samedi 28 mai 2011 par Le Nouveau Réveil

Cela faisait plus de quatre mois que l'on ne pouvait s'aventurer dans les environs du camp commando d'Abobo. L'endroit était redouté par la population à cause du climat de terreur qui régnait dans la commune d'Abobo. Cette circonscription avait été déclarée zone rouge par les tenants du régime sortant. Après la capture de l'ancien président Laurent Gbagbo le 11 avril, notre équipe de reportage a fait une incursion dans cette caserne. Mieux, elle a fait une percée au c?ur de "Bagdad" jusqu'au quartier Pk18.

Un camp qui grouille de monde

Il est 9h ce mercredi 4 mai 2011. Nous sommes à l'entrée principale du camp commando avec le commandant Konaté Mamadou, à la tête de 1600 hommes. Souvent armés, arborant, bien évidemment, un ensemble militaire ils font des va-et-vient. A l'intérieur du camp, les Frci, par groupuscules, échangent entre elles. Juste à côté, plusieurs véhicules banalisés, des cargos et un char sont stationnés. Derrière ce décor, la présence de femmes civiles nous interpelle. " Nous commençons notre tâche à 5h30 pour finir à 18h30 avant d'aller chez nous. Nous sommes sept femmes volontaires qui préparons chaque jour pour ces milliers de soldats. Au regard de leur effectif pléthorique, les repas sont insuffisants " explique leur chef d'équipe, Abiba Doumbia. Les gendarmes, principaux locataires du camp, en désertant, ont laissé leur infirmerie. Aujourd'hui, les Frci du camp commando d'Abobo en ont fait leur centre de santé. Il est tenu par Fofana Sory, un sergent de la police. " Il faut avouer qu'il y a un déficit criard de médicaments surtout les produits de première nécessité. Avec la politique de gratuité des médicaments, nous lançons un appel afin que nous puissions en obtenir. Le commandant Konaté Mamadou se bat pour nous comme il peut. Il faut donc appuyer son action ", a noté le surveillant d'unité de soin du camp commando d'Abobo.

La bataille de Pk18 ou la fin du Sergent-chef Ib

Tout a commencé le 16 décembre 2010 dans les encablures du carrefour de N'dotré. Ce jour-là, selon le Commandant Konaté Mamadou, les militants du Rhdp voulaient répondre à l'appel du Premier ministre, Soro Guillaume, pour l'installation du nouveau Directeur général de la Radio télévision ivoirienne (Rti). " Les marcheurs aux mains nues venaient d'Anyama rejoindre ceux d'Abobo. Arrivés à quelques mètres du carrefour de N'dotré, ils ont essuyé maints coups de kalach. Or il y avait deux snipers embusqués sur un immeuble R+4. C'était la débandade. Face à la détermination des militants, les snipers ont été débusqués et brûlés vifs en face de leur cachette. Pendant que nous étions au quartier "Bois sec" de Pk18, deux combattants et moi avions réussi à mettre en déroute des miliciens et mercenaires. A la suite de cette opération, nous avons pu acquérir nos premières armes qui étaient deux kalach, avec les soldats pro-Gbagbo ", a démontré le chef du camp commando d'Abobo. Après ces précisions, la visite s'est poursuivie. Chemin faisant, des impacts d'obus sont aperçus sur des maisons montrant les effets de la bataille à Pk18. Une habitation criblée de balles est visible en bordure de route. Elle avait enregistré huit personnes tuées sur le champ. Le cap est mis sur la maison où le sergent-chef Ibrahim Coulibaly avait fait des otages. Le bâtiment est au ¾ endommagé par des tirs de lance-roquettes. A l'intérieur des pièces persiste encore l'odeur de sang des hommes d'Ib tués. Notre guide nous indique que le corps de l'ex-putschiste a été retrouvé à côté du portail de son refuge. A Abobo secteur "Bois sec", une villa abandonnée d'un chef milicien nous frappe à l'?il. Puis un vaste espace parsemé de grands arbres réputé être l'aire d'entraînement des tueurs à la solde du patron de Lmp. Toujours à "Bois sec", le quartier général de fortune de Konaté est resté intact. Nous y sommes accueillis par Léon Diabaté, le maître des lieux. C'est après avoir délogé les hommes d'Ib que le commandant Konaté Mamadou a pris fonction au camp commando d'Abobo où il a environ 1600 hommes sous son commandement. Il est aidé dans sa tâche par le commandant de Pk18, Hamed Konaté, le commandant Mohamed Traoré, le lieutenant Vassouleymane Diomandé et Doumbia Vazoumana, son conseiller.

Foumséké Coulibaly
Photo : Patricia Ziahé

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