samedi 23 avril 2011 par Le Nouveau Réveil

Pascal Affi N'guessan, Mamadou Koulibaly, puis Yao-Ndré Paul, les premières déclarations des ex-collaborateurs de Laurent Gbagbo divisent et continuent de susciter des interrogations sur les intentions réelles des personnalités de l'ancien régime. Ont-ils conscience de leur part de responsabilité dans la crise actuelle ? Pourquoi ne trouve-t-on aucune trace de regret ni de compassion dans leurs propos ? Pourquoi font-ils preuve parfois d'autant d'arrogance alors qu'ils sont tous acteurs actifs ou passifs de la crise qui secoue la Côte d'Ivoire ?
Pour se rendre à l'audience que lui a accordée le Président de la République mercredi dernier, le Pr Mamadou Koulibaly était juste habillé d'un pantalon jeans kaki et d'une chemise manche longue blanche. Une tenue non conforme aux civilités et usages républicains qui a choqué plus d'un Ivoiriens. Ces derniers trouvent inapproprié et indécent que le Président d'une Institution comme l'Assemblée nationale à qui l'on affrète un avion spécial pour le ramener à Abidjan afin de répondre à une audience avec la première autorité de l'Etat puisse venir à ce rendez-vous dans cette tenue. Sur le fond, le Pr Mamadou Koulibaly est allé crier la misère et désarroi de ses camarades de parti au Président de la République. Légitime complainte, pourrait-on dire. Ils sont traqués, indexés, pourchassés, tués, leurs biens sont saccagés, détruits. C'est la chasse aux sorcières contre les Bété et les militants du Fpi. Et le Président de l'Assemblée de se fendre en donneur de leçons, de mettre en garde contre le pire si ces pratiques continuaient, car pour lui, ils n'ont pas encore flirté avec le vrai chaos. Qu'il a raison le professeur !
Nous sommes d'accord pour dire qu'il faut arrêter cette violence, qu'il faut arrêter d'indexer les Bété, qu'il faut éviter de faire payer aux militants du Fpi les fautes de M. Gbagbo. Mais il ne faut pas oublier que depuis le 28 novembre 2010, le bourreau des Ivoiriens s'appelle Laurent Gbagbo. Réfugié au Ghana, mais suivant de très près les activités vécues par les Ivoiriens, Koulibaly a dû entendre et peut-être voir les massacres des femmes d'Abobo, la pluie d'obus qui se déversait sur les habitants de cette commune et qui les surprenait soit dans leur lit, au marché ou dans la rue. Mamadou Koulibaly a certainement entendu parler des enlèvements, des exécutions sommaires, de pillages des maisons des cadres du Rhdp sous l'?il vigilant des ex-Fds.
Pourquoi le président de l'Assemblée nationale, No 2 de l'Etat, n'est-il pas venu voir Gbagbo pour lui dire d'arrêter de tuer ses concitoyens ? Pourquoi s'est-il tu jusqu'à sa chute ? Ceux qui mouraient depuis 4 mois n'étaient-ils pas des Ivoiriens comme ceux qu'on indexerait aujourd'hui ? Quand Koulibaly n'est pas d'accord, il dit non (on se souvient de son conflit avec Désiré Tagro), pourquoi a-t-il assisté yeux et bouche fermés à ce drame ? La mort et la torture infligées à ces Ivoiriens étaient-elles tolérables ? Pourquoi ?
Le Fpi manifestement refuse d'assurer ses propres crimes, il tente d'opérer un détournement de responsabilité, un déni de responsabilité. C'est comme si l'on voulait nous faire admettre que rien n'a été fait avant le 11 avril et que Gbagbo et ses hommes n'ont commis aucune faute. Or ce qui est arrivé, tout le monde en sait la cause. Et en pareille circonstance, il faut avoir le profil bas, faire preuve d'humilité au lieu d'heurter les susceptibilités en essayant de peindre les autres comme des bourreaux et en se désignant comme des anges. Il est aussi trop facile de dire "tout le monde est responsable" pour se couvrir. Le 28 novembre, les Ivoiriens sont allés voter tranquillement. Tout ce qui nous avons vécu ne serait pas arrivé s'il n'est pas arrivé à l'idée à un homme de vouloir braquer les résultats du vote avec des complices. La Communauté internationale est intervenue et a usé de tout son poids pour éviter la guerre, mais l'intransigeance de Gbagbo a rendu inéluctable l'option militaire.

Le Fpi, la paix et
la réconciliation
On en vient alors à s'interroger sur les intentions du Fpi et de ses cadres. Sont-ils vraiment favorables à la paix et à la réconciliation ou préparent-ils discrètement autre chose ?
Car, il ne faut pas s'y méprendre, la capacité de nuisance du Fpi demeure encore grande. Ils disposent des ressources humaine, naturelles et financières encore importantes. Ils ont toujours "leurs hommes" dans l'armée. Jusqu'à ce jour, ils n'ont pas encore fait de déclaration solennelle d'allégeance. Ils parlent de brimade, de cessation de violence dont ils font l'objet sans adopter le ton du changement et leur volonté de tourner la page.
Akwaba Saint Clair


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