vendredi 29 avril 2011 par Nord-Sud

Le chef du Commando invisible, Ibrahim Coulibaly (dit "IB"), a été tué lors d'un assaut des FRCI sur le quartier d'Abobo. Le président de la République Alassane Ouattara avait menacé de désarmer ledit commando par la force s'il ne déposait pas rapidement les armes. Après sa mort, nous avons rendu visite aux habitants de PK18, cité Coccinelle où se cachait le sergent-chef IB. Notre reportage.

Hier, 8 h30 nous arrivons à Abobo PK 18. Nous demandons à un soldat où se trouve la cité qui abritait Coulibaly Ibrahim. On nous indique la voie qui amène à Anyama non loin du terminus du bus 76. Nous empruntons un chemin non bitumé traversant le marché et le passage à niveau des rails pour tomber directement sur le quartier. Les habitants regroupés par petits groupes parlent de l'attaque du mercredi. Notre voiture de reportage est signalée par un habitant, Tiédé Jean-Marie. Après des échanges entre nous et notre interlocuteur, il nous conduit dans la cité où se trouvait la résidence du chef du commando invisible . A l'entrée de ladite cité, la désolation, la peur et la tristesse se lisent sur le visage des résidents. Au portail de couleur marron se trouvaient des sacs de sable derrière lesquels étaient postés les éléments de la garde rapprochée d'IB. Ceux-ci filtraient les mouvements et veillaient à la sécurité de leur chef. A la place des soldats, des jeunes du quartier sont postés à l'entrée principale. Ces derniers nous ouvrent la route et notre voiture avance à l'intérieur de la cité. Sur instruction de notre guide, nous nous arrêtons devant un duplex. Les résidents viennent nous envahir pour nous expliquer leur calvaire. Le propriétaire de la villa Bessekon Bessekon est un militaire marin de teint noir. C'est un homme meurtri. Depuis le 25 février avec des tirs à gauche comme à droite j'ai quitté le quartier. La maison a été occupée par des hommes en armes. Je suis resté au service avec une chemise et un pantalon. C'est aujourd'hui que je viens faire le constat. Il est amer. Je viens de constater que tout a été emporté. J'ai fait l'achat d'équipement de ma maison d'une valeur de 10 millions Fcfa depuis la Chine. L'équipement est arrivé dans un contenaire de vingt pieds. Ce monsieur (Coulibaly Ibrahim, ndlr) occupait ma maison sans mon avis. Je ne sais pas comment il s'y est introduit. Il a choisi ma maison comme sa résidence. Dès son départ, je n'étais pas là des badauds ont pillé ma résidence. Rien n'appartenait à ce IB. Tout m'appartenait. Tout a été dérobé. Vous constatez avec moi que tout est à refaire. Je n'ai pas une natte pour me coucher. Les compteurs de Sodeci et de Cie sont partis. Mes locataires qui sont derrière ont été volés , a confié M. Bessekon avant de nous faire visiter la résidence composée de dix-sept pièces dont deux grands salons et des dépendances. Je compte retourner chez moi. Mais je n'ai pas les moyens pour rééquiper. Je risque de dormir dans l'obscurité. Je demande aux autorités de m'aider parce que je n'ai plus rien , s'est-il lamenté. Nous pénétrons dans les pièces en compagnie du propriétaire des lieux. C'est le désordre total. Les occupants ont oublié des documents dont la liste de prisonniers où figure le nom du chef milicien Maguy le Tocard . Les prisonniers étaient rançonnés avant de recouvrer la liberté. Des documents faisant aussi l'état de l'armement. Au deuxième niveau où se trouvait la chambre d'IB nous avons trouvé des canaris de fétiche, des gris-gris et des vêtements de femme et plusieurs treillis de sapeurs-pompiers militaires.
Les autres résidences de la cité ont connu le même sort que celui de Bessékon Bessékon. Ces maisons ont été occupées par les lieutenants d'IB. A savoir, le capitaine Aka Méyo et le colonel Bauer. Ils ont respectivement pris possession des maisons de Diby Kra Clément et du pasteur N'Guessan Kouassi Kouamé. Selon Clément, les occupants ont pillé leurs domiciles. Nous avons tout perdu. Ils ont illégalement occupé nos maisons. Après leur départ, les badauds ont volé le reste de nos biens. Vous savez la cité est composée de militaires, de policiers. Afin d'avoir accès à votre maison ils disent être à la recherche d'armes à feu. Ils vous délogent et s'installent , a expliqué M. Diby. Le major Kouadio Konan Bernard, marin et ami de Bessékon affirme qu'il a subi les mêmes pillages que ses voisins. Sidibé Issiaka habite non loin de la cité. Sa maison a essuyé plusieurs tirs de roquettes et de kalachnikovs lors des combats entre le commando invisible et les forces républicaines de Côte d'Ivoire(Frci). Les combats ont duré de 9h à 15h. Dès le matin, nous avons entendu des tirs d'armes automatiques. J'ai vu les élements du sergent-chef IB quitter la cité pour prendre des positions avancées à partir de certains domiciles. Nous sommes entrés et nous avons fermé le portail. Nous avons entendu des armes lourdes retentir. Des roquettes ont perforé les murs. Nous avons eu la vie sauve grâce à Dieu. Vers 15h, nous avons entendu un grand cri des habitants. Nous avons appris que le quartier a été libéré par les Frci. Des résidents jubilaient , a conclu Sidibé Issiaka. Lorsque nous quittons la cité vers 10h, les Frci se déployaient autour de la cité Coccinelle.

Bahi K.


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