mesures, bien que contraignantes ont constitué un véritable levain dans la lutte patriotique. Elles ont plutôt raffermi les liens entre les populations qui se retrouvent victimisées sans pour autant que cela soit l'objectif initial des initiateurs. Et rendu solide la cohésion nationale entre les peuples de divers horizons vivant sur la terre ivoirienne. L'option de la lutte armée, la guérilla urbaine pas plus que les mesures économiques déshumanisantes, a elle aussi au-delà de la psychose qu'elle crée dans les couches sociales, rapproché ces mêmes populations. En attestent les actions de solidarité gouvernementale envers les déplacés des zones de conflits qui opposent les Forces de défense et de sécurité de Côte d'Ivoire et les mercenaires recrutés pour combattre aux côtés de la rébellion de M. Ouattara. Les victimes des atrocités commises par ces mercenaires et ces rebelles tant à Abobo qu'à l'Ouest du pays se rendent de plus en plus compte que leur salut se trouve dans la République. Fuyant les zones de conflits, ces déplacés font l'amer constat que ni le gouvernement d'Alassane Dramane Ouattara, ni Guillaume Soro, Secrétaire général de la rébellion encore moins les autres dirigeants de la coalition de l'opposition armée du Rhdp que sont Henri Konan Bédié, Albert Mabri Touakeusse, Innocent Anaky Kobenan, ne leur ont prêté aucune attention ne serait-ce qu'une assistance sociale d'urgence. En pareille situation, le choix est vite fait. Qu'on ne s'y trompe pas, le grand rassemblement réussi autour la République appelé samedi 26 et dimanche 27 mars 2011, par Charles Blé Goudé le ministre de la Jeunesse et de l'Emploi, par ailleurs, président de l'Alliance des jeunes patriotes, est la parfaite illustration que les populations ivoiriennes toutes tendances confondues ne se font désormais aucune illusion. La réalité du pouvoir est avec le président Laurent Gbagbo et nulle part ailleurs. Et cela, grâce à l'effet du temps. Le président Gbagbo lui-même ne disait-il pas que le temps est l'autre nom de Dieu ? De fait, l'objectivité politique commande à reconnaitre que ce temps écoulé depuis le 28 novembre 2010 à aujourd'hui 29 mars 2011, a véritablement joué en faveur du tenant des rênes du pouvoir, Laurent Gbagbo. L'homme d'Etat ivoirien a pianoté sur un clavier à deux intonations majeures pour y parvenir. Sans conteste, il s'agit de la résistance civile et militaire autour de la Constitution. La loyauté, la fidélité et la reconnaissance de la primauté de la Constitution ivoirienne par les Ivoiriens eux-mêmes sur toutes les autres considérations, a été un facteur très déterminant. Le couple Peuple-Armée est celui qui a pu transcender pour transformer le poison de la lutte armée et de la guerre civile prônée par Alassane Dramane Ouattara en un élixir salvateur dans lequel la société ivoirienne se reconnaît naguère.

Simplice Allard
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