samedi 11 juin 2011 par Le Patriote

Première responsable du monde associatif au RDR, Mme Madiara Yao Coulibaly et son équipe ont joué un rôle déterminant dans la victoire du Président Alassane Dramane Ouattara. Après cette étape que reste t-il à faire ? Mme Madiara explique dans cette interview le rôle dévolu désormais aux ONG, associations et clubs de soutien.

Le Patriote : Le président de la République a été investi récemment à Yamoussoukro. Pour avoir été de tous les combats quel est votre sentiment aujourd'hui ?

Madiara Yao Coulibaly : Je voudrais dire que c'est l'aboutissement d'une longue lutte. Une longue et harassante lutte pour une cause, pour un homme, pour une vision. C'est l'occasion pour moi de remercier sincèrement et du fond du c?ur tous ces hommes, toutes ces femmes du monde associatif que j'ai eus à côtoyer depuis que j'ai été nommée à la tête de ce secrétariat national. Pour moi, le monde associatif du RDR est un monde à part, un monde particulier. Parce qu'il faut dire que le cas Alassane Ouattara est un cas spécial. Voilà quelqu'un qui n'était pas au pouvoir, mais qui a vu des gens créer des mouvements pour soutenir son action, pour soutenir sa citoyenneté, soutenir sa candidature. Habituellement, c'est quand les hommes sont au pouvoir que les gens s'agitent autour d'eux pour profiter d'eux. Toutes les foules qu'Alassane soulève à ses déplacements, ne sont pas constituées que de militants inscrits dans le fichier du RDR. Ce sont des sympathisants. Parmi ces sympathisants, qui sont en grand nombre, certains ont poussé un peu plus loin leur militantisme en créant des clubs de soutien, financés par eux-mêmes. Je voudrais leur rendre hommage. Eux qui n'ont pas hésité, un seul instant, à mettre la main à la poche pour financer leurs activités. Je voudrais avoir une pensée spéciale et pieuse pour les hommes et femmes du monde associatif qui ne sont plus de ce monde et qui n'ont pas eu l'occasion de voir l'aboutissement de leur lutte. Je pense à ceux qui ont subi des préjudices.

LP : Le Dr Alassane Ouattara est aujourd'hui au pouvoir, que devient le monde associatif ?

MYC : Ma feuille de route était de connaître l'étendue, la composition et les animateurs de tous ces clubs de soutien. Une fois cela fait, il fallait regrouper tout ce monde pour en faire un outil de conquête du pouvoir. Par notre action, nous avons réussi à asseoir quelque chose. A savoir, avoir un fichier national, avoir des hommes clé sur le terrain qui ont été aux côtés des structures du parti. Malgré les malentendus, les responsables du parti et les membres des ONG ont conjugué leurs efforts pour obtenir le résultat que nous avons aujourd'hui. Je pense qu'en ce qui concerne les clubs de soutien, la mission a été accomplie avec l'élection d'Alassane Dramane Ouattara. Il faudrait chercher à orienter les actions autrement. J'ai encouragé beaucoup de responsables d'ONG à rentrer dans les rangs du parti. Beaucoup l'on fait. J'ai orienté tous ceux qui, depuis l'élection du président sont venus vers moi, vers les différentes structures du parti. Le secrétariat national des ONG et du monde associatif a été créé pour atteindre un objectif. Nous avons travaillé, le président à gagner. C'est notre fierté. Les clubs de soutien doivent pouvoir s'adapter à la nouvelle donne.

LP : Après l'élection du président Ouattara, il y a d'autres clubs de soutien qui naissent. Que pensez-vous de ces nouveaux clubs de soutien ?

MYC : Par devoir, j'ai eu à donner mon numéro de téléphone lorsque j'ai été nommée à la tête du secrétariat national. Il ne se passe pas de jour sans que je ne reçoive d'appel de personnes qui m'informent de l'existence de leur club de soutien qui drainerait du monde et qui voudrait me rencontrer pour s'inscrire. A ces personnes, je dis que l'heure n'est plus à la création de clubs de soutien. Nous avons dépassé ce stade. De nouveaux clubs de soutien pour quoi ? Dans quel but ? Je les oriente plutôt vers les messages clés que le président de la République a lancés lors de la cérémonie d'investiture : travailler à la réconciliation, travailler à la construction du pays. Nous sommes à l'ère du mérite. Nous avons travaillé dans un contexte bien précis avec les clubs de soutien. C'était dans le cadre de la promotion d'un candidat et de ses idéaux. Maintenant, je ne vois plus beaucoup l'intérêt des clubs de soutien. A moins que ceux qui les créent maintenant aient d'autres idées derrière la tête. Je voudrais qu'on laisse le Président et son gouvernement travailler tranquillement. A ces sympathisants de la 25ème heure, je voudrais demander de penser à autre chose. Il faut aider le président en s'appropriant les messages de réconciliation qu'il lance.

