mercredi 20 avril 2011 par Nord-Sud

Dona Fologo a reconnu que Gbagbo a commis quelques erreurs. Il a également ajouté qu'il est disposé à aider Alassane Ouattara.

Vous avez soutenu Laurent Gbagbo jusqu'au bout. Aujourd'hui, vous vous ralliez à Alassane Ouattara. Pourquoi ?
Le mot rallié n'est pas très exact. Le président Houphouet-Boigny nous a enseigné que la politique est la saine appréciation des réalités bonnes ou mauvaises. Aujourd'hui, je suis tout à fait disposé avec le président Ouattara pour la réconciliation nationale. Ce n'est donc pas un ralliement. C'est un soutien au président. Je reconnais le président Ouattara comme le président de la République de Côte d'Ivoire parce qu'aujourd'hui la réalité c'est celle-là.

Le 4 décembre dernier, jour de l'investiture de Laurent Gbagbo au palais, vous étiez au premier rang et vous applaudissiez. Est-ce que vous regrettez aujourd'hui ?
Je voudrais éviter la polémique de regrets ou pas. J'ai cru en Gbagbo. L'histoire retiendra que c'est un grand combattant pour la démocratie. Laurent Gbagbo se battait pour le multipartisme quand j'étais au parti unique avec le président Houphouet-Boigny. Nous lui devons le multipartisme, la démocratie moderne avec la commission électorale indépendante. J'ai cru en lui, c'est vrai, mais je dis que la réalité des faits en a décidé autrement. Et je suis disposé à apporter ma modeste contribution à Alassane Ouattara pour le temps qui me reste à vivre.

Vous prétendez avoir cru en Gbagbo mais dès le 4 décembre 2010 toute la communauté internationale reconnaissait la victoire d'Alassane Ouattara. N'avez-vous pas été traversé par le doute à ce moment-là ?
Non. Je ne voudrais pas revenir à cette polémique à savoir qui a tort, qui a raison. Qui a vraiment gagné etc. Je regarde l'avenir. C'est pourquoi je suis allé présenter mes respects au président Alassane Ouattara.

Que lui avez-vous dit ?
Je lui ai dit qu'en tant que sage de la République, je suis disposé à apporter notre contribution dans le combat pour le pardon et la réconciliation.

Et le 10 mars quand l'Union Africaine a reconnu la victoire d'Alassane Ouattara, n'avez-vous pas commencé à vous poser quelques questions ?
Ni la CEDEAO, ni l'Union Africaine, ni la communauté internationale ne m'avaient nécessairement convaincu. Je ne vous ferai pas de dessin mais je suis triste de constater que 50 ans après les indépendances, les Africains en soient encore à ce stade-là. Et je crains qu'ils y restent pendant longtemps encore. La réalité est qu'aujourd'hui lorsque les grands pays décident d'une chose dans ce bas- monde, c'est elle qui doit s'appliquer.

Vous dénoncez l'intervention de la France et de l'ONU dans la bataille d'Abidjan mais Laurent Gbagbo ne leur a-t-il pas donné le bâton pour se faire battre le jour où il a fait bombarder un marché d'Abobo à l'arme lourde ?
C'est possible qu'on ait fait des erreurs. Je ne suis pas pour l'utilisation des armes lourdes. Je ne suis pas pour le fait qu'on ait fait bombarder un marché. Je suis un disciple d'Houphouet-Boigny qui n'aimait pas la guerre, qui n'aimait pas les armes.

Savez-vous ce que disent beaucoup d'Ivoiriens sur vous ? Il a toujours été du côté du manche avec Houphouet-Boigny, avec Bédié, avec Guéi, avec Gbagbo
Oui. Je sais. Certains de mes amis m'ont donné le sobriquet de Taleran ivoirien. Je les accepte volontiers. J'ai dit publiquement que quel que soit le président de la République de Côte d'Ivoire, je suis prêt à l'aider à réussir sa mission.

N'y a-t-il pas en Côte d'Ivoire un certain nombre d'hommes politiques (dont vous-même ) dont les choix sont guidés par la volonté d'occuper les bons postes ?
Non. Je ne cours pas derrière les postes. Lorsque je suis allé voir le président Alassane Ouattara au Golf hôtel, je lui ai dit que j'entendais répondre à l'appel qu'il a lancé au pardon et à la réconciliation. C'est indispensable pour que la Côte d'Ivoire se relève. Je ne lui ai pas demandé de poste.

Propos recueillis sur RFI par G.F.Y.


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