samedi 23 avril 2011 par Le Patriote

Ce n'est pas l'individu qui importe dans un pays. Mais plutôt les institutions. Nous sommes tous responsables. Le président actuel, le président parti, Gbagbo, les citoyens, les médias tout le monde est responsable. C'est la réponse qu'a donné Paul Yao N'Dré aux journalistes qui lui ont tendu le micro à sa sortie d'audience avec le chef de l'Etat, jeudi dernier au Golf hôtel. Une réponse qui, incontestablement, a dû laisser bien des Ivoiriens sans voix. Une réponse qui s'inscrit dans la droite ligne de celle de son devancier de la veille dans ce même hôtel, Mamadou Koulibaly.
Pour le président du Conseil constitutionnel en effet, le beau gâchis orchestré ces derniers temps, ne peut en aucun cas être imputé à la seule refondation. A plus forte raison à sa modeste personne. Le président Yao N'Dré ne reconnaît pas sa responsabilité dans la tragédie postélectorale de laquelle les Ivoiriens sont en train de sortir peu à peu. Pour lui, le drame ivoirien incombe à tous les habitants de ce pays. Et il est convaincu qu'il faut en rechercher les responsables à tous les niveaux de notre société. C'est à croire que la nouvelle Côte d'Ivoire qui essaie de se mettre en place sous l'impulsion du Président Alassane Ouattara doit s'accommoder de la moquerie de ceux qui ont délibérément causé sa perte. C'est à croire qu'au nom de la réconciliation nationale prônée par le chef de l'Etat, la majorité des Ivoiriens doivent regarder des bourreaux se rire des victimes. Car en adoptant une telle posture, celui que Laurent Gbagbo appelle Pablo oublie une chose. C'est par lui qu'est arrivé le malheur. Et que dit la Bible à ce sujet : L'on ne peut certes éviter le scandale. Mais malheur à celui par qui arrive le scandale ! Paul Yao N'Dré, aujourd'hui, tente de faire croire aux Ivoiriens qu'il n'est pas le seul à être condamné dans la tragédie que vient de traverser la Côte d'Ivoire. Ce qui n'est pas du tout vrai. Le président du Conseil constitutionnel avait une occasion de faire de graver en lettre d'or son nom dans les annales de l'histoire de la Côte d'Ivoire. Il avait également la possibilité d'épargner aux Ivoiriens les événements douloureux qu'ils viennent de vivre. En tout simplement validant les résultats proclamés par le président du Conseil constitutionnel. Résultats que tout le monde en Côte d'Ivoire, même lui, savait pertinemment qu'ils reflétaient le verdict des urnes. Au lieu de s'en tenir au choix du peuple, le président du Conseil constitutionnel a préféré faire plaisir à son ami Laurent Gbagbo qui l'a nommé à ce poste. Paul Yao N'Dré a préféré plutôt servi un individu que le peuple de Côte d'Ivoire dont il a pourtant juré de défendre les intérêts à sa prise de fonction. Plus grave, le président du Conseil constitutionnel a pris sur lui-même, de non seulement inverser le verdict des urnes en annulant le vote dans 13 régions. Mais surtout de déclarer Laurent Gbagbo vainqueur de l'élection présidentielle. En totale contradiction avec les dispositions constitutionnelles dont il est censé garantir le respect. Si Paul Yao N'Dré avait appliqué la loi, il n'y aurait pas eu tous ces morts, tous ces disparus, tous ces estropiés, toutes ces veuves et tous ces orphelins. Il n'y aurait pas eu tous ces pillages, ces maisons détruites et incendiées. Bref, il n'y aurait pas eu ce chaos dont la Côte d'Ivoire a dû mal encore à s'en sortir. Il est vrai que les responsabilités sont partagés dans le drame que vient de vivre les habitants de la Côte d'Ivoire. Mais la responsabilité du président du Conseil constitutionnel est largement entamée dans cette crise postélectorale. Son attitude a été des plus nuisibles dans cette affaire. Tout le monde est unanime que s'il avait seulement voulu être un juge impartial, on n'en serait pas là. C'est d'ailleurs ce manque de courage que lui a reproché le groupe des Experts de l'Union africaine lors de son passage en février dernier à Abidjan. Pourquoi avez-vous fait annuler le vote au nord et ne l'avez-vous pas également fait à l'ouest où il y a également eu des violences ? Pourquoi n'avez-vous pas appliqué l'article 64 du code électoral qui vous recommande soit de valider ou d'annuler tout le scrutin si vous estimez que sa sincérité était entamée ? A ces questions pertinentes, le président du Conseil constitutionnel n' pas pu donner des réponses satisfaisantes. Mieux, il est reste sans voix sous le feu roulant des Experts de l'Union africaine. Aujourd'hui, à l'heure du bilan, Paul Yao N'Dré a donc intérêt à observer le profil bas et à reconnaître humblement qu'il a été celui par qui le scandale est arrivé. En toute responsabilité. Car si le pouvoir se délègue, la responsabilité, elle, ne se délègue jamais. A lui donc d'assumer entièrement le beau gâchis qu'il a créé, au lieu de se chercher des co-auteurs.
Jean-Claude Coulibaly


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