mercredi 1 juin 2011 par Nord-Sud

L'affaire fait grand bruit au sein de la maison bleue. Kétia Francis, chauffeur à la radio télévision ivoirienne(Rti), est accusé du vol de quatre véhicules de service dont deux de type 4x4. Sur instruction du directeur général de la Rti, Brou Aka Pascal, il a été arrêté lundi dernier puis écroué au violon du 11ème arrondissement de police à Williamsville(Adjamé). Une enquête est ouverte, indique le commissaire de police intérimaire Diabaté Zana. Mais comment en est-on arrivé là ?

Nous sommes le 4 avril dernier à la résidence du défunt ministre de l'Intérieur, Désiré Tagro. Soit une semaine avant la capture de l'ancien président de la République, Laurent Gbagbo. Les combats entre les Frci et les soldats fidèles à Gbgabo font rage. Le signal hertzien de la Rti est coupé. C'est ainsi que le domicile de Tagro, non loin de la résidence de son mentor, est transformé en régie par les hommes de l'ex-directeur général de la Rti, Brou Amessan. Un véhicule mobile de retransmission était stationné à l'intérieur de la cour où habitait feu Désiré Tagro. Le domicile est proche d'un détachement de la garde républicaine, dirigée alors par le général Dogbo Blé. Celui-ci est actuellement prisonnier à la compagnie territoriale de Korhogo. Moi, j'ai été chargé de transporter le personnel et le matériel informatique. C'est ce que je faisais jusqu'au vendredi 9 avril. Le véhcule mobile de retransmission se trouvait chez le ministre Tagro, soutient Francis à son corps défendant.

Des cameramen

et des journalistes

transformés en miliciens
Selon lui, il avait reçu des instructions du directeur des moyens généraux, M. Akessé, pour transporter, en plus du matériel logistique, des journalistes. (Il ne nous a pas livré de noms, ndlr). Francis précise que deux jours avant la capture de l'ex-chef de l'Etat (vendredi 9 avril, ndlr), l'intensification des frappes aériennes de l'Onuci et de la Force Licorne pour détruire les armes lourdes stockées à la résidence présidentielle, il était en compagnie du directeur des moyens généraux M. Akessé, du directeur technique et du directeur de la 1ère chaîne, Félicien Koffi. Nos vies étaient sérieusement menacées. Donc, nous nous sommes mis à l'abri. J'ai conduit les trois responsables à leurs domiciles. Puis je suis rentré avec le véhicule à la maison. Les autres voitures sont restées sur place chez le ministre Tagro, se convainc-il sans toutefois nier le fait qu'il a fait déplacer les quatre véhicules en question pour, dit-il, les protéger des frappes. Avant de quitter le domicile, j'ai caché les voitures à l'arrière-cour. Mais il y en a une de type 4x4 qui a été endommagée par les bombardements , déclare l'agent de la Rti. Pour lui, l'accusation de vol à son encontre n'est pas fondée. Dans la mesure où, se défend-il, les véhicules sont restés au domicile de l'ancien bras-droit de l'ex-président de la République. Moi, je n'ai pas pris de voitures. La résidence du ministre a été pillée. Donc, ce sont les pillards qui ont volé les voitures. Moi, je ne suis ni de près ni de loin mêlé à cette histoire , se persuade l'accusé derrière les verrous. Ce cas n'est pas isolé. Au plus fort des combats à Abidjan, d'autres agents de la Rti se sont illustrés de la pire des manières. Selon nos sources militaires et auprès de la maison bleue, Serge Bogué, cameraman à la Rti, a été arrêté par les Frci au front à la tête d'un groupe de miliciens, à la Cité rouge(Cocody). Une perquisition à son domicile a permis la saisie d'une vingtaine de caméras appartenant à la télévision nationale. Le cameraman est assigné à résidence à Bouna après son arrestation le 11 avril au domicile de Gbagbo. Des indiscrétions nous confient que Serge n'est pas à son premier fait. En stage en Afrique du sud, il y a quelques années, M. Bogué aurait été impliqué dans un cas de vol de matériels informatiques dans un studio d'une chaîne privée de télévision au pays de Nelson Mandela. D'autres sources bien crédibles précisent que lors des combats, certains agents combattant auprès des ex-Fds ont attaqué la régie financière. Ils auraient disparu avec le coffre-fort.

Ouattara Moussa


Le domicile de Tagro transformé en studio-télé

Dans sa cellule au 11ème arrondissement de police à Williamsville, Kétia Francis nous confie ceci : () C'est ce que je faisais jusqu'au vendredi 9 avril. Le véhicule mobile de retransmission se trouvait chez le ministre Tagro . Enfin les langues commencent à se délier. On n'en sait un peu plus sur la localisation du véhicule mobile de retransmission. Or donc, le défunt ministre de l'Intérieur du gouvernement factice d'Aké N' Gbo, Désiré Tagro, avait transformé sa résidence en studio-télé. Selon les explications de l'agent de la Rti accusé de vol de véhicules, après l'interruption du signal hertzien de la 1ère chaine, le directeur technique, le directeur des moyens généraux et celui de la 1ère ont décidé de délocaliser, sans la permission du directeur général Brou Aka Pascal, le studio à la résidence privée de Désiré Tagro. Une résidence située non loin d'une section du détachement de la garde républicaine postée à l'entrée du domicile présidentiel. C'est donc à partir de cette résidence que des messages incitant à la haine, à la révolte et aux crimes étaient diffusés. En plus de Kétia Francis et Serge Bogué, d'autres agents de la Rti ont été appréhendés. Le caméraman Germain Kanon Guézé et la stagiaire-journaliste Léonce Chantal Gnamien ont été arrêtés à la résidence puis placés en résidence surveillée à l'hôtel Pergola . Certains journalistes sentant le danger venir ont pris la clé des champs. Il s'agit notamment de l'ancien directeur général Brou Amessan Pierre, Herman Aboua, Claude Franck About et Yo Claude Armand.

Bahi K.

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