samedi 23 avril 2011 par Le Patriote

L'accession douloureuse de M. Alassane Dramane OUTTARA à la magistrature suprême de la Côte d'Ivoire suscite indéniablement beaucoup d'espoir tant au plan national qu'au plan international. Assurément, c'est un espoir pour tous ceux et toutes celles qui sont porteurs de valeurs car nul n'ignore que la crise vécu par notre pays au-delà de l'aspect identitaire est aussi une crise de valeurs. Le président Alassane OUTTARA doit s'atteler à mettre ses valeurs qui ont fait défaut pendant la décennie écoulée, au goût du jour.
Les premières valeurs sont celles du travail. Il est constant comme résultant du comportement des Ivoiriens que ceux-ci ne travaillent plus. Les cinq jours ouvrables sont réduits à la portion congrue du mardi, mercredi et jeudi. Sur les 40heures de travail de la semaine à peine 20heures sont consacrées réellement au travail. L'administration est gangrenée par des médiocres. Les promotions dans l'administration ne répondent plus aux critères de compétences.
Les valeurs de probité, d'éthique et d'intégrité doivent être au c?ur de la politique des nouveaux dirigeants. En effet, ces dernières années ont vu émerger la promotion des contre valeurs. Des jeunes qui ont passé leur temps à tricher pour avoir des diplômes sont présentés comme des modèles pour toute une génération. Des individus en l'espace de quelques années passées au gouvernement sont devenus des multimilliardaires sans qu'on ne sache l'origine de leur fortune. Des personnes de moralité douteuses et sans parcours, sortent du néant pour se voir attribuer de juteux marchés. L'enrichissement sans cause et l'enrichissement illicite sont les choses les mieux partagées. Les ministres de tout bord, les directeurs centraux de toutes les chapelles s'adonnent à un affairisme sans pareil.
La Côte d'Ivoire est l'un des rares pays au monde où un fonctionnaire dont les revenus mensuels n'excédant pas 500 000 fcfa, peut se permettre de rouler dans de grosses cylindrés de 15 voire 17 chevaux avec une consommation énergétique de 15 000 voire 20 000/jour. Là où dans les pays développés, les X5, X6 où autres Porche Cayenne et Infinity appartiennent à des hommes d'affaires, des opérateurs économiques ou des stars du monde du sport, de la musique ou du cinéma, en Côte d'Ivoire, ce sont des fonctionnaires qui pilotent ces bolides.
Les opérateurs économiques ont pour premiers concurrents les fonctionnaires de l'administration publique. Du directeur aux simples secrétaires, tout le monde s'érige en fournisseur. Les marchés publics sont passés en violation de toutes les règles en la matière. La corruption et la cupidité des Ivoiriens ont atteint des niveaux insoupçonnés. La signature de l'autorité n'a plus une grande valeur. Une même portion de terre peut appartenir à plusieurs personnes dont chacun dispose du même titre foncier avec le même sceau de l'Etat et la signature de la même autorité. Les décisions de justice se marchandent, le temple du Thémis est devenu un grand centre des affaires, le pauvre n'a jamais raison. Le tribunal du travail donne toujours raison aux employeurs malhonnêtes et véreux.
Les valeurs de patriotisme ont été dévoyées et galvaudées. Le respect de la hiérarchie et des symboles de l'Etat n'ont plus aucun sens. Les chaînes de commandement aussi bien civiles que militaires étaient multiples et multiformes. La présidence de la république avait un gouvernement bis qui luttait les compétences avec les ministères. L'Etat major des armées avait des commandements parallèles. Bref, l'Etat avait cessé d'exister.
La violence s'est érigée en mode de gouvernement. Les assassinats de la FESCI ne se comptaient plus. Les crimes économiques depuis les indépendances n'ont jamais été aussi importants que sous le défunt régime. L'argent du Café et du Cacao a été détourné de façon exponentielle. Seul un petit groupe de délinquants à col blanc avait voix au chapitre du pétrole. Les revenus du pétrole ont servi à enrichir les affidés du régime et à acheter les armes qui ont servi à tuer des milliers d'Ivoiriens. Les biens de la Côte d' Ivoire à l'extérieur ont été bradés et vendus à vil prix.
L'impunité était la reine des valeurs. La dépravation des m?urs n'a jamais été à un niveau aussi élevé. Les espaces de vente d'alcools et de bruits assourdissants appelés maquis ont poussé comme des champignons. Les résidences universitaires sont devenues de véritables nids de prostitution. Des quartiers de maitresses ont surgi à Abidjan. Les fumoirs de drogués sont désormais présents dans toute la capitale. Les bars climatisés et les clubs privés de dépravation des m?urs foisonnent. Nos enfants ne sont plus en sécurité à cause des pédophiles de tout acabit qui règnent en maître. Les policiers et autres forces de l'ordre qui sont censés assurer notre sécurité se sont érigés en chef de gang et en coupeurs de route. Les lieux de cultes sont profanés à longueur de journée. Les bureaux de notre administration sont transformés en hôtels de passe entre midi et deux. Nos enfants de 15 à 16 ans sont détournés par des cadres vicieux.
Voici autant de défis qui attendent les nouvelles autorités. Mais qu'on ne s'y trompe pas, ces défis ne pourront être relevés, et la Côte d'Ivoire ne pourra gagner la bataille des valeurs que si le président Ouattara s'entoure d'hommes qui sont eux-mêmes porteurs de valeurs à l'image de lui-même.
Bonne chance à la cote d'Ivoire
moctarayan@yahoo.fr
Administrateur des services financiers


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