vendredi 1 avril 2011 par Slate

Le dessinateur burkinabè Damien Glez décrypte la religion selon Laurent Gbgabo avec une illustration et un texte inédits.

Le frère en Christ Gbabgo est-il un illuminé mystique? Un croisé qui rêve d'évangéliser le nord de la Côte d'Ivoire? Un taliban chrétien, comme le qualifient certains forums sur Internet?

Slalomons entre les outrances ivoiro-ivoiriennes: la crise d'Eburnie n'est pas une guerre de religion. Elle est d'abord le bras de fer de politiciens ambitieux qui instrumentalisent à l'envi le régionalisme ou les croyances. Mais pour Laurent Gbagbo, la foi est bien un carburant. Celui qu'on surnomme le Christ de Mama, en référence à son village, y puise des certitudes. En 2000, le journal Notre Voie relayait les propos d'un prédicateur évangéliste qui voyait dans la première ?la seule?? élection de Gbagbo à la présidence le choix de Dieu.

Depuis l'imbroglio électoral de décembre dernier, dans certains temples, des prêches qualifient la position de la communauté internationale de guerre du diable contre la Côte d'Ivoire. Le président sortant-qui-ne-veut-pas-sortir a beau jeu de se croire messianique
Ancien séminariste catholique, Laurent Koudou Gbagbo embrasse la religion évangélique à la fin des années 90. Son épouse Simone, devenue première dame, constitue un groupe de prières à l'Assemblée nationale. Au fil des mois, le couple tisse autour de lui un réseau spirituel de plus en plus dense: le fameux pasteur-conseiller Moïse Koré, la fondatrice de la Mission la chapelle de la Grâce Cyprienne Flumoku, le révérend Paul Ayo du Haut Conseil Protestant et Evangélique de Côte d'Ivoire, le président des Assemblées de Dieu docteur Jean-Baptiste Nielbien, ou encore le neveu de Simone, le bishop-rappeur Guy Vincent Turbo Kodja.

Malgré ses allures fondamentalistes, Laurent Gbagbo n'est pas un protestant orthodoxe. Se conformant aux rites traditionnels malinké, c'est hors de l'Eglise, en 2001, qu'il a passé la corde au cou de la musulmane Nadiana BambaMais les autorités protestantes peinent à excommunier cette brebis polygame. Même leurs cousines catholiques ont du mal à condamner le manque de charité chrétienne du vrai-faux président envers son prochain du Nord, Ouattara. Le cardinal Bernard Agré n'a-t-il pas appelé à respecter la décision du Conseil constitutionnel ?par solidarité chrétienne?

Certains observateurs voient d'un autre ?il la foi de charbonnier du boulanger d'Abidjan (le surnom de Laurent Gbagbo, qui se plaît à rouler ses partenaires dans la farine). Le régime Gbagbo serait le cheval de Troie de fondamentalistes chrétiens américains, de leurs églises apocalyptiques islamophobes, de leurs milieux d'affaires ?voire de la C.I.A. Coïncidence? La révélation évangéliste du fils de Mama remonterait à un voyage aux Etats-Unis, en 1997. Soit. Mais son adversaire Alassane Ouattara, qui vécut à Washington comme directeur adjoint du Fonds monétaire international, fut, lui aussi, qualifié de suppôt de la CIA. Les voies du Seigneur et de l'Oncle Sam sont impénétrables

La foi de Saint-Laurent Gbagbo lui donne sans doute de l'aplomb. Cela fait-il de lui un candidat au martyre? Son saint patron, Laurent de Rome, est mort grillé en l'an 1687 avant Gbagbo

Damien Glez ... suite de l'article sur Slate

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