mercredi 4 mai 2011 par Le Patriote

A l'occasion de la journée internationale de la liberté de la presse, les médias ivoiriens ont fait une déclaration que nous vous proposons.
La Côte d'Ivoire et les autres pays du monde réfléchissent à partir d'aujourd'hui 3 mai 2011, sur le sujet suivant : Les médias au XXIème siècle : nouvelles frontières, nouveaux obstacles , thème international de la Journée mondiale 2011 de la liberté de la presse.
Venant trois semaines après la fin de la crise armée en Côte d'Ivoire, ce 3 mai 2011, journée mondiale de la liberté de la presse, nous donne l'occasion de jeter un regard critique sur le paysage médiatique national.
Comme ils le font chaque année depuis avril 2004, les médias s'interrogent sur la disparition du journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer, et condamnent la lenteur dans les enquêtes.
Depuis l'année dernière, nous, organisations professionnelles et instance de régulation et d'autorégulation des médias, avons déploré et condamné les lourdes amendes infligées à certains éditeurs, les suspensions de certains titres, les interdictions de distribution de certains journaux, les suspensions de chaînes de radios nationales et internationales, les suspensions de chaînes de télévisions internationales, les emprisonnements de journalistes dans un pays qui a pourtant supprimé la peine privative de liberté depuis 2004.
Depuis le 3 mai 2011, les organisations professionnelles des médias, les partenaires au développement, de même que le ministère de la Communication, ont multiplié les séminaires et produit des guides du professionnel de la communication dans la perspective de la présidentielle qu'ils ont, du reste, très bien couverts pour les uns, passablement pour les autres.
Puis, le contentieux postélectoral s'est mué en crise et en conflit armé.
Cette guerre n'a pas fait que transformer les médias en officines de propagande. La guerre n'a pas fait que réduire au silence, en définitive, les médias qui ont pourtant mission de rendre compte de l'actualité, minute après minute, heure après heure, jour après jour. Les journaux ont cessé de paraître. Les radios et les télévisions ont cessé d'émettre. Les rédactions en ligne ont été déconnectées. Il y a eu exactions, enlèvement et même mort d'hommes.
C'est le lieu de saluer la mémoire des victimes de cette crise et d'apporter notre compassion aux familles éplorées.
La guerre est entrée dans les entreprises, les vandales et pilleurs l'ont suivie. Ils ont pris et arraché tout ce qu'ils pouvaient emporter. Ils ont saccagé les installations. Ils ont parfois mis le feu aux bâtiments. L'unique société de distribution de la presse nationale et internationale, Edipress, est réduite en cendres. La RTI a subi les foudres de la guerre.
Rien n'a été oublié, rien n'a été épargné, toutes les entreprises et certaines organisations professionnelles ont été fouillées, de fond en comble.
Si les bicyclettes des gardiens des entreprises de presse n'ont pas été épargnées, que dire des motos et des voitures ! Quand elles n'ont pas été incendiées, elles ont été emportées. Les entreprises ont été mises en état de tout recommencer.
Si certains d'entre elles se débattent pour renaître et tenter d'évaluer le préjudice subi, d'autres sont loin de constater les dégâts. Les équipes sont disloquées. Trois semaines après la fin de la guerre, et évoquant la question de la sécurité et des moyens de déplacements, certains agents hésitent à reprendre le chemin de leurs entreprises.
Reflet de la vie quotidienne qui reprend progressivement ses droits après cette longue période de crise, les médias sont de nouveau attendus sur tous les chantiers, au nom du droit du public à l'information de proximité et à l'information, tout court ;
Aussi, les organisations professionnelles et les institutions de régulations et d'autorégulation des médias voudraient-elles s'associer aux efforts de normalisation de la vie quotidienne engagés par le président de la République et le gouvernement, et lancer un appel dans cinq directions.
- Au journaliste, le collectif demande de faire son INTROSPECTION.
Loin d'être un exercice banal de circonstance, cette introspection doit être perçue comme la première pierre de la fondation Réconciliation avec les auditeurs et les internautes, avec les lecteurs et les téléspectateurs, avec notre métier et le public, avec l'Etat et les institutions républicaines. Il lui demande de faire preuve de professionnalisme en tout lieu et en toute circonstance. Il lui demande de respecter l'éthique et la déontologie du journalisme.
- Au promoteur de médias, le collectif demande de se résoudre à asseoir un nouvel environnement éditorial et une nouvelle éthique de vie dans les rédactions et par les rédactions. La sécurité sur le lieu du travail doit être inscrite en bonne place dans le cahier des priorités
- Au public, le collectif demande de faire appel à son esprit de tolérance et de pardon vis-à-vis des médias et de leurs animateurs, toutes sensibilités éditoriales confondues. Que personne ne veuille se rendre justice.
- Au Premier ministre, chef du gouvernement, le collectif demande de veiller au respect par toutes et par tous de l'appel du Chef de l'Etat à la réconciliation des populations de Côte d'Ivoire et à la sécurisation du cadre de travail et de vie des professionnels de la communication
- Au Président de la République, le collectif demande de veiller au libre exercice du journalisme par toutes les sensibilités éditoriales sur toute l'étendue du territoire national. Dans le cadre de la reconstruction annoncée, le collectif souhaite que le plan d'urgence envisagé dans certains secteurs soit élargi aux médias, en vue de leur permettre de négocier aux exigences en matière d'information d'une société post crise.

Fait à Abidjan, le 3 mai 2011
Ont signée, les organisations professionnelles et Instances de négociation et d'autorégulation des médias :
Ont signé
Eugène Dié Kacou, Président du Conseil National de la Presse (CNP)
Lévy Niamkey, Président du Conseil National de la Communication audiovisuelle (CNCA)
Kébé Yacouba, Président du Fonds de soutien et de développement de la presse (FSDP)
Alfred Dan Moussa, Président de Union Internationale de la Presse Francophone (UPF), section Côte d'Ivoire
Dénis Kah Zion, Président du Gouvernement des Editeurs de Presse de Côte d'Ivoire (GEPCI)
Samba Koné, Président du Réseau des Instances Africaines d'Autorégulation des Médias (RIAAM)
Maméry Camara, Président de l'Union Nationale des Journalistes de Côte d'Ivoire (UNJCI)
Barthélemy Kouamé, Président du Réseau des Professionnels de la Presse en Ligne de Côte d'Ivoire (REPPRELCI)
Guillaume Gbato, Secrétaire général du Syndicat National des Agents de la Presse Privée de Côte d'Ivoire (SYNAPPCI).
Charles Sanga, Secrétaire Général de l'Observatoire de la Liberté de la Presse de l'Ethique et de la Déontologie (OLPED).
Karamoko Bamba, Président de l'Union des Radios de Proximité de Côte d'Ivoire (URPCI)
Brou Aka Pascal, Président de l'Organisation des Journalistes Professionnels de Côte d'Ivoire (OJPCI)


www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023