mercredi 6 avril 2011 par AFP

Les forces du président ivoirien reconnu par la
communauté internationale Alassane Ouattara ont lancé mercredi à Abidjan
l`assaut final contre le bunker où est retranché le chef de l`Etat sortant
Laurent Gbagbo, une "tentative d`assassinat" selon son camp.
"On va sortir Laurent Gbagbo de son trou et le remettre à la disposition du
président de la République", a annoncé à l`AFP Sidiki Konaté, porte-parole de
Guillaume Soro, Premier ministre de M. Ouattara.
"Le président Ouattara a estimé que les négociations engagées pour obtenir
la reddition de Gbagbo traînaient en longueur. Il a donc décidé d`intervenir
militairement pour essayer de régler le problème, c`est-à-dire de capturer
Gbagbo en vie", selon une source gouvernementale française.
En début de matinée, des tirs à l`arme lourde avaient débuté près de la
résidence, dans le quartier chic de Cocody (nord) et du palais, au Plateau
(centre), au lendemain d`une journée d`intenses mais infructueuses
tractations, au cours desquelles M. Gbagbo a refusé de jeter l`éponge.
Ces derniers jours, la télévision de M. Ouattara diffusait des extraits du
film "La chute" retraçant les derniers instants d`Adolf Hitler, avant son
suicide dans un bunker de Berlin, assiégé par les troupes soviétiques.
"Moi, je ne suis pas un kamikaze, j`aime la vie", a affirmé M. Gbagbo mardi
à un journaliste français. "Ma voix n`est pas une voix de martyr, je ne
cherche pas la mort mais si la mort arrive, elle arrive".
L`assaut lancé par les combattants pro-Ouattara "est une tentative
d`assassinat du président Gbagbo", a affirmé le porte-parole de son
gouvernement, Ahoua Don Mello, accusant la force française Licorne d`avoir
fourni "un appui aérien et terrestre".
Licorne a démenti toute participation à cette attaque, assurant qu`elle
poursuivait ses opérations d`assistance aux ressortissants étrangers.
Le pape Benoît XVI a lancé un appel "à toutes les parties en cause" en Côte
d`Ivoire, ainsi qu`en Libye, pour "engager un travail de pacification et de
dialogue et éviter de nouvelles effusions de sang".
Depuis le scrutin présidentiel du 28 novembre, qui a plongé le pays le plus
riche de l`Afrique de l`Ouest francophone dans une quasi-guerre civile,
Laurent Gbagbo n`a jamais reconnu la victoire de son rival Alassane Ouattara,
au terme d`un processus électoral pourtant certifié par l`ONU.
Son régime s`est écroulé, les chefs de son armée ont appelé au
cessez-le-feu, les frappes de l`ONU et de la France ont détruit une grande
partie de son armemement lourd, de nombreux fidèles ont fait défection, mais
il a obstinément refusé de signer sa démission.
Devant cette ultime résistance, "les Forces républicaines de Côte d`Ivoire
(FRCI, pro-Ouattara) ont décidé de régler le problème de Laurent Gbagbo. On va
à la résidence le chercher pour mettre fin à cette comédie. Et on ira partout
où il y a des poches de résistance", a ajouté M. Konaté.
Outre la résidence, les derniers partisans de M. Gbagbo contrôlent le
palais présidentiel et le camp militaire d`Agban, le plus important du pays,
près duquel étaient entendues aussi des fortes détonations, selon un
journaliste de l`AFP.
"Il faut que la comédie cesse car le pays s`écroule", a conclu le
responsable des forces de M. Ouattara.
Le chef d`état-major des armées françaises, l`amiral Edouard Guillaud,
avait affirmé un peu plus tôt que le départ de M. Gbagbo était probablement
"une question d`heures", assurant qu`il avait failli "démissionner" à deux
reprises depuis vendredi.
"J`espère que la persuasion va finir par l`emporter et qu`on évitera de
reprendre des opérations militaires", avait averti le ministre français des
Affaires étrangères, Alain Juppé, en dénonçant un "entêtement absurde".
"Gbagbo n`a désormais plus aucune perspective, tout le monde l`a lâché",
a-t-il dit.
A Abidjan, les habitants traumatisés par les récents combats restent terrés
chez eux. Les rues quasiment désertes étaient abandonnées aux pillards, l`eau
et l`électricité sont coupées dans certains quartiers, les provisions de
nourriture s`amenuisent.
Les affrontements à l`arme lourde dans divers quartiers d`Abidjan ont fait,
selon l`ONU, des dizaines de morts et la situation humanitaire est devenue
"absolument dramatique", la plupart des hôpitaux ne fonctionnent plus et quand
les ambulances sortent, elles se font tirer dessus.
Le bilan des morts pourrait toutefois être beaucoup plus lourd, les équipes
de secours n`ayant pas pu sillonner la métropole ivoirienne en raison de la
grande insécurité qui y règne.

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