jeudi 21 avril 2011 par Le Patriote

Le président de l'Assemblée nationale a été reçu hier, pendant cinquante minutes par le président de la République, SEM Alassane Ouattara, au Golf Hôtel, en présence du Garde des Sceaux, Ministre de la Justice, Ahoussou Jeannot. A sa sortie d'audience, le Pr Mamadou Koulibaly s'est confié à la presse. Nous vous proposons l'intégralité de sa déclaration.
J'étais à Acra et j'ai reçu un appel du président Ouattara qui souhaitait s'entretenir avec moi. J'avais aussi un certain nombre de choses à discuter avec lui. Je suis arrivé hier et ce matin je sors d'une audience avec lui, au cours de laquelle nous avons parlé de plusieurs sujets. Je lui ai fait part des préoccupations des députés qui aimeraient bien qu'en tout début de mandat, nous puissions nous inscrire dans la légalité constitutionnelle. Les ordonnances qui sont prises actuellement doivent avoir l'autorisation de l'assemblée nationale et d'une régularisation. Le président a donné son accord pour cette autorisation.
Les députés ont suggéré que l'on puisse entrer dans l'application de la constitution sur tous les problèmes de l'Etat de droit, du respect des libertés individuelles. Le président de la République m'a dit qu'il était conscient de la question. Il a promis prendre des dispositions pour qu'il en soit ainsi. Au nom des députés, je lui ai signalé des problèmes d'insécurité. L'assemblée nationale ayant été pillée. Mon domicile à Abidjan ainsi que celui d'Azaguié ont été pillés. Ma famille est menacée. C'est valable pour tous les députés. Nous avons trouvé un cadavre en état de putréfaction au sein de l'assemblée nationale. Tous les bureaux sont cassés et pillés. Les députés se demandent dans quelles mesures ils pourraient avoir la sécurité. Ils se sont déjà inquiétés de la situation auprès des ministres concernés. Mais rien n'avait été encore fait. Le président a donné des instructions pour que rapidement l'Assemblée nationale soit sécurisée. Depuis le pillage, il y a des gens qui passent pour ramasser ce qui est resté. Nous avons parlé de l'Etat de droit pour expliquer qu'il est important qu'en début de mandat, conformément aux v?ux de l'Union africaine, que le président puisse avoir une prestation de serment de façon régulière. Il a donné son accord. Je crois savoir que le président du Conseil constitutionnel est en route d'Accra pour Abidjan. Il doit probablement arriver demain (aujourd'hui). Le président m'a dit qu'une cérémonie sera organisée pour rester conforme au v?u de l'Union africaine. Je lui ai dit que par rapport à la sécurité, de nombreux militants du FPI, de LMP, des pro-Gbagbo, étaient très inquiets. Ils étaient dénoncés, indexés comme si être militant de ce mouvement était une tare. Qu'ils se cachaient et se sentaient brimés, qu'ils ont fui. Il y en a qui sont au Ghana, au Togo, au Bénin. Il est bien qu'on aille vers une détente et que ces militants se sentent en sécurité dans leur quartier. Je lui ai signalé les cas de plusieurs familles Bété qui disent nous sommes poursuivis dans les quartiers simplement parce que nous sommes Bété . L'ethnie n'est pas un défaut. Si on peut reprocher des choses au FPI ou à Gbagbo Laurent, ce n'est pas aux Bété qu'il faut le faire payer. Si nous entrons dans ce jeu, jamais nous n'aurons de réconciliation ou de paix. J'en ai profité pour lui dire que l'Assemblée nationale faisait sa séance solennelle d'ouverture le mercredi 27 avril 2011. J'en ai profité pour lui dire que compte tenu de la méfiance, de l'absence de l'Etat, que ce serait peut-être bien qu'il parle aux Ivoiriens, mais non pas à travers une interview classique. Mais que la Tribune de l'Assemblée nationale pourrait être une tribune à partir de laquelle il dira aux Ivoiriens où il va, avec qui, dans quelle condition de sécurité, de réconciliation. Le Président m'a dit qu'il donnait son accord et qu'il se préparerait pour le mercredi le 27 avril pour s'adresser aux Ivoiriens ; Si dans les quartiers les gens arrêtaient de se bagarrer et que ceux qui ont les armes arrêtaient de menacer ceux qu'i n'en n'ont pas, si ceux qui sont RHDP arrêtaient de faire peur à ceux qui sont LMP, si les responsables locaux du PDCI ou du RDR arrêtent de faire peur aux responsables locaux du FPI, peut-être nous aurions une chance extraordinaire de reconstruire ce pays. Mais si jamais certains pensent que l'arrivée de Ouattara au pouvoir, c'est le pouvoir aux Dioula, le pouvoir aux Nordistes et qu'ils peuvent faire ce qu'ils veulent, alors c'est le chaos promis, jamais il n'y aura de réconciliation, de paix. Nous sommes loin du fond du puits. Mais il y a pire que ce qui est arrivé. Il faut voir ce qui est arrivé à Haïti, à la Somalie. Il faut tout faire pour éviter le pire.
Ibrahima B. Kamagaté


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