samedi 7 mai 2011 par Nord-Sud

Contrairement à leurs collègues d'Abidjan plus heureux, une bonne partie des fonctionnaires de Gagnoa n'a toujours pas encore perçu son salaire à cause des problèmes de connexion. Conséquence, la reprise administrative et économique reste affectée.

Décidément, le paiement des salaires des fonctionnaires et agents de l'Etat de Côte d'Ivoire traîne en longueur. Débuté la semaine dernière, elle se poursuit encore cette semaine avec toujours les mêmes affluences devant les banques et des fortunes diverses pour les clients de différentes banques commerciales. Dans une même banque, si certains clients sont heureux de toucher deux mois de paye après des moments de disette, d'autres par contre restent amers devant le contenu de leurs enveloppes. Les prélèvements effectués sur les soldes en sont les raisons. Mes engagements avec la banque sont nombreux. Cela s'élève à une centaine de mille. Si on me prélève trois fois cette somme, il ne me restera pas grand-chose, s'inquiète Adon Sylvain, client de la Sgbci.

Des fortunes diverses

Selon lui, il s'attendait à cette situation au point qu'il n'a pas été ébranlé lorsque son gérant lui a présenté la position de son compte bancaire. C'est tout le contraire pour dame K.T. Elle est tombée à la renverse dans les locaux de la banque lorsqu'elle a réalisé que la valeur de son avoir était insignifiante. La plus grande partie de sa solde ayant servi à honorer ses engagements vis-à-vis de la banque. De façon générale, les fonctionnaires se plaignent de ces prélèvements. Pour eux, compte tenu de la situation particulière du pays, les banquiers devaient trouver un moyen moins drastique pour effectuer ces prélèvements. Par exemple, rééchelonner le montant à prélever sur une certaine période, cela en accord avec le client. Mais, la brutalité avec laquelle la ponction a été faite, ressemble fort bien à une paire de gifles. Ceux des fonctionnaires qui constituent la clientèle de la Bicici ne sont pas mieux lotis. Pourtant, ces clients avaient nourri le secret espoir que ce mardi 3 mai, ils titilleront des billets flambant-neufs entre leurs doigts. Hélas, ils se sont heurtés à la grande porte métallique de la boîte. Signe que l'établissement financier n'a pas de finance à leur donner. Les banquiers attribuent ces défaillances aux problèmes récurrents de réseaux qui perturbent fortement le fonctionnement des établissements bancaires. Désorientés, de nombreux fonctionnaires fuient la cité du Fromager pour se rendre à Abidjan afin de pouvoir toucher leurs salaires. Quant à la Biao, elle a ouvert certes ses guichets aux travailleurs mais, ceux-ci ont attendu des heures sans qu'un seul fonctionnaire ne soit payé. Las d'attendre vainement, plusieurs d'entre eux ont regagné leurs domiciles. Les plus courageux qui ont attendu, ont eu finalement gain de cause. Le guichet automatique comme par enchantement s'est mis à fonctionner. Ceux qui étaient présents en ce moment-là ont pu se servir. Dans l'ensemble, il faut reconnaître que depuis le premier jour de paye jusqu'à aujourd'hui, un nombre important de fonctionnaires n'a pu avoir satisfaction à cause de certaines difficultés qui font que les paiements ne sont pas effectifs pour la plupart. Des dysfonctionnements qui impactent malheureusement les activités administratives avec un taux d'absentéisme en hausse.

Incidence sur le travail

Le gros lot de fonctionnaires se recrute dans le secteur éducatif. Avec la lenteur observée dans les paiements, il va s'en dire que les détenteurs du savoir seront de plus en plus absents des salles de classe. Ce mardi 3 mai, la plupart des élèves du primaire et du secondaire n'ont pas eu cours, faute d'enseignants. Leurs maîtres faisant encore le pied de grue devant les banques. Interrogés sur les absences en classe, ils vous répondent en anglais : no money no job traduisez sans argent, pas de travail. Plus les banques tardent à payer les enseignants, plus les élèves resteront hors des classes. Plus les banques tardent à payer les autres fonctionnaires de l'Etat, plus les bureaux de l'administration resteront vides. Avec pour conséquence une insuffisance de rendement dans le système éducatif et dans l'administration publique. D'ailleurs, certains opérateurs économiques qui veulent se faire établir des documents administratifs dans l'optique de redémarrer leurs activités, ils éprouvent des difficultés du fait de cette situation d'inactivité provoquée par le paiement de salaires. Nous comprenons les difficultés des fonctionnaires qui ont passé deux mois sans salaires dans une situation de crise. Mais, il appartient aux banques de trouver très rapidement des solutions à leurs problèmes techniques. Les opérateurs économiques que nous sommes, avons perdu beaucoup de temps avec le conflit armé post-électoral. Donc, nous voulons contribuer à notre niveau à la reprise économique comme l'a annoncé le chef de l'Etat, Alassane Ouattara, fait remarquer C. T., un chef d'entreprise.

Alain kpapo à Gagnoa

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