jeudi 31 mars 2011 par AFP

ABIDJAN - Une grande peur s`est emparée jeudi d`Abidjan, où des rafales d`armes automatiques et des tirs d`arme lourde ont retenti par intermittences durant la journée, tandis que certains secteurs
étaient livrés aux pillages.
"On s`est enfermés dans la chambre, ça tire très fort puis ça s`arrête", a
raconté à l`AFP, la gorge nouée par l`angoisse, une habitante de Cocody
(nord), quartier chic abritant la résidence du président sortant Laurent
Gbagbo et la télévision d`Etat RTI.
La situation restait à la nuit tombée des plus incertaines, et il était la
plupart du temps impossible de dire qui tirait, des forces armées loyales à M.
Gbagbo, de miliciens ou des insurgés soutenant Alassane Ouattara, reconnu chef
d`Etat par la communauté internationale.
Depuis le milieu de la matinée, les rues de la turbulente métropole avaient
été désertées. Le quartier du Plateau, dédié à l`administration et aux
affaires et où est situé le palais présidentiel, s`est rapidement vidé. Et
l`immense silence qui régnait était troué régulièrement par des détonations,
des coups de feu ou des rafales.
L`absence totale de forces de l`ordre dans une grande partie d`Abidjan
laissait la voie libre aux pillards dans la capitale économique qui comptait
avant la crise post-électorale cinq millions d`habitants, dont beaucoup vivent
dans la pauvreté.
La "Zone 4", secteur du quartier de Marcory (sud) réputé pour sa vie
nocturne et ses commerces, et où vivent de nombreux expatriés, a été la cible
de pillages.
La force militaire française Licorne a dû y déployer une cinquantaine
d`hommes pour dissuader les bandes de voyous.
"On est à la maison, on entend des tirs, on ne sait pas exactement ce qui
se passe mais il paraît qu`il y a des gens qui ont pillé un glacier, et puis
il y a des hélicoptères de la Licorne qui survolent la zone", a déclaré une
habitante du secteur.
"On ne sait pas ce qui se passe, on a peur", a dit un autre.
Dans le quartier populaire de Koumassi, un témoin a vu des jeunes regagnant
leur domicile, chargés de ventilateurs et d`autres matériels.
A Cocody, de jeunes hommes revenaient d`un hypermarché en emportant avec
eux des matelas, des appareils électro-ménagers et de la nourriture, selon un
résident.
Pour un Français installé depuis des années à Abidjan, "si l`ordre ne
revient pas rapidement, ça va être l`enfer cette nuit".

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