jeudi 21 avril 2011 par L'Inter

En Côte d`Ivoire, le secteur de l`éducation et de la formation est fortement sinistré. C`est un secret de polichinelle, l`école ivoirienne est à l`agonie. Elle est même dans un coma profond. L`école ivoirienne a perdu son lustre d`antan et se meurt chaque année un peu plus, dans l`indifférence totale des gouvernants qui se succèdent à la tête du pays depuis plus de 20 ans. Comment sauver cette école ivoirienne qui a vu sortir de ses entrailles, de grands intellectuels, scientifiques, hommes politiques ivoiriens et africains? Peut-on encore sauver cette école qui a perdu le nord et qui n`a plus de repère? Depuis deux décennies, elle a connu des fortunes diverses, afin d'être ``ressuscitée``. Le système de double vacation, l`école gratuite, la réduction et la suppression de certains congés scolaires, l`organisation de deux sessions d`examens de fin d`année (une pour la zone sud et l`autre pour les zones Cno), la lutte contre la fraude et la tricherie, le changement de système d`enseignement, l`introduction du système LMD dans le supérieur, le redécoupage de l`année académique en deux semestres dans le secondaire...Tout a été mis en oeuvre pour tenter de remettre cette école ivoirienne sur les rails et la sauver ainsi d`une mort certaine. Mais rien n`y fit, car l`école ivoirienne ne s'est jamais aussi mal portée. Il ne pouvait en être autrement puisque les réels problèmes demeurent. En effet, comment peut-on sauver l`école ivoirienne quand les étudiants sont entassés dans des amphithéâtres? Comment peut-on la sauver quand les effectifs d`élèves dans des classes d'établissements secondaires publics avoisinent ou franchissent la barre de 100? Comment peut-on sauver l`école quand la tricherie, la fraude, la violence, le système des MST (Moyennes sexuellement transmissibles) sont érigés en mode de fonctionnement? Comment peut-on sauver l`école quand les grèves intempestives et des perturbations de tous ordres prennent le pas sur les cours? Cette année académique 2010-2011 (comme bien d`autres années antérieures) n`aura été encore une autre que de nom. De fait, les cours ont été constamment perturbés depuis l`ouverture de la campagne électorale jusqu`à l`éclatement de la crise post-électorale. Ceux des enseignants qui ne se reconnaissaient pas en Laurent Gbagbo ont choisi de déposer la craie. L`on a eu droit, dès lors, à une école à double vitesse avec les classes fermées en zone Cno pendant que les élèves dans la zone gouvernementale recevaient des cours en demi-teinte. Depuis le mois de mars, la tendance est à l`inverse. L`école a repris ses droits en zone Cno depuis le 28 mars pendant qu`elle reste fermée à Abidjan et dans d`autres villes de l`intérieur (ex-zone gouvernementale). Dans la foulée, plusieurs milliers d`élèves, d`enseignants et d`étudiants fuyant des affrontements entre les forces pro-Gbagbo et pro-Ouattara sont disséminés un peu partout dans le pays. Certains ont même trouvé refuge dans les pays voisins. Comme ont le voit, la question de l`école est tout aussi délicate que complexe. C`est donc à un travail titanesque que les nouvelles autorités du pays devront s`adonner afin de sauver l`école ivoirienne d`une année blanche. Cela passe par la réouverture effective des écoles et des universités en ex-zone gouvernementale telle que prévue pour le mardi 26 avril prochain et l`harmonisation des programmes scolaires entre le nord et le sud du pays. La réouverture des classes risque cependant de buter sur une difficulté. Comment peut-on en effet parler de reprise des cours quand on sait que les universités, notamment Abobo-Adjamé et Cocody ont été entièrement pillées et détruites lors des derniers évènements survenus dans le pays? Que deviennent les étudiants dont les résidences universitaires ont été incendiées? Que fait-on pour les élèves du primaire et du secondaire qui ont trouvé refuge dans les pays voisins, pour se mettre à l`abri des combats? Doit-on sauver l`année scolaire qui n`en est pas une en réalité, en sacrifiant ces milliers d`élèves qui sont étrangers à cette situation de crise politique, juste pour échapper à une année blanche? Tous les regards sont tournés vers le gouvernement.

Franck SOUHONE


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