lundi 11 avril 2011 par AFP

ABIDJAN - Les forces d'Alassane Ouattara ont tenté lundi matin de repasser à l'offensive contre les bastions de son rival Laurent Gbagbo à Abidjan après des frappes massives de la France et de l'ONU vers des positions du président ivoirien sortant.
Des combats au sol, à l'arme lourde et légère, ont opposé pendant une heure
et demi les forces de M. Ouattara, reconnu président par la communauté
internationale, dans le quartier de la résidence de M. Gbagbo, a rapporté à
l'AFP un habitant.
"Ca tire à l'arme lourde et on entend des rafales d'arme automatique",
a-t-il déclaré vers 06H30. "Ca s'est terminé vers 08H00 (locales et GMT)",
a-t-il ensuite ajouté.
Selon cet habitant, les combats n'avaient pas lieu dans les environs
immédiats de la résidence, mais dans une zone comprise entre la télévision
d'Etat RTI et l'Ecole de gendarmerie, deux autres fiefs du chef de l'Etat
sortant, également situés dans le quartier de Cocody, dans le nord de la
métropole.
De fortes détonations ont aussi été signalées par plusieurs habitants dans
le quartier du Plateau (centre), qui abrite le palais présidentiel. "On est
enfermés", a déclaré une résidente.
De dimanche peu avant 17H00 jusqu'au coeur de la nuit, la mission onusienne
Onuci et la force française Licorne ont tiré des missiles vers ces deux sites,
alors que M. Gbagbo, retranché dans sa résidence, refuse toujours de se rendre.
Le camp Gbagbo, dont les forces avaient réussi ces derniers jours à
regagner du terrain à Abidjan, a accusé la France, ancienne puissance
coloniale, de n'avoir pas d'autre objectif que d'"assassiner" le président
sortant.
Le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino, a répondu lundi que
la participation de la France aux frappes était destinée à "essayer de faire
en sorte que nous ne nous retrouvions pas confrontés à un bain de sang à
Abidjan".
"La France n'a pas pour mission de chasser Laurent Gbagbo militairement", a
déclaré M. Guaino sur la chaine de télévision France 2.
L'ONU a expliqué de son coté qu'il s'agissait de "neutraliser les armes
lourdes" du camp Gbagbo pour protéger les civils, alors que les combattants
d'Alassane Ouattara n'ont pas réussi depuis une dizaine de jours à réduire ces
bastions du camp adverse.
Lundi matin, Paris a justifié les tirs en disant être intervenu à la
demande expresse de l'ONU.
"Conformément à la résolution 1975 et en accord avec le président Ouattara,
le secrétaire général des Nations unies (Ban Ki-moon) a demandé au président
de la République (Nicolas Sarkozy) la poursuite de la participation des forces
françaises aux opérations menées par l'Onuci pour neutraliser les armes
lourdes utilisées contre la population civile", indique un communiqué de la
présidence.
"Au cours des derniers jours, la population civile, le personnel de l'ONU
et les missions diplomatiques étrangères ont continué à être la cible
d'attaques à l'arme lourde et d'exactions dans plusieurs quartiers de
l'agglomération d'Abidjan. La situation humanitaire dans ces quartiers est
alarmante", a fait valoir la présidence.
Elle cite notamment l'"attaque directe des forces de M. Laurent Gbagbo"
contre l'Hôtel du Golf, abritant le président Ouattara, qui est placé sous la
protection de l'ONU.
Les combats ont mis Abidjan, capitale économique dont la population est
évaluée à quatre millions d'habitants, au bord d'une catastrophe humanitaire.
"Nous avons de très vastes mouvements de population d'un quartier à l'autre
car aucun quartier n'est vraiment sécurisé", a déclaré le coordonnateur
humanitaire entre les agences de l'ONU et des ONG, Ndolamb Ngokwey, contacté
au téléphone depuis Paris.
"Beaucoup de personnes m'ont raconté qu'il y avait beaucoup de cadavres qui
jonchaient les rues, et pas seulement dans le quartier des ambassades", a-t-il
dit.

Par Evelyne AKA et Thomas MORFIN

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