LP : Peut-être ces derniers estiment que c'est le moment de se faire un peu de sous

MYC : Depuis ces dix dernières années, on a habitué les Ivoiriens à la facilité. Je pense que nous sommes dans une nouvelle Côte d'Ivoire. Il faut que tout le monde s'inscrive dans cette logique. Si leur intention est de gagner de l'argent ou avoir de la promotion sans avoir travaillé, je dis qu'ils se trompent d'époque et d'homme. Le Président Alassane Dramane Ouattara n'est plus le président d'un parti. Il est le Président de toute la Côte d'Ivoire et veut mettre tout le monde au travail. Il ne faut pas chercher à l'embrouiller. Vous me donnez l'occasion de faire ici une précision. Il faut faire la part des choses entre ceux qui ont travaillé des années durant pour amener un leader charismatique au pouvoir et ceux qui, à l'occasion de son accession au pouvoir, veulent se faire actuellement une place au soleil.

LP : Maintenant qu'il est question de réconcilier les Ivoiriens, que comptez-vous faire à votre niveau pour que cette réconciliation soit une réalité ?

MYC : Avant, je voudrais dire que ces cinq derniers mois ont été un gâchis. Aujourd'hui, encore je me demande si on a pu mesurer l'ampleur des dégâts en vies humaines, en matériel. La Côte d'Ivoire est sortie très meurtrie de cette crise. Si nous avons un homme à l'Etat de la trempe d'Alassane Ouattara qui prône la réconciliation, nous ne pouvons être que d'accord avec lui. Car dans tous les cas, les Ivoiriens sont condamnés à aller à la réconciliation. Mais, cette réconciliation ne doit pas se faire à la hâte. Moi qui suis une victime de cette crise, pour moi la réconciliation doit être la fin du processus. C'est un processus qui ne doit pas se déclencher sans la vérité. Il faut rendre justice à tous ceux qui ont subi quelque chose. Il faut ensuite qu'on reconnaisse qu'on est allé très loin et qu'aucun Ivoirien n'est au-dessus de l'autre. Aucune ethnie ne peut se prévaloir d'être plus ivoirienne qu'une autre. La Côte d'Ivoire est la terre de tous ses fils et filles. La crise postélectorale doit être une leçon pour chacun de nous. La réconciliation doit se faire dans la vérité, dans la justice. Il faut aussi que les uns et les autres fassent preuve d'humilité pour dire qu'ils sont allés loin.

Pour une élection, il y a un mandat qui dure cinq ans. Celui qui a été battu à le temps de revenir au pouvoir. On n'est pas obligé de détruire des vies. Il faut faire la lumière sur ce qui a poussé Laurent Gbagbo et ses hommes à opposer des Ivoiriens contre d'autres Ivoiriens.

Le 10 mars, dernier j'ai reçu la visite de jeunes que j'aidais dans mon quartier. Ces derniers ont pillé ma maison et ont essayé de me tuer. En tant que croyante j'ai accepté ce qui m'est arrivé. Mais, je ne peux pas oublier. Détruire toute une vie en moins de trois heures. Les images restent encore fortes. Le pardon sera difficile, mais c'est la voie par laquelle nous devons passer, même si les blessures sont très profondes.

Pour finir, je voudrais dire que c'est un sentiment de fièreté d'avoir combattu, d'avoir mené le bon combat qui m'anime en ce moment. Alassane Dramane Ouattara aujourd'hui Président de la République de Côte d'Ivoire, a été l'affaire de tous et de chacun d'entre nous. J'ai aussi un sentiment d'appréhension. Parce que le président de la République a désormais une lourde responsabilité. Aujourd'hui, on accuse Laurent Gbagbo d'être le responsable de tout ce qui est arrivé. Mais ce n'est pas lui qui a perpétré tous les crimes commis en son nom.

Tout ce que je souhaite à mon président Alassane Ouattara, c'est qu'il réussisse à mettre la Côte d'Ivoire au travail. Pour cela, je prie que Dieu lui donne la santé, la force physique et mentale pour mener à bien son programme de gouvernement.

Interview réalisée par
Jean-Claude Coulibaly

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