lundi 4 avril 2011 par AFP

PARIS, La France s`est engagée militairement lundi dans
le conflit ivoirien en menant des bombardements aux côtés de l`ONU, faisant fi
des accusations du camp Gbagbo et ouvrant pour son armée un deuxième front en
un peu plus de deux semaines, après l`intervention en Libye.
Les troupes françaises ont été autorisées à participer à des actions armées
à Abidjan menées par celles de l`ONU en Côte d`Ivoire (Onuci) afin de
neutraliser les armes lourdes utilisées par le camp Gbagbo contre les
populations civiles, a annoncé dans la soirée la présidence française.
Cette intervention fait suite à une demande expresse du secrétaire général
de l`ONU, Ban Ki-moon, transmise dimanche au président français Nicolas
Sarkozy, pour "mettre hors d`état de nuire les armes lourdes qui sont
utilisées contre les populations civiles et les Casques bleus", ont indiqué
lundi des responsables des Nations unies à New York.
M. Sarkozy "a répondu positivement à cette demande et autorisé les forces
françaises" de l`opération Licorne "à participer aux opérations conduites par
l`Onuci en vue de la protection des civils", a expliqué l`Elysée.
Lundi, M. Ban a tenu à souligner que l`Onuci n`était "pas partie prenante"
dans le conflit ivoirien et que les troupes françaises et celles de l`ONU
visaient à protéger les civils et non à s`attaquer au président sortant
Laurent Gbagbo.
A Paris, l`état-major des armées a précisé lundi soir que des hélicoptères
des forces françaises engagés dans la journée à Abidjan avaient visé des armes
lourdes et des détachements de blindés "utilisés contre la population civile".
Depuis plusieurs jours, les autorités françaises n`ont eu de cesse
d`affirmer que "les forces françaises n`agissent qu`en soutien de la Mission
de l`ONU en Côte d`Ivoire".
Dans le même temps, le déploiement militaire français en Côte d`Ivoire a
presque doublé. De 900 hommes, il est passé en début de semaine à environ
1.650 hommes, alors que la France est engagée depuis le 19 mars dans un autre
conflit sous le drapeau de l`ONU, contre le régime libyen de Mouammar Kadhafi.
A Abidjan, la force française Licorne avait pris dimanche le contrôle de
l`aéroport, suppléant l`Onuci que Paris appelait depuis plusieurs semaines à
jouer un rôle plus efficace. Cette dernière force est composée de quelque
10.000 membres, policiers et militaires.
Lundi, les combattants d`Alassane Ouattara, reconnu internationalement
comme le nouveau président de Côte d`Ivoire, sont passés à nouveau à
l`offensive pour réduire les derniers bastions des troupes de Laurent Gbagbo,
chef d`Etat sortant refusant de quitter ses fonctions.
Le camp d`Alassane Ouattara avait réclamé durant le week-end une "forte
implication de la France" et de l`ONU. "Il y a des accords de défense entre la
Côte d`Ivoire et la France, nous pouvons invoquer ces accords. Alassane
Ouattara pourrait demander que la France intervienne plus massivement", a
déclaré Ally Coulibaly, son ambassadeur à Paris.
Dans le même temps, toujours à Paris, Toussaint Alain, un conseiller de
Laurent Gbagbo, accusait la force Licorne d`agir "comme une armée d`occupation
en dehors de tout mandat" de l`ONU. Il a dénoncé lundi soir les bombardements
à Abidjan comme des "actes illégaux" et une "tentative d`assassinat" du
président sortant.
L`ex-puissance coloniale qui avait réduit ces dernières années sa présence
militaire en Côte d`Ivoire, tout en tentant d`y préserver ses intérêts
économiques, avait cherché jusqu`à présent à rester à l`écart des combats.
Pour justifier sa posture militaire, elle a brandi la nécessité de protéger
les ressortissants français et étrangers ainsi que les populations civiles.
Selon le Quai d`Orsay, plusieurs personnes, dont deux Français, ont été
enlevés lundi par des "hommes en armes" à l`hôtel Novotel d`Abidjan.
Le dernier affrontement armé entre la France et les forces de Laurent
Gbagbo remonte à novembre 2004, avec un bombardement de l`aviation ivoirienne
causant la mort de neuf soldats français à Bouaké (centre).
Des heurts entre l`armée française et des manifestants ivoiriens à Abidjan
avaient ensuite fait 57 victimes ivoiriennes, précipitant un départ du pays de
près de 8.000 ressortissants français.

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