mercredi 20 avril 2011 par AFP

Les forces du président ivoirien Alassane
Ouattara ont tenté mercredi à Abidjan de réduire le dernier bastion de
miliciens favorables à l`ex-chef d`Etat Laurent Gbagbo, provoquant un exode
d`habitants apeurés.
Tôt dans la matinée, les Forces républicaines de Côte d`Ivoire (FRCI) ont
lancé une offensive dans le quartier de Yopougon (ouest), bordé au sud et à
l`est par la lagune et fief historique de M. Gbagbo: dans certains secteurs
opèrent encore des miliciens qui refusent de déposer les armes.
"Depuis 04H00 (locales et GMT), on entend des tirs d`arme lourde, de fortes
détonations", a déclaré à l`AFP par téléphone un résident du secteur baptisé
"Koweït", dans le sud du quartier.
Quelques fortes détonations ont encore été entendues dans la matinée, et
des panaches de fumée noire montaient du quartier, a constaté un journaliste
de l`AFP.
"Un soldat des FRCI nous a dit qu`ils sont venus déloger les miliciens
libériens pro-Gbagbo qui sont encore cachés dans certains coins de Yopougon",
a indiqué un autre habitant.
"Les tirs se sont arrêtés en fin de matinée", les FRCI ont tiré depuis
l`extérieur de la zone mais "ne sont pas entrées", a affirmé une habitante à
l`AFP, jointe par téléphone dans l`après-midi.
Depuis l`arrestation de M. Gbagbo le 11 avril, les FRCI ont progressivement
pris le contrôle de la capitale économique, à l`exception de parties de
Yopougon, où nombre d`habitants vivent terrés chez eux, "la peur au ventre",
selon l`un d`eux, quand d`autres préfèrent fuir.
Mercredi, chargés de baluchons, de valises et de matériel de cuisine,
plusieurs centaines d`entre eux ont fui les zones concernées, utilisant des
pirogues pour traverser la lagune et rejoindre les quartiers de Treichville
(sud) et du Plateau (centre).
Sur la rive opposée, les FRCI contrôlaient l`identité des arrivants.
Des jeunes étaient séparés des adultes, et certains conduits vers un poste
de police proche. Un père a raconté que ses deux fils avaient été arrêtés par
les FRCI.
Dans un communiqué publié mardi soir, le gouvernement avait pointé
"l`activisme persistant de quelques poches de résistance de miliciens et
mercenaires, notamment dans certains secteurs de la commune de Yopougon", et
lancé un nouvel appel à déposer les armes, "sans crainte de représailles".
Des négociations engagées ces derniers jours entre les autorités et les
derniers miliciens actifs, souhaitant rendre les armes en échange d`une
"protection", n`ont pas abouti pour l`heure, selon le ministère de la Défense.
Certains chefs miliciens ont pourtant fait allégeance au nouveau pouvoir
ces derniers jours, comme Eugène Djué.
Dans la zone industrielle de Yopougon, l`insécurité empêche la reprise de
l`activité.
"La situation est très compliquée. Nos employés habitent dans le secteur
sud, ils ne peuvent pas sortir de chez eux", a déclaré à l`AFP un chef
d`entreprise sous couvert d`anonymat.
Or, la reprise de l`activité économique est une priorité pour le nouveau
pouvoir, avec la remise en marche de l`Etat. Depuis lundi, des fonctionnaires
ont très timidement repris le chemin des bureaux, montrant les limites de la
"normalisation" promise par le gouvernement.
Mercredi, le Premier ministre kényan Raila Odinga, ancien médiateur dans la
crise ivoirienne, a suggéré que M. Gbagbo -placé en résidence surveillée dans
le nord du pays- puisse choisir l`exil et qu`il soit amnistié. "M. Ouattara
devrait être magnanime dans la victoire et le laisser partir".

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