vendredi 29 avril 2011 par Le Patriote

Venant d'Abobo centre, nous sommes au carrefour ?'Agripac'', à l'entrée du quartier PK 18. Il est 11H 35 minutes, ce jeudi 28 avril 2011. Ce quartier qui, la veille seulement, connaissait de violents affrontements entre les soldats des Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI) et les hommes du commandant Ibrahim Coulibaly alias ?'IB''. Une bataille qui s'est soldée par la mort de celui qui s'était présenté comme le père du fameux commando invisible.
A Abobo-PK 18, le premier constat fait par notre équipe de reportage est que la vie a repris son cours comme si de rien n'était. Les véhicules de transport, communément appelés ?'Gbakas'' chargent et circulent normalement. Ce, avec une circulation devenue plutôt fluide grâce au démantèlement des nombreux barrages qui avaient été dressés, ça et là, par les hommes d'IB. Avançant un peu plus loin, vers le petit marché de PK 18, l'ambiance est la même. Vendeuses et clientes de légumes se bousculent. Nous devons traverser ce brouhaha à notre gauche, pour nous rendre à la cité ?'Coccinelle''. C'est au sein de cette cité qu'Ibrahim Coulibaly et ses hommes avaient établi leur quartier général, depuis bientôt deux mois. En franchissant l'entrée de la cité, nous croisons un corbillard venu ramasser deux corps qui gisaient encore dans les environs. Et contrairement à l'ambiance générale affichée à Abobo-PK 18, la cité ?'Coccinelle'' est presque déserte et plongée dans la désolation totale. Cet endroit, anciennement tenu d'une main de fer par Ibrahim Coulibaly et ses combattants, a été pillé de fond en comble. Toutes les maisons, sans exception, ont reçu la visite de ceux qu'il convient d'appeler les charognards . Véhicules, meubles, appareils électroménagers,tous a été emportés. La cité a été mise à sac. Il ne reste plus rien. Même une aiguille n'a pas été laissée , affirme une dame les yeux remplis de larme. Elle vient juste de constater les dégâts causés dans sa maison. Mêmes les ustensiles de cuisine n'ont pas échappé à la furia des pillards. Pour M. Koné, habitant de la cité, les pilleurs n'avaient qu'une idée dans la tête. Les populations disaient que les hommes d'IB avaient pillé des biens à travers la ville d'Abidjan qu'ils auraient placé dans des maisons qu'ils occupaient de force dans la cité. Une fois IB tombé, ces populations ont donc envahi la cité pour ramasser tout ce qui se trouvait dans les maison , regrette notre interlocuteur, qui dit également avoir tout perdu. Dans la maison qui était occupée par le commandant Ibrahim Coulibaly lui-même, une villa duplex appartenant à un particulier, rien n'a également été laissé. Les meubles, tableaux et même les portraits du véritable maître des lieux et ceux de la famille ont été emportés. Pour les quelques rares habitants encore présents dans la cité, la fin aussi tragique qu'a connu IB était prévisible. Plusieurs fois, des vieux du quartier, au nom des populations, se sont réunis pour aller le voir, afin qu'il dépose les armes et prenne langue avec les autorités. Il répondait oui , mais restait toujours campé sur sa position , déplore M. Coulibaly, habitant de PK 18. Selon lui, la dernière rencontre en date est celle du mercredi 20 avril dernier. Ce jour-là, quand les sages du quartier sont allés le voir, prétextant un coup de fil, il s'est levé en pleine discussion. Les laissant ainsi poiroter là jusqu'à ce qu'ils se lèvent pour quitter sa résidence , confie notre informateur.
Après PK18, nous mettons le cap sur le quartier Ancienne Gendarmerie , situé juste après l'usine ?'Unicafé''. C'est là qu'Ibrahim Coulibaly aurait été tué au cours des combats. A ce niveau, nous remarquons la présence de nombreux soldats FRCI. Avec un air très sérieux, ils disent procéder à une opération de ratissage, afin de sécuriser définitivement la zone d'Abobo-Anyama.
Quand nous quittions les lieux, aux environs de 14H, l'ambiance de reprise des activités était toujours la même, aussi bien Abobo-PK 18 qu'à Anyama.
Diawara Samou


www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